
Industrie
agricole.
nouveau, on iui coupe la tête d’environ un demi-pied, et on le transplante
dans un champ divisé par carrés , où il doit acquérir toute sa croissance.
A mesure que l’opération se finit dans chacun de ceux-ci, on s’empresse
d’y faire entrer l’eau, qu’on a soin de maintenir à 2 pouces au-dessous de
la hauteur qu’avoit la tête de la jeune plante quand on l’a eu replantée.
L’expérience prouve que, par cette triple manipulation, on obtient des
produits beaucoup plus avantageux qu’en suivant toute autre marche.
Pour le riz cultivé à sec, il faut qu’il soit semé en juillet, août et
septembre, à cause des pluies qui régnent alors et qui sont utiles à son
développement.
L incurie des habitans, et sans doute aussi les guerres opiniâtres qui
ont amené leur soumission définitive au gouvernement espagnol, ont
rendu difficile la naturalisation du maïs aux Mariannes, quoique le sol
lui convienne à merveille, introduit une dernière fois dans ces îles par le
gouverneur Tobias, il s’y est depuis passablement multiplié.
Cette graminée, dont la culture est bien moins pénible que celle du
r iz , n exige d autre attention que de purger le champ des piantes nuisibles
qui s y trouvent; on fait ensuite des trous en terre à des intervalles
et à une profondeur convenables ( i ), puis on met dans chaque trou cinq
graines, dont chacune donne ordinairement quatre épis. M. Lamarche
s’extasie, dans son journal, sur la beauté des tiges de maïs qu’il a rencontrées
dans ces îles. « J ’en ai vu un champ, dit cet habile officier,
dont la plupart avoient de i o à 15 pieds de hauteur , et des feuilles proportionnées
à cette dimension. »
Parmi les racines féculentes particulières à ces contrées , les unes
croissent naturellement sans culture ; telles sont le gapgap, les ignames
nika et dago, et les aroidcspapao et baba. Il suffit, en effet, de détruire
avec ie feu, ou par tout autre moyen, ies mauvaises herbes qui couvrent
une savanne, pour qu’il y croisse bientôt après, concurremment avec
beaucoup d’autres végétaux sauvages , une énorme quantité de racines
nutritives, et principalement du gapgap. Nulle part on ne s’avise ici de
semer cette dernière plante, qui toutefois est estimée; cependant ii n’est
( I ) L e mais n’ayant pas besoin d’une grande profondeur de terre végé ta le, on s’embarrasse
peu des racines d arbre q u i, après le défrichement, pourroient encore rester dans le sol.
LIVRE III. — D e T i m o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t . 407
pas rare que les habitans donnent des soins à celles de ces racines qui ont lie s Mariannes,
poussé spontanément dans leurs jardins. De toutes les racines nutritives
que i’on cultive aux Mariannes, les sianis ou choux caraïbes sont celles
qui méritent le plus d’attention, et celles aussi dont on s’occupe le plus ;
à beaucoup d’égards, leur culture ressemble à celle de ia pomme de
terre en France, c’est-à-dire, si j’ai bien compris, qu’avant de les semer
on les subdivise en fragmens contenant au moins un oeil chacun.
Pour faire en terre les trous qui doivent contenir ces germes , ies
anciens employoient le tanom , ou le dagao retourné sens-dessus-dessous ;
on préfère aujourd’hui le cubo, plus commode à raison de la pointe
en fer qui le termine. Que le terrain soit sec ou humide, ce seroit une
faute de ie piocher à l’avance; la plante rapporte bien davantage lorsque
la terre où le trou se trouve, a été au préalable fortement tassée. Loin
de pousser latéralement et en dessous comme les autres racines, le soni
se développe au contraire en dessus. Si on le sème en janvier, dans un
terrain marécageux , ce doit être à un pied de profondeur , car les pluies
étant finies à cette époque, la plante aura eu ie temps de pousser hors
de terre avant l’arrivée des nouvelles eaux, qui, sans ia noyer, l’em-
pêcheroient de grossir autant qu’elle le peut.
En avril, le trou ne doit pas avoir autant de profondeur; 4 pouces
suffisent, puisqu’il faut que ia végétation ait le temps d’arriver hors de
terre, et que les rejetons de soni se forment avant juin et juillet, où commence
la saison humide.
Lorsqu’on cultive le chou caraïbe dans un terrain sec, il convient que
les semis n’aient lieu qu’après les pluies d’hivernage, et que les trous
soient faits de 9 à i 2 pouces de profondeur.
Un champ de soni, préparé comme il vient d’être dit, dans un soi
marécageux, peut durer non-seulement autant que la vie d’un homme,
mais encore rapporter beaucoup plus que s’il eût été cultivé par l’autre
méthode, qui d’ailleurs a ie grave inconvénient d’exiger le renouvellement
annuel de la plantation. Dans le premier système , après avoir
arraché les racines qu’exigent ies besoins journaliers du cultivateur, il
suffit d’enlever les rejetons qui sortent de terre, et de purger le sol des
mauvaises herbes qu’il contient.