
Histoire.
17 0 4 (suite)
1705.
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Iles Mariannes, avec une grande solennité : plusieurs capitaines espagnols portèrent le
corps ; et le reste de ia garnison, ayant à sa tête D. Quiroga, aiors simple
commandant des troupes, l’accompagna jusqu’au lieu de la sépulture,
Dampier, capitaine du corsaire le Saint-Georges ( i) , jeta l’ancre un
instant, en avril 1705 , à l’extrémité méridionale de Rota, et fut bien
accueilli des indigènes, qui lui apportèrent, dans leurs pirogues, divers
rafraîchissemens, en échange desquels ils reçurent du tabac et quelques
morceaux de toile.
Cependant, ies plaintes élevées par ies insulaires trouvèrent dans ie
jésuite José de Texada, procureur générai de la vice-province des Mariannes
, un éloquent et courageux interprète, Dans un mémoire adressé
au gouverneur des Philippines, il énumère ies excès dont tant d’insulaires
sont les victimes, et présente ie tableau de leurs misères , espérant
qu’il sera mis sous les yeux du Roi.
Ces infortunés, dit-ii, gémissent sous l’oppression et l’injustice. Accablés
par les travaux pénibles auxquels on ies contraint, ils ne reçoivent
ni salaire, ni dédommagement, sous prétexte qu’ils sont commandés
pour le service du Roi et pour le bien pubiic; ie tout, sans égard aux
ordonnances et aux privilèges promulgués par Sa Majesté en faveur des
Indiens : car aucun de ces actes augustes n’est observé aux Mariannes ,
où i’on force à-ia-fois les hommes et les femmes à cultiver ia terre et à
donner gratuitement les denrées qui leur appartiennent, pour la nourriture
des soldats et des autres Européens de la colonie. II en est de même
des contributions en bestiaux, du transport de lourds fardeaux, de la
construction des maisons , de la filature des cordes, & c ., occupations
qu’on leur impose, sans nulle autre compensation que quelques feuiiles
de tabac qui leur sont distribuées de loin en loin.
Les principales causes de ces injustices sont, poursuit le défenseur des insulaires,
le défaut de numéraire, et sur-tout de petite monnoie ; le manque de
mesures fixes et d’un tarif juste et constant du prix des choses (2) ; i’abus
( I ) F u n n e l, embarqué avec D am p ie r , d’abord en qualité de maître d’h ô te l, puis d’élève de
la m a r in e , a écrit l’hisioire de ce voy age avec un défaut choquant de v é ra c ité , que B urn e y a
fa it remarquer. ( Voyez Burney’s Chronological H is to r y , iV c. t. IV . )
( 2 ) Se lon leur c a p r ic e , les gouverneurs se permettoient, soit de baisser le prix des denrées.
introduit par ies gouverneurs, d’augmenter le nombre des salariés de l’île , lies Mariannes,
au détriment des pauvres Indiens ; i’interdiction dont íes naturels sont Histoire,
frappés, de se livrer à certaines cultures, et particulièrement à celle du
tabac ; enfin, l’imposition tout-à-fait arbitraire des charges les plus onéreuses.
Après avoir signalé ies vices administratifs, ie P. Texada indique les
voies qui lui semblent propres à y remédier ; et il le fait avec tant de
lucidité et de sagesse, qu’après en avoir délibéré dans son conseil, ie
gouverneur des Philippines crut devoir envoyer cet écrit à la cour
d’Espagne. Sa Majesté fit droit à d’aussi justes plaintes, en rappelant
ies dispositions législatives précédentes, et en ordonnant la mise en jugement
des autorités prévaricatrices.
Ces mesures, qui probabiement ne furent point mises à exécution,
n’effrayèrent pas D. Juan Antonio Pimentel, qui succéda, en 17 0 9 ,
à Villamor, et signala son gouvernement par les plus cruelles vexations
et des dilapidations de toute espèce.
Ainsi, iorsque Woodes Rogers eut jeté l’ancre à Goam, ie i o mars 1 7 1 o,
Pimentel lui fournit des vivres de journalier et des provisions de campagne,
qu’il se fit payer très-chèrement. Mais si cet homme avide enten-
doit à merveille ce qui touchoit à ses propres intérêts, il se montra
moins habile à défendre ia coionie contre une agression étrangère. En
effet, trois frégates anglaises s’étant présentées, le sommèrent de les
ravitailler ; aussi imprévoyant qu’intéressé, il ne s’étoit entouré d’aucun
moyen de défense, et force lui fut de souscrire à tout ce qu’on
voulut exiger. Dans cette circonstance, les pauvres insulaires furent
encore obligés de se dépouiller, et de se laisser ravir le fruit de leurs
sueurs, pour éviter les violences dont les menaçoit le commandant anglais.
Cet événement malheureux produisit néanmoins un effet utile, en
engageant plus tard ie gouverneur des Philippines à envoyer aux Mariannes
la quantité d’armes à feu et de poudre de guerre nécessaire à la
sûreté du pays.
Nous serions entraînés trop ioin, si nous cherchions à énumérer toutes
soit de le hausser parfois au double et au quadruple de la va leu r o rd in a ire , ce qu’ ils faisoient
en général pour s’assurer d’énormes bénéfices dans leurs illicites spéculations commerciales.
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