
Iles iVlarfoniies. ne vont jamais à ia voile; taillées dans un seui morceau de bois, eiles ont
Industrie
manufacturière.
ies deux bouts pointus, relevés en gondole, et couverts d’une petite tille,
bombée, qu’un rebord termine dans le sens delà largeur, et dont ie but,
à ce qu’ii semble, est d’empêcher le pied de glisser. Garnies d’un seul
balancier, que soutiennent deux aixs-boutans recourbés , elles ne marchent
qu'à la pagaie. '
» Les barques d’un degré au-dessus, taillées dans une seule pièce de
bois comme les précédentes, forment une espèce de grand canot, assez
ressemblant, pour la forme, a ceux dont on se sert en Espagne et en
France; l’avant en est fort alongé, et l’arrière coupé presque à pic: on
peut y armer cinq ou six avirons en pointe , que l’on double, si i’on vent,
en ies disposant par couples [voy. pl. 80. fig. et q). A bâbord, eiles
portent un balancier énorme, d’une longueur égale à celie du bateau
lui-même, et pouvant indistinctement se mettre au vent ou sous ie vent.
Une voile trapézoïde, en toile de coton, et queiquefois un foc, sont des
moyens accessoires de locomotion qu’on n’emploie que lorsque les vents
sont de l’arrière ou grand largue. Les Mariannais n’oseroient tenir le plus
près avec des barques aussi lourdes et ayant d’aussi mauvaises qualités : il
résulte de là que leurs courses maritimes se bornent à parcourir, sur la
côte, ies iieux ies plus abrités , soit pour la pêche, soit, plus rarement,
pour ie transport de passagers d’un point à un autre. »
Pour ie service de ia coionie, ie gouverneur garde à sa disposition
trois vastes et excellentes chaloupes espagnoles, ainsi qu’un grand canot
et une yole, bien faits et bien armés, destinés à son usage particulier.
Ces embarcations vont indistinctement à rame et à voile.
Un brigantin, d’une quarantaine de tonneaux, servoit ordinairement
aux communications de Goam, soit avec les autres parties de l’archipel,
soit avec Maniiie; il étoit armé de quatre petits canons, et gréé à l’européenne.
Lorsque nous visitâmes les Mariannes, en 18 19 , ce navire
avoit depuis peu été capturé par une frégate des provinces insurgées de
l’Amérique espagnole ( 1 ), et D. Médinilia faisoit construire une goélette
pour le remplacer : un charpentier anglais, fixé à Goam après avoir ha-
( I ) Voyez plus haut, p. 2 26 .
bité les îies Sandwich pendant plusieurs années, dirigeoit le travail, et Ile s Mariannes,
y prenoit lui-même une part active; il avoit sous ses ordres un grand Industrie
‘ ‘ ^ manufacturière.
nombre de charpentiers du pays. Si l’ouvrage n’avançoit pas très-rapidement,
du moins il se faisoit avec soin et intelligence.
-Nous avons observé un procédé curieux, qui permet de mettre immédiatement
en oeuvre des bois fraîchement coupés, sans avoir à redouter,
dit-on, qu’ils se déjettent, qu’ils se fendent ou qu’ils soient piqués des vers :
il consiste à soumettre ces bois encore verts à une forte température , dans
l’espèce de four mariannais que nous avons décrit ci-dessus (p. 30 7 ); on
les y laisse d’autant plus long-temps que les échantillons sur lesquels on
opère sont plus forts ; ordinairement un jour suffit pour les plus grosses
pièces. Les mêmes moyens préservatifs sont employés aux Sandwich :
est-ce de ces îles qu’ils seroient parvenus aux Mariannnes! Je ne sais;
mais il est digne de remarque qu’une multitude de pratiques se retrouvent
presque identiquement les mêmes chez la plupart des peuplades de la
Polynésie océanienne, sans qu’aucune notion certaine vienne nous
mettre sur ia voie des communications qui ont pu exister entre elles.
Sera-t-ii jamais donné à i’homme de percer les obscurités qui environnent
l’origine de ces nations sauvages l
Outils de charpentier. — Les chantiers d’Agagna sont fournis des principaux
instrumens dont nos charpentiers font usage ; i’herminette cependant
se distingue par un agencement particulier. En Europe le fer de cet
outil est percé d’une ouverture ovaloïde que traverse un manche recti-
iigne, et ces deux pièces gardent entre elles une position invariable : aux
Mariannes, au contraire, le manche se terminant en crochet, et le fer par
une douille arrondie, on peut varier à volonté leur situation respective.
Disposé ainsi que l’indique notre planche 80 , figure c, l’outil se rapproche
de notre hache ordinaire; mais quand on fait tourner ie fer d’un quart
de révolution de plus, il représente notre herminefte. Il est au reste très-
facile de lui donner une inclinaison intermédiaire entre ces deux-là, ainsi
que le fait au besoin l’ouvrier. Sous certains rapports, l’instrument mariannais
est donc supérieur à celui de nos charpentiers.
Privés de fer, jadis les insulaires employoient une pierre cylindrique,
en lave fort dure, qui, tranchante par une extrémité, étoit arrondie à