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170 VOYAGE AUTOUR DU MONDE.
lie s .Mariannes, la côte occidentale de Gaain. Cent cinquante pirogues parurent aussitôt
Histoire.
1 6 3 J (suite).
16 3 8 .
16 6 2 .
le long des navires ; et bientôt un trafic mutuel s étant établi, l’amiral
Schapenham parvint à se procurer les rafraîchissemens propres à rendre
ia santé à quantité d’hommes de son équipage qui , affoiblis par le
scorbut, ne pouvoient prendre part aux manoeuvres.
Le navire ¡a Conception vint signaler l’année 1638 par son naufrage
aux Mariannes. Les insulaires se conduisirent mieux envers les malheureux
qui le montoient qu’on ne devoit s’y attendre d’après ies récits des pré-
cédens voyageurs ; on les vit en effet secourir généreusement ceux des
Espagnols qui étoient parvenus à se sauver à terre, les recevoir parmi
eux, et chercher à leur faire oublier ieur situation fâcheuse.
Parti d’AcapuIco pour Manille, le navire le San-Damian arrive, en
16 6 2 , en vue de Goam. Selon leur coutume, les insulaires s’empressèrent
daller offrir à bord de i’eau, des fruits, du poisson, en un mot tous les
rafraîchissemens dont iis pouvoient disposer. I.e P. Sanvitores ( 1 ), missionnaire
jésuite, qui se trouvoit sur ce vaisseau, fut touché de l’état d’ignorance
et de misère dans lequel croupissoient ces Indiens, et résolut de tout
tenter pour les convertir au christianisme. Afin d’atteindre ce but, il s’empressa,
en arrivant à Manille, de faire des instances et des démarches
auprès du gouverneur; mais la politique repoussa des projets dont elle
n’apercevoit pas dès-iors tous ies avantages. Au nombre des objections
qui furent faites, on insista sur ce que le trajet des Philippines aux Mariannes
étoit presque impossible, à cause des courans et des vents qui
régnent dans ces mers, et l’on ajouta même que la plupart des vaisseaux
qui avoient tenté de suivre cette route avoient péri.
Excité plutôt que découragé par de tels refus, ie P. Sanvitores crut
devoir s’adresser directement à la reine d’Espagne , et i’engager à prendre
les îles Mariannes sous sa protection. Elle accueillit favorablement cette
( i ) D . D ie g o Luis de S anvitores, issu d’une illustre maison de la V ie ille -C a s t ille , descendoit,
par sa mère, d’un neveu de R u y D ïa z de V'ivar, surnommé le C i d , capitaine fameux dans les
annales espagnoles: il dédaigna la brillante carrière que lui ouvroient à la cour d’Espagne sa
naissance et les services de son p è re , pour entrer dans Tordre des Jésuite s, et se livrer à Tapos-
tolat. N é à Burgos en 1Ö 2 7 , il fut martyrisé à G o am , à Tâge de 45 ans. « C ’é to it, dit son
« p anégyriste, un homme d’ un génie é le v é , d’un jugement so lid e , et d’une grandeur d’ame
capable des entreprises les plus difficiles. »
demande; et le roi son mari, après avoir. lu, sur ce sujet, un mémoire lie s Mariannes,
du P Sanvitores, ordonna an gouverneur des Philippines, par une dépêche
Histoire.
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1Ó67.
datée du 24 juin 1665 , de fournir à ce religieux tous les secours
dont il pouvoit avoir besoin. Après un tel ordre, le zélé missionnaire
devoit s’attendre à être favorisé dans son entreprise ; mais arrivé à Maniiie,
de nombreux obstacles se rencontrant encore iui firent prendre la résolution
de se rendre au Mexique. Ii partit en conséquence de Cavité ie
7 août 1 667, et n’arriva à Acapulco qu’au commencement de l’année
suivante, où ii obtint enfin du marquis de Mansera, vice-roi de la Nouvelle
Espagne, ce qui lui avoit été promis depuis trois ans.
Pour compagnons de son apostolat, ie P. Sanvitores choisit ies PP. Thoe
mas Cardenioso, Luis de Médina, Pedro de Casanova, Luis de Moralès
et le F. Lorenzo Bustiilos , qui tous , partis des côtes d’Amérique ie 23 mars
1 668, n’arrivèrent que le i 5 juin au terme de leur voyage. Ce fut à
cette époque seulement que l’archipei qui nous occupe reçut ia dénomination
Ailes Mariannes, nom que lui imposa ie P. Sanvitores, tant en
l’honneur de la Sainte Vierge, qu’en mémoire de Marie-Anne d’Autriche,
femme de Philippe IV, roi d’Espagne ; hommage bien dû à une princesse
qui seconda avec tant de zèie ia propagation du christianisme dans
ces contrées lointaines.
Ici finit la première période , pendant laquelle les Européens n’ont
fait que de courtes apparitions aux Mariannes, sans y former d établissement
fixe : nous allons maintenant voir commencer un nouvel ordre de
choses qui se développera successivement.
§. II.
Depuis l ’arrivée du P . Sanvitores, jusqu a la conquête des Maiiannes
p a r Us Espagnols (de i668 à 1669) .
A peine le vaisseau du P. Sanvitores fut-il à l’ancre, que plus de 50 pirogues
chargées d’insulaires vinrent ie long du bord, en criant dans leur
langue, Ahoklnbak ! [amis ! amis ! ], mais sans vouloir y monter. Un Espagnol,
établi dans ces îles depuis pius de 30 ans, assura ie chef de la mission
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