J H GÊOGBAPHIE PHYSIQUE.
veau lit, qu'il abandonna à une époque inconnue, pour
reprendre son ancien lit ;
4° Qu'au xiv« siècle il revint dans le lit creusé par Justinien,
après être retourné dans celui qu'il avait occupé antérieurement
à cet'empereur, et qu'à la suite de ces migrahons,
il avait accumulé une si grande quantité de matières
détritiques, que sa profondeur en diminua considérablement
et qu'il devint guéable, ainsi qu'il l'est encore aujourd'hui
sur un grand nombre de points.
Comme je n'ai plus trouvé dans aucun écrivain postérieur
à Pachymère, rien qui eût rapport à l'histoire du Sanganus,
il est probahle que le lit qu'il occupe aujourd'hui soit
celui qui avait été creusé par Justinien. Pour ce qui concerne
les époques antérieures au xIV= siècle, nous avons
plusieurs données qui prouvent que jusque-là cette rivière
possédait un volume d'eau beaucoup plus considérable que
celui qu'il conserva après les migrations signalées par Pachymère.
Ainsi déjà Strabon T, nous apprend que, de son
temps, le Sangarius était navigable au-dessous du Gallus
(le Bedré-tchaï), tandis qu'il ne l'était pas au-dessus. Selon
Edrisi % le Sangarius devait avoir été considéré, au xu'siècle,
comme une rivière navigable, car il dit positivement
que le Zagra est un fleuve considérable qui porte de gros
bâtiments. Il est même probable que ce furent les progrès
de l'ensablement qui déterminèrent Justinien à lui creuser
un nouveau lit, car Procope, qui écrivait, comme on sait,
sous le règne de cet empereur, rapporte un fait qui semblerait
prouver que les parages littoraux limitrophes de
l'embouchure de cette rivière, étaient à cette époque tout
aussi limoneux et peu profonds qu'ils le sont aujourd'hui.
1, Loc. cil. — ï. Luc. cit.
CHAPITRE IV. <6 5
Or Procope-, en parlant de l'apparition curieuse d'une
baleine dans les eaux de Constantinople, dit que, s'étant
l a i s s é entraîner jusqu'aux bouches du Sangarius à la poursuite
de sa proie, le cétacé s'y empêtra dans la me, et fut
pris de cette manière par les habitants.
Après leSakaria vient le Milan-sou, l'Hippius des anciens.
Son embouchure est à près de six lieues à l'est de celle du
Sakaria, et à deux lieues environ d'Aktchécber. Il a sa
Source dans le Boli-dagh, à trois lieues à l'ouest de la ville
de Boli, et descend de la montagne, avec assez de rapidilé,
dans la plaine de Dusdja, où, grossi par des affluents nombreux,
il acquiert une largeur considérable. Dans les parages
de Gumuchabad, situé à peu de distance de Dusdja,
son cours est déjà fort lent, et l'eau très-limoneuse. Cependant
la vallée qu'il traverse a une altitude moyenne de
283 mètres. A peu de distance de son emhouchure, il entre
dans une plaine basse et presque horizontale, en sorte qu'à
. son embouchure même, l'eau paraît presque stagnante; elle
y est d'une profondeur et d'une largeur considérables, on la
traverse en barques ou sur radeaux. La longueur totale du
Milan-sou peut être, évaluée à environ 13 lieues. Il reçoit,
près de Gumuchabad, une rivière qui, à ce qu'on m'a assuré,,
vient du Tchouroulnau dagh et a sa source près du village
Kestebek, non loin de Nalakhan; dans ce cas, cette rivière
aurait près de 18 lieues, et pourrait plutôt être considérée
comme le Milan-sou. lui-même, tandis que. le Milan-sou, qui
vient duBolidagh, n'en serait qu'un affluent; alors la longueur
totale du Milan-sou serait de plus de 31 lieues, et
aurait une direction moyenne du sud au nord.
Entre le Milan-sou et les parages d'Erégli, la ligne cô-
3. De Bello Ootkko, 1. ni, 13.