2 Î 4 GÉ O G R A P H I E PHYSIQUE.
D'après un passage de Pline le naturaliste il paraîtrait
même que le Scamandre (Mendéré-sou) avait été quelquefois
désigné parle nom de Méandre, exactement comme
aujourd'hui le Méandre deja Lydie et le Scamandre de la
Troade portent le même nom, ' ce qui semblerait prouver
que cette identité de nom n'est point l'effet, du hasard seul
mais bien la reproduction fidèle de la confusion qui régnait
à cet égard chez les anciens depuis l'époque de Strabon
Selon Homère», Arislote3 , Plntarque4, Slien 5 et'Vibius
Sequester «, le Scamandre s'appelait également M M Du
reste, ces auteurs, en parlant du Scamandre, le prennent
non dans lé sens de Strabon, mais dans celui d'Homère,
c'est-à-dirè qu'ils entendaient probablement le Bounarbachi
sou d'aujourd'hui; du moins c'est le cas, avec Aristotè,
car il dit expressément : « Homère désignait le Scamandre
par le nom dé Xanthus. » Pour ce qui est de PlutarqUe le
géographe, dVElien et de Vibius Sequester, il serait possible
qu'ils eussent en vue lé Scamandre de Strabon ?(Men-
J . ; ^ " " ' 8 ^ n « ™ i < p i ' e n disait mÊÊÊÊÊÈÊÊSÊÊKÊÊË été
jadis qn une mer comblée parle limon qu'y déposa le Martre, Pline e r S o u t e
mes^ -a« Scamandre; puisque, selon le s e L S « S
à. la région appelée Teuthranie, celle-ci embrassait une partie de laMyÊiïe et delà
T r e i Z L ^ l "h..xm, Rapplique la O ^ X t a
de W t a à la vallée .du Cuïcus. Il n'en est pas moins rai que le Méandre
S ™ *« & <K» lê ScamaJre „ ,a
Mendiré-son d'aujourd'hui; car, dans son liv. PHnc ment ionneM«„
de la Lydie, ce qui prouve qu'il admettait deux Méandre : l'un celui de la Z Z
2. Uiad. — 8. Anim. Bist., 1. in, ».
4. De Fi. et Mont, nom.; ap. Hnds., vol. II.
5. Oe ^nim l.vni, 21. Sien, ne voit,' comme .Aristote, dans le nom de Xan.
IJiusqn une dénomination qualificative qui se rapporte il la couleur de ses eail
Z me 46 M U e M e C0,0™f e ^ ™ sur les moutons
6. DeFlvm.—T. Loc. cit.
CHAP1TBK V m
déré-sou), et que, grâce à cette.confusion, ils lui rapportassent
ce qu'Homère n'appliquait qu'au Bounarbachi-sou.
A l'époque de Pomponius Mêla, le Scamandre aussi bien
que le Simoïs étaient déjà considérés comme n'ayant d'autre
importance que celle des souvenirs qui s'y rattachaient ;
aussi le géographe, romain observe-t-il en parlant de
ces deux cours d'eau.« {ami quam naturâ majora ilumina.
» Cette assertion de pomponius Mêla, qui a tout le
caractère de la plus exacte vérité, rend fort suspecte celle
de Pline % qui, plus de quatre-vingt-dix ans après Pomponius,
qualifie le Scamandre de fleuve navigable « amnis
navigabilis. » D'ailleurs, le naturaliste romain commet une
erreur manifeste en faisant du Xanlhus et du Scamandre
deux rivières différentes. :. r -, "
Quand Homère,-dans le chant TOI' de l'Ktade, parle fréquemment
des ondes impétueuses du Xanthus pu Scamandre-,
qu'il y fait disparaître une foule de. guerriers avec leur armure
et leurs chevaux, et qu'il le'représente se brisant avec fracas
contre «es rives, il faut voir dans ces images plutôt des
hyperboles poétiques que l'expression exacte des phénomènes
de la nature. Cependant, tout en accordant une
large part au privilège imprescriptible dont ont toujours
joui les. enfants du Parnasse, il'serait difficile d'admettre
qu'Homère, qui, dans sa qualité de poëte, se montre souvent
plus scrupuleux à.l'endroit des faits que ne le sont
bien des historiens et des géographes de profession, eût pu
s'exprimer de la sorte à l'égard du Scamandre, si de son
temps celui-ci n'avait eu que les proportions de l'humble
ruisseau qui porte aujourd'hui le nom de Mendéré. D'ailleurs
1. L. 1,18. —ï . L.T,». — *•. É H i