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192 VOYAGE AUTOUR DU MONDE.
Iles iMariannes. les assiégés ayant choisi un instant favorable , firent une sortie qui obligea
Histoire. les insulaires à prendre ia fuite ; ralliés par Agoarin, ils reparurent le
I >,6 (suite), s;,iyant. Le gouverneur, qui vouloit les surprendre, ordonna à ses
gens de rester immobiles et sans faire de bruit derrière les batteries : ce
profond silence déconcerta les assaillans, qui, redoutant de donner dans
un piège, se retirèrent sans rien entreprendre. Agoarin envoya à la nuit
un détachement de ses gens, dont queiques-uns eurent assez d’audace
pour escalader les retranchemens : iis y virent ies sentinelles endormies ;
mais au lieu de faire main-basse sur elles, et d’avertir au plus vite leurs
compagnons, ils se bornèrent, à arracher quelques pieux des palissades,
qu iis emportèrent comme des trophées de leur bravoure , laissant ainsi
aux Espagnols le temps de réparer le foible dégât causé par leur négligence,
et de se mettre mieux en garde.
Agoarin, jugeant que ie moment opportun d’agir avoit été manqué,
prit ie parti d'attendre de nouveaux renforts, et, bloquant ainsi les Espagnols
, de ies réduire par la famine, s’il ne pouvoit les vaincre par la
force. Enfin , après six mois de persévérance, les insurgés mariannais,
convaincus de l’impuissance de leurs efforts et découragés par ies échecs
journaliers qu’ils essuyoient, se décidèrent à battre en retraite. D. Irrisari
pensa sérieusement alors à consolider ses moyens de défense; il voulut
même qu’on'travaiiiât sans relâche à reconstruire en pierre l’église d’Agagna,
ainsi que les principales maisons de la ville, afin qn’à l’avenir on
pût y vivre avec plus de sécurité.
Le I 8 juin i 678 , D. Juan de Vargas Hurtado, qui aiioit du Mexique
aux Philippines pour en prendre le gouvernement, toucha à Goam , et y
laissa, par ordre du roi, trente nouveaux soldats, et pour gouverneur
D. Juan de Salas. Celui-ci, voulant, sans perdre de temps, marcher à
ia poursuite des rebelles , partit d’Agagna ie 27 juin, et se dirigea d’abord
vers Taragay, dont il châtia les habitans; portant ensuite ses forces
sur Apoto, où étoit la demeure d’Agoarin, il saccagea et brûla encore cette
bourgade, malgré les efforts des mutins qui s’y étoient retirés : bientôt
après, les villages de Fogna, Tipalao, Oroté, Somaye, Talefac , Agfayan,
Paikpok et Tarofofo , ainsi qu’un petit nombre d’autres de moindre
importance, subirent le même sort.
16 78 .
Histoire.
16 7 8 (su ite ).
LIVRE III. — D e T im o r a u x M a r i a n n e s i n c l u s i v e m e n t . 193
Les maisons de débauche étoient un grand obstacle à la conversion des Iles Mariannes.
insulaires au christianisme; ies olitaos y vivoient en effet dans la plus
horrible dissolution. D. Juan résolut de détruire ces foyers de désordre,
et y travailla avec succès. Deux des principaux chefs du pays. Antonio
Ayihi et Alonso Soon, le secondèrent efficacement par leur prudence
et par leur courage. L’extrême inégalité du nombre , l’âpreté des chemins,
ies pièges des insuiaires, ies nuées de traits et de pierres auxquelles
les Espagnols étoient en butte, ne Iaissoient pas de rendre l’entreprise
extrêmement périlleuse; toutefois la discipline, ia supériorité des armes
et de la tactique militaire , parvinrent à vaincre tous les obstacles : on
tua, dans divers engagemens, un nombre considérable de Goamois ;
d’autres, au désespoir, se détruisirent eux-mêmes ou se sauvèrent à
Rota ; et le reste des insurgés , hors d’état désormais de soutenir la lutte,
demandèrent la paix et se remirent à la discrétion du vainqueur. Ainsi
ies Espagnols recouvrèrent enfin une tranquillité dont ils étoient privés
depuis trois ans.
D. José de Quiroga y Lozada, d’une illustre famille de Galice, après
avoir, comme S. Ignace de Loyola, passé une partie de sa vie au service,
résolut ensuite, comme iui aussi, de se livrer aux pratiques les
plus austères de la religion. Néanmoins, lorsqu’il apprit les circonstances
du martyre du P. Sanvitores, il se sentit animé d’un nouveau zèie ; et
pensant qu’il pourroit être utile à la mission des Mariannes, il abandonna
i’habit et la vie d’ermite, et quitta l’Espagne pour se rendre à Goam, où
il arriva dans le mois de juin de l’année i 679.
Des affaires de famille appelant impérieusement alors D. Juan de Salas
dans sa patrie , il n’hésita pas à résigner son emploi de gouverneur à
D. Quiroga : mais, contre son attente, il eut beaucoup de peine à le lui
laire accepter ; celui-ci ne consentit même à en remplir momentanément
ies fonctions qu’à condition que le roi d’Espagne seroit prié de pourvoir
sans délai à son remplacement.
Cet objet fixé, le nouveau gouverneur prit possession de sa charge le
5 juin 1680, et commença par mettre en vigueur divers réglemens
adressés par Sa Majesté aux commandans des Mariannes, dans le but
d’y faire régner la justice et une sage industrie. Ces ordonnances con-
Voyage de l ’Uranie, — Historique. T . IL g [)
16 7 9 .
I 680.