
Iles Mariannes. Espagne devoient y être plus faciles qu’avec l’ile Luçon. Legaspi rejeta
Histoire. cet avis comme contraire aux ordres du roi, qui lui enjoignoient positi-
15 6 5 ( su ite ), vement d’aller, sans s’arrêter, aux Philippines.
Maigre la défense formelle du commandant de toucher aux arbres,
aux cultures , d’ailer à terre et même de trafiquer avec les insuiaires sans
sa permission, on ne put éviter piusieurs querelles entre ceux-ci et les
matelots. Les vaisseaux étoient prêts à mettre sons voile, quand au retour
d’une embarcation envoyée pour faire aiguade, on s’aperçut qu’un
matelot avoit été laissé à terre ; on alla sur -le-champ à sa recherche,
mais on ne trouva que son cadavre. Aussitôt, cent soldats armés descendent
sur la plage pour venger ce meurtre. Les Espagnols s’avancent
vers un viliage situé à une iieue de ia mer ; ies maisons étant désertes,
iis reviennent sur leurs pas, mettent le feu à quelques pirogues,
s’embarquent ensuite comme s’ils avoient l’imention de s’éloigner, mais
laissent réellement un détachement embusqué parmi les arbres : trompés
par cette ruse, les habitans descendent des collines, mais sont bientôt
obligés de reprendre la fuite pour se soustraire à ia mousqueterie des
Espagnols. « En sorte, dit le narrateur , qu’on ne put obtenir toute la
» satisfaction desirée, quoique plusieurs indigènes eussent été tués ou
» blessés à coups d’arquebuse, que d’autres eussent été faits prisonniers,
» et que, sur la place où le meurtre avoit été commis, on eût pendu
» trois insuiaires déjà blessés mortellement. » Le commandant ordonna
de brûler en outre toutes les maisons et toutes les pirogues qui se trouvoient
sur ies plages voisines.
Dix-sept ans après cette expédition de Legaspi, Francisco Galli, parti
d’AcapuIco, relâcha aux Mariannes, pour de là se rendre aux Philippines.
Thomas Cavendish s’en approcha iui-même en janvier 1588. Des pirogues,
chargées de végétaux et de fruits, sortirent de Goam et échangèrent
avec iui ces denrées contre des morceaux de fer. Les insuiaires
suivirent les vaisseaux au large plus loin que ne l’auroit désiré le général ;
car l’avidité qu’ils montrèrent lui fut tellement importune, qu’il les fit
chasser à coups de canon.
M e n d a n a v i n t a u s s i e n v u e d e c e s î l e s , e n 1 596, e t o b t i n t d e s nat
u r e l s q u e l q u e s p o i s s o n s e t q u e l q u e s f r u i t s .
15S8.
Histoire.
16 0 0 .
15 9 6 .
Quatre ans plus tard, i’amiral hollandais Obvier van Noort s’arrêta lie s Mariannes,
deux jours près de Goam, où il embarqua des cocos, du riz et d’autres
rafraîchissemens ; mais, ainsi que les Européens qui l’avoient précédé , il
reconnut dans ies habitans une adresse surprenante pour voler tout ce
qui flattoit ieurs désirs.
Cette même année, la Santa-Margarita, navire espagnol, qui avoit
perdu son capitaine et une partie des hommes de son équipage, vint
mouiller à l’île Rota, celle des Mariannes qui est ia plus voisine de Goam.
Aussitôt, les naturels accourent, montent sur ie vaisseau, et voyant sa
détresse, ils s’en emparent, après avoir égorgé plusieurs matelots; ie
re.ste, dispersé parmi les insulaires, ne fut point maitraité. Quant au
butin , ii devint ia proie des capteurs , qui se ie distribuèrent. Parmi les
effets qui étoient à bord se trouvoit une assez grande quantité d’or et
d’argent monnoyé, dont une partie fut suspendue aux arbres, et ie reste
au cou des barbares, car iis ne pensoient pas qu’on pût en faire un autre
usage.
Au mois de mai 16 0 1 , le San-Thomas, galion espagnol, toucha aux
mêmes îles, ayant à bord D. Antonio de Ribera Maldonado, récemment
nommé juge à Manille, où il se rendoit. Cinq hommes de l’équipage naufragé
de la Santa-Margarita étant venus à bord avec queiques-uns des
insulaires, ceux-ci promirent que, si i’on vouloit rester à l'ancre seulement
pendant deux jours, tous les Espagnols, au nombre de vingt-six
personnes, dont une partie .étoient alors sur les autres îles, seroient
rendus. Mais Maidonado, pressé d’entrer en fonctions, et craignant que pius
tard les vents ne contrariassent sa route , exigea qu’on mît à la voile
sans délai, s’embarrassant fort peu du grand nombre de ses compatriotes
qu’il abandonnoit ainsi aux caprices d’une population sauvage. Un bon
moine, embarqué avec iui , touché du sort déplorable de ses malheureux
compatriotes , alla les rejoindre dans une pirogue, déterminé à partager
ieur sort. La plupart moururent sur cette terre d’exil; ies autres trouvèrent
par la suite les moyens de se rendre aux Philippines.
Le 23 janvier 1 6 1 6 , le Hollandais Spilbergen s’arrêta aux Mariannes
pour y prendre des vivres, qu’il obtint par des échanges; et neuf ans
après, la flotte de Nassau, sous le même pavillon, jeta l’ancre près de
Voyag! de l'Uranie. — Historique. T . II. Y
16 0 I .
16 16 .
16 3 5 .