
88 VOYAGE AUTOUR DU MONDE.
Iles Ca roline s, nous venons de nommer. Les cartes qu'il en a données, offrent, avec celle
Histoire. Jgs Paiaos , les premiers travaux réellement exacts qui aient été publiés
sur les Carolines.
La flotte de Lamoursek qui vint à Guam en i 8 i 4 . consistoit en dix-
buit pirogues. A la fin de cette année, le capitaine Manuel Dublon , de
Manille, découvrit, cinquante lieues à l’Est de Poulouhot et par sa
meme latitude, un groupe de petites îles dont une est remarquable par
une assez haute montagne.
Tout porte à croire que, dans ces derniers temps, la population des
îles soumises au roi de Lamoursek a tellement augmenté, que les habitans
ont dû chercher ailleurs leur subsistance. Cent vingt pirogues, parties
en I 8 I 6 pour se rendre sur divers points des lies voisines, eurent
une navigation si désastreuse, que cent dix de ces frêles embarcations,
portant 900 individus , ou près d’un sixième de ia population totale
soumise'à ce souverain, périrent victimes des vents forcés et contraires.
Quelque considérable que fût une teile perte pour d’aussi petites
îles, cependant ie besoin des migrations s’y fit encore sentir. En 1 8 1 8 ,
un de leurs principaux princes , Kaoutao, accompagné de six autres tamors,
d’une cousine du roi ( 1 ), de cinq enfans, et de quatre-vingt-dix-huit
personnes de leur suite, fut envoyé en ambassade auprès de D. Medi-
nilla, pour s’assurer si les offres qui avoient été faites au roi son maître,
à diverses reprises, pour l'engager à venir s’établir, lui et ses sujets, aux
îles Mariannes, étoient sincères. Ce gouverneur ayant reçu le prince au
milieu de son conseil, apprit de lui que, dans ie cas où l’on consentiroit
à concéder à ses compatriotes ies terrains qui leur étoient nécessaires,
ceux-ci promettoient de vivre avec les Espagnols et les naturels de leur
nouvelle patrie dans le plus parfait accord. Pour garantie de la loyauté des
sentimens de son souverain , Kaoutao proposoit de laisser en otage une
parente du roi, le mari de celie-ci, ieurs cinq enfans, et six domestiques,
avec prière de ieur permettre de se fixer à Saypan , île pour lors inhabitée
qu’ils préféroient aux autres. 11 invita en outre, et en son propre
nom, le gouverneur à garder près de sa personne , au nombre de ses
( I ) On peut vo ir son portrait pl. 57.
LIVRE III. — D e T i m o r .AUX M a r i . a n n e s IN C L U S IV EM E N T . 89
serviteurs, deux jeunes insulaires dont un étoit son cousin, et témoigna lies C a ro lin e s,
le regret de ne pouvoir rester iui-même en cette qualité, attendu qu’il Hurorre.
lui falioit aller rendre compte de sa mission. Kaoutao avoit ordre, dans
ie cas oit ses demandes seroient agréées , d’insister pour que le gouverneur
envoyât un navire d’une capacité suffisante pour transporter, des
îles Lamoursek aux Mariannes, les femmes et les enfans. En effet, par
suite de la catastrophe arrivée en 18 16 , ces insulaires n’avoient plus à
ieur disposition que quelques petites pirogues, auxquelles il eût été imprudent
et même cruel de confier, pour une traversée aussi longue, des
êtres foibles et dénués de vêtemens capables de les garantir contre ies
intempéries de l’air.
Toutes ces propositions ayant été acceptées par ie gouverneur, Kaoutao
se rendit tout de suite à Saypan pour y fonder les premières bases de
son établissement, c’est-à-dire, faire le choix des terrains, en tracer les
démarcations, et diriger enfin la construction des maisons et des magasins
nécessaires à la nouvelle colonie.
L'Uranie, parut en 1 8 19, comme nous i’avons vu, dans i’archipel
des Carolines : six îles seulement furent l’objet de son investigation
rapide ; mais pendant son séjour à Guam , quelques pirogues de Lamoursek,
de Satahoual et de Goulimarao, étant venues y relâcher, nous
pûmes réunir sur leurs habitans un pius grand nombre d’observations
intéressantes.
Nous bornerons ici l’esquisse historique, nécessairement fort incomplète,
de ce vaste archipel, pour présenter quelques vues générales sur
son état physique et moral.
§. II.
Considérations physiques et géographiques.
L’archipel des Carolines , désigné primitivement sous le nom de Palaos, Géographie,
puis sous celui de Nouvelles-Philippines, s’étend en longitude depuis i 29°
jusqu’à 1 7 1 ” à i’Est du méridien de Paris; et en latitude, depuis ie 3 .'
jusqu’au 12 .“' parallèle Nord, occupant ainsi un espace d’environ mille
Voyage de l'Uranie. — Historique. T . II. JVl