«S GÉOGRAPHIE PHÏS1QDE.
le cap du même nom ( le Melaena promontorium), tandis
que sa partie méridionale constitue le célèbre mont Corycus
de l'antiquité, et se termine par le cap Karaka, dont le nom
rappelle encore celui de Corycium promontorium.
Nous avons déjà observé que Les massifs qui, constituent
l'extrémité occidentale de la longue chaîne du Boz-dagh ou
Tmolus, s'avancent jusque près du golfe de Smyrne, ce qui
est nommément le cas avec le Tohtalu-dagh, le dernier
membre de celte chaîne. Ce massif, dont les ramifications
se prolongent au nord-nord-est de la ville de Smyrne, n'est
séparé que par une vallée étroite du Manissa-dagh, qui
s'étend de l'ouest à l'est, à peu de distance de la rive gauche
du Guédis-tchaï.
Le Manissa-dagh forme une masse assez élevée, légère^
ment recourbée au sud-ouest, et a plus de quatre lieues de
longueur, sur trois quarts de lieue de largeur. La montagne
est sillonnée par des gorges assez profondes, à travers l'une
desquelles passe la route de Smyrne à Manissa (Magnls ou
Magnesia des anciens). Le revers septentrional de la montagne
est moins étendu et plus incliné que le revers méridional,
dont la pente ne diminue que progressivement vers
la plaine de Smyrne; aussi, à quatre lieues environ de
cette ville, le revers de la montagne a 825 mètres dans
les parages de Yakka-koï, où un pittoresque café sert de
halte aux voyageurs qui vont de Smyrne à Manissa, ou
viceversa.
Le Manissa-dagh avait été connu dans l'antiquité sous le
nom de Sipylus, et avait fourni à la ville de Magnésie l'épithète
d'ati Sipylum, pour la distinguer de la ville du même
nom située près du Méandre.
Bien que la composition géologique du mont Sipylus
CHAPITRE IX, 46 9
n'offre rien qui puisse y révéler l'action directe d'un foyer
de volcanicité, des témoignages très-positifs mettent hors
de doute les fréquents et violents bouleversements que cette
montagne a éprouvés pendant les époques historiques.
Strabon ' dit que sous, le règne de Tantal, le mont Sipylus
fut renversé « à la suite d'un tremblement de terre qui
ravagea la Lydie et l'Ionie, et y détruisit plusieurs villes. »
Pline», en parlant de plusieurs villes qui n'existaient plus
de son temps dans l'Ionie, en nomme six, qui toutes, dit-il,
avaient péri « interiêre ». Dans ce nombre, il mentionne
Sipylus, qui fut englouti à la suite d'un éboulement, et ce
qui est remarquable, c'est que trois villes furent successivement
construites sur l'emplacement de Sipylus, et chaque
fois elles ne tardèrent pas à disparaître. Bien que Pline ne
dise point que la ville de Sipy lus et les trois autres qui surgirent
à sa place l'une après l'autre, aient été au pied du
mont Sipylus, et qu'il se contente d'observer que cette ville
était située dans l'endroit occupé de son temps par nn lac
salé, toutefois, lorsqu'on rapproche les deux passages du
naturaliste romain et du géographe grec, il devient trèsprobable
que l'un et l'autre n'avaient en vue que la même
montagne, dont le nom a la plus parfaite identité avec celui
delà ville mentionnée par Pline; d'ailleurs, ee dernier
admet, comme Strabon, les secousses qu'éprouvait la
montagne même, puisqu'il dit positivement3 que le mont
Sipylus s'abîma complètement. «Terra devoravit Cybatum
1. CHrntomatm m Strat. geogr., 1. », ap. Huis., Vet,0«,gi-. scrit(. gf.
min v II p. 12.11 paraît que ce passage aura été extrait ¿une partie actuellement
perdue de l'ouvrage de Strabon, car dans le livre m de cet ouvrage,.te géographe
parle d'un tremblement de terre qui de son temps a renversé, »on le rmmt
Sipylus, mais la ville de ce nom, située au pied de la montagne.
2, L. V, 31. — 3. L. VI,93.