
D e l'homme
ensociété.
»
» habitans des autres îies cp’ils connoissent n’avoient pas une autre
» croyance, ils me répondirent que ce qu’iis m’avoient rapporté étoit cru
» de l’univers entier; que tout ce qui existe dépendoit de ces dieux, et
» que le monde finiroit quand il leur plairoit. Cette notice, ajoute ce
» respectable officier, contient ce que les naturels ont pu me donner de
» plus exact, et je la garantis, parce que je l’ai confrontée, sur les lieux
» mêmes, avec les rapports de divers vieillards. »
«< Les habitans des Carolines adorent trois divinités qu’ils font résider
dans le ciel , savoir , AlouhUap , Lougheling et Olifad; ils leur
donnent l’origine suivante :
» Iis croient que de toute éternité existe une déesse appelée Ligo-
poiip, et créatrice de l’univers. Eile mit au monde Alouhiiap , inventeur
de toutes les sciences et dispensateur de la gloire. Son fils est
Longheling, dont on ignore et la mère et la naissance. Lougheüng eut
deux femmes : l’une, Ilamoidong, habitante du ciel; l’autre, Tarïso,
simple mortelle, mais d’une rare beauté. Elle accoucha d’OIifad quatre
jours après ie commencement de sa grossesse. On dit que ce dernier,
aussitôt qu’il fut né, se mit à courir. On le suivit pour lui ôter le
sang dont il étoit encore couvert; mais il ne voulut être approché de
personne. Ii répondoit à ceux qui l’appeloient qu'il s’acquitteroit bien
de ce soin lui-même, et se frotta au tronc des cocotiers et des palmiers
qu’il trouva sur son chemin : de là, dit-on, la rougeur du tronc de ces
arbres. Ii se coupa de même le cordon ombilical à coups de dents,
prétendant qu’il se guériroit bien tout seul. Selon la coutume dans ces
contrées de faire boire aux nouveaux-nés du lait d’un jeune coco , sa mère
Tariso iui donna un de ces fruits. Obligé, pour boire, de lever les yeux,
ii vit dans le ciel son père Lougheüng qui l’appeioit ; il monta vers lui
ainsi que sa mère, et dès-iors Olifad et Tariso se séparèrent du monde.
» Olifad, en entrant dans le ciel, rencontra des enfans jouant avec
un requin qu’ils tenoient attaché par la queue ; et comme ce poisson
faisoit semblant d’être perclus, afin de ne pas être reconnu, ces enfans le dédaignèrent
(i). Le jeune dieu le ieur demanda; mais tous refusèrent,
( I ) D an s le Voyage de Kotzebue 1 1 1 de l’édition an g la ise ), le passage en italique se trouve
LIVRE III. — De T imor aux M ariannes in c lu s iv em en t . 10 9
excepté celui qui tenoit la corde. Olifad, après s’en être amusé quelques Ile s Ca roline s,
instans, le iui rendit, et iui dit de continuer à jouer sans craindre que D® l’homme
le poisson iui fit de mai; mais il venoit de maudire le requin, et cet
animai, dès-lors armé de ses terribles dents, mordit tous les enfans,
sauf ie seul qui avoit fait preuve de complaisance.
» C ’est ainsi que, sur sa route, il distribuoit ses malédictions pour de
semblables refus. Personne ne le connoissant avant quil fut arrivé près
de son père, qui le pouvoit seul connoître, on chercha les moyens de
le faire périr.
» Devant une grande maison encore en construction, Olifad demanda
un instrument pour couper ies feuiiies de cocotier destinées à
la toiture; on dédaigna sa demande : l’un des travailleurs céda cependant
à ses instances; sur-le-champ tous les autres furent changés
en statues.
» Lougheüng et Alouilap savoient qu’Oüfad se rendoit dans ie ciel.
Lorsqu’on leur apprit la métamorphose des travailleurs, iis demandèrent
à celui qui avoit conservé sa première forme s’il n’avoit rencontré personne
; il répondit qu’il n’avoit vu qu’un kandoura ( espèce d’oiseau sous
la figure duquel Olifad s’étoit changé). Ils lui ordonnèrent de i’appeier;
il obéit : mais ie kandoura s’effraya en entendant cette voix, et s’enfuit.
Lougheüng lui dit de l’appeler de nouveau, sans lui crier devenir, comme
il l’avoit fait, et de lui défendre d’approcher, parce que sa présence im-
portuneroit ies chefs. Le travailleur exécuta cet ordre , en recommandant
au kandoura de ne point entrer dans la maison des supérieurs, et de ne
point s’asseoir à leur place ; mais celui-ci fit tout de suite le contraire.
Dès qu’il fut assis, Lougheüng ordonna à l’un de ses gens d’alier chercher
les ouvriers changés en statues, lis arrivèrent tous, au grand
étonnement de ceux qui étoient présens, car il n’y avoit qu’Aiouilap et
Lougheüng qui sussent que cet enlant étoit Oüfad.
» On poursuivit la construction de ia maison; et iorsqu’ii fallut faire
des trous en terre pour planter les arigh.es (troncs d’arbres servant de
rapporté comme il suit, et provient de la meme source : « P our rester inconnu, il prétendit être
» lé p re u x ; les enfans en conséquence se tinrent éloignés et ne voulurent pas le toucher. O liiad
alors le leur d emanda; mais 6 :c. j>