GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
A l'époque où je m'y trouvais (au mois de juillet), ce lac
ne formait qu'une nappe blanche.
Lorsque de la Cappadoce nous remontons le Halys, en
nous dirigeant vers Sivas, nous entrons dans la vaste formation
des grès et gypses salifères parsemés de groupes
fréquents de lacs soit salés, soit amers. Parmi ces lacs, je
ne citerai que ceux qui se trouvent dans la région limitrophe
de la ville de Sivas, située pour ainsi dire au
centre de la formation susmentionnée qui nous occupera
beaucoup dans la partie géologique de cet ouvrage.
Dans la contrée comprise entre Deliklitach et Sivas, on
voit plusieurs groupes de lacs salés, parmi lesquels deux
assez considérables se trouvent à environ 6 lieues au sud
de Sivas, et qu'à défaut d'autre nom nous appellerons
lacs d'Ulach, d'après le village Ulach qui se trouve sur le
bord oriental de l'un d'eux. L'un et l'autre ont des rives
très-basses, dont les plages sont revêtues d'efflorescences
blanches qui paraissent être de sulfate de magnésie ou de
sonde ; aussi l'eau de ces lacs a un goût plus ou moins
amer.
A 10 lieues à l'est-nord-est de Sivas, entre les villages
Yénidja et Guiguine, on voit deux lacs à eau saumâtre situés
dans des cavités profondes et circulaires; ils rappellent sur
une petite échelle le lac de Payerne en Auvergne ou le
Kara-gheul de l'Altaï .oriental ' . J'ai déterminé la hauteur
de ces deux lacs à 1296 mètres au-dessus du niveau de la
mer. Un peu plus à l'est de ces lacs, près du village Toudourga,
se trouvent dans une vaste dépression plusieurs
lacs circulaires qui sont connus dans le pays sous le nom
1. Voy. mon Voyage scientifique dans l'Altaï occidental, ch. vi, p. 147. Le lac
Kara-gheul y est représenté sur la planche 14 des vues pittoresques.
CHAPITRE III. m
de lacs de Toudourga; leur altitude ne doit pas dépasser
considérablement celle du village limitrophe Zara, dont
j'ai déterminé la hauteur à 1366 mètres au - dessus du
niveau de la mer. Lorsque, au mois de septembre, je passai
à côté des lacs de Toudourga en remontant le Halys pour
en explorer les sources, ces lacs m'apparurent comme
autant de.surfaces circulaires .complètement blanches ; on
eût dit autant de lacs gelés.
Avec íes groupes de lacs salés de la contrée de Sjvas,
nous sommes arrivés à la limite orientale de la péninsule,
et avons conséquemment terminé notre revue des lac? situés
dans les régions occidentales, centrales, méridionales et
orientales de l'Asie Mineure; il ne nous reste qu'à examiner
les parties seplentrionalesvNons avons déjà observé
qu'elles sont comparativement très-pauvres en bassins
lacustres ; aussi n'avons-nous à signaler que le petit groupe
de lacs qui se trouvent au sud d'Angora et dans les parages
de Keredi, ainsi que le lac de Ladik situé entre Samsoun
et Amasia.
A environ 4 lieues au sud-sud-ouest de la ville d'Angora
se trouvent les deux lacs Emir-gheul et Moan-gheul, réunis
par une bande marécageuse d'une demi-lieue de longueur.
Le premier , très-étroit et ne paraissant être que la continuation
du second, s'étend en forme d'un long boyau du
sud-sud-ou'ést au nord-est sur un espace d'une lieuè et un
tiers; le'second, avec une direction semblable, a beaucoup
plus de symétrie dans ses' dimensions : c'est un oblong
dont l'extrémité méridionale s'amincit en pointe, et qui a
une lieue et demie de longueur sur une largeur moyenne
de trois quarts de lieue; sa superficie a à peine une demilieüe
carrée. L'eau de l'un'et l'autre de cès deuxiacs est