
Jles Mariannes. ia partie intermédiaire auroit été abîmée dans ia mer par une catastrophe
Géoloçjie.
indépendante de l’action des vagues ; car je suis porté à croire , au contraire,
que le niveau de l’Océan s’est abaissé, et n’a pu que favoriser le
développement de quelques-unes de ces îles.
» M. Gaudichaud n’a remarqué à Tinian aucune trace de volcan,
si ce n’est deux morceaux de lave roulée qu’il juge y avoir été portés ;
mais n’ayant pu parcourir toute l’îie, il seroit possible que, dans quelque
lieu écarté, un piton volcanique eût pointé à travers les couches de calcaire
, comme la chose a eu iieu à Goam. Ayant au reste cotoyé
Tinian d’assez près avec la corvette , nous avons vu que les falaises escarpées
qui la bordent sont rempiies de crevasses et de cavernes.
Farallón de Médinilia, — » Les couches horizontales de l’île plate
nommée Larailon de Médinilia, paroissent avoir été fortement tourmentées
par les tremblemens de terre, qui sont fort violens dans cet
archipel, ainsi que nous avons eu occasion de l’éprouver ( i ).
Sarigaan. — » Sarigoan est un piton tronqué, de 300 toises au plus
d’élévation verticale, assez semblable pour la forme à Stromboli.
Farallón de Torrès. — » Cette petite île, élevée, aride et abrupte dans
sa partie du Sud, n’est qu’un rocher tailladé dans ie sens de sa hauteur ;
on y voit des couches horizontales et d’autres qui sont inclinées : tout
annonce que cette îie est volcanique.
Gagaan. — » C ’est une île de foible étendue, et qui semble un peu plus
élevée que la précédente. Sans doute autrefois ce n’étoit qu’un volcan :
il paroît aujourd’hui ne plus lancer de laves, quoiqu’il s’en échappe encore
constamment de la fumée. La plus vaste des ouvertures qui lui servent
d’issue est placée entre des pitons, débris évidens des parois du cratère.
Ces exhalaisons souterraines sortent par bouffées blanchâtres, et déposent
sur un des côtés de l’entonnoir une substance d’un jaune de soufre.
( 1 ) « Ces tremblemens de terre surviennent sans signes précurseurs, et sans que, pendant ou
après leur action, la mer grossisse. Le plus fort que nous ayons ressenti dura douze à quinze
secondes, avec redoublement vers la fin; la terre onduloit du Nord au Sud, comme le font
les eaux de la mer. Nous pensons que ces secousses eussent été capables de renverser un grand
nombre de maisons de nos villes d’Europe. Mais ici, la méthode adoptée de lier toutes les parties
des édifices à des piliers de bois fichés en terre, rend cet accident très-rare. Les cabanes du
peuple, entièrement en bois, n’ont rien à redouter de pareils accidens. »
» La partie du Sud est abrupte, inégale, et recouverte de cendres Jle ? Mananne?.
rougeâtres; celle de l’Est, très-roide aussi, paroît sillonnée par dan- “
ciennes coulées de laves, formant divers pitons, qu’une végétation
herbacée recouvre; des plantes croissent même jusque dans le cratère.
Sur la pente de la montagne, piusieurs autres bouches livrent passage
à ia fumée. A proprement parler, cette île n’est plus maintenant qu’une
solfatare.
Réflexions
cténérales.
.. Les particularités que nous ont offertes celles des îles Mariannes
qui ont subi l’action du feu, et Goam sur-tout, semblent annoncer qu’à
des époques très-reculées elles ont été formées par des volcans sous-
marins qui, ayant soulevé le fond de la mer, comme cela est arrivé
presque de notre temps dans la Méditerranée, se sontfait jour à sa surface.
Nous en avons ia preuve dans les madrépores, ies coquilles et les oursins
sciliceux qu’on trouve au sommet des montagnes de Gaam.
» Ensuite, et toujours sous les eaux, ia mer a évidemment accumulé,
avec beaucoup de régularité, à la base de ces montagnes volcaniques,
des bancs de calcaire mélangé avec des détritus de madrépores. Cette
formation s’étendit très-au loin et d’une manière uniforme, puisqu’on la
retrouve aux îles Rota, Agffligan, Saypan, Farallón de Médinilia, &c.
En parlant de Gfflam, nous avons fait mention d’une falaise toute entière
de cette roche, déposée sur une coulée de lave cachée au fond des
eaux, laquelle ne manifeste sa présence que par des sables volcaniques.
» Quand l’Océan eut abaissé considérablement son niveau, toutes
les couches calcaires, en se montrant au jour, contribuèrent à 1 agrandissement
de ces îles, dont quelques-unes paroissent n’avoir été dans le
principe que des volcans isolés. II y en a même qui, ainsi que Rota,
Farallón de Médinilia, &c., ne sont formées que de ce caicaire, sur lequel
les madrépores avoient eu jadis le temps de travailler avec régularité ;
et ce qui vient à l’appui de cette assertion, c’est qu’on trouve à Rota
des rameaux intacts de ces polypiers, à de grandes hauteurs,
» Aussitôt que des circonstances favorables au règne organique ont pu
avoir lieu, la végétation s’est développée avec vigueur sur ces terres nouvelles;
dans quelques localités néanmoins, elle a dû souffrir des boule-
versemens qu’entraînent avec eux les feux souterrains. C ’est ainsi qu’on
■»