100 GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
qui revêt toutes les hauteurs limitrophes, à l'exception du
Bech Parmak; les sommets de ces-derniers se voient parfaitement
de la rive septentrionale du lac, et constituent même
un trait saillant dans la physionomie du paysage. Au nordouest,
le lac est bordé par une plaine peu considérable qui
s'incline en une pente douce vers le premier, et a tout à fait
l'aspect de l'ancien fond desséché du même bassin. Cette
plaine est séparée de celle traversée par le Méandre par un
petit plateau qui a à peine une lieue d'étendue de l'ouest à
l'est, et paraît n'être qu'un renflement local; en sorte que,
plus au nord-est, la surface unie traversée par le Méandre
se confond avec celle qui borde le lac au nord-ouest, et ne
présente que la même hauteur que le lac : c'est du moins le
résultat que j'ai obtenu à Sekisbournou, bicoque située
au pied du revers septentrional du petit plateau susmentionné;
d'ailleurs ce dernier est percé tout près de Sekisbournou
par le lit desséché d'une espèce de canal étroit
qui iinit le lac au Méandre : il est difficile de décider si c'est
le lit desséché d'un torrent ou bien d'un fossé creusé par la
main des hommes. Dans tous les Cas, bien que la plaine du
Méandre soit séparée de la plage occidentale du lac, ainsi
que nous l'avons dit, par un petit renflement situé dans les
parages de Sekisbournou, néanmoins la moyenne hypsométrique
de cette plaine paraît être égale à l'altitude du lac,
qui est par conséquent au niveau du delta inférieur du
Méandre, delta qui commencerait un peu au sud-est du village
Soukoï, et- se trouverait limité au nord par la chaîne
du Samsoun-dagh, et au sud par les ramifications occidentales
dé la chaîne de Grium (Kazykly Dagh.)
Nous nous sommes arrêtés un peu plus longtemps au lac
Akiztchaï, non pas à cause de son importance, car il n'en
CHAPITRE III. TM
a point dans son état actuel, mais parce qu'il semble figurer
comme un monument qui nous constate un des phénomènes
physiques les plus curieux qui se soient opérés en Asie Mineure
à une époque historique. Or, l'étude de. ces localités
suggère tout naturellement l'idée que le lacdont il s'agit n'est
réellement qu'un reste de l'ancien golfe Latmique que signale
Strabon, et qu'on chercherait vainement ailleurs. En effet,
Strabon1, en procédant dans la description du littoral de
l'Ionie, du nord au sud, nomme d'abord Milet, qu'il dit être
près de la mer, et ensuite le golfe de Latmus, sur le bord
duquel, et au pied de la chaîne de Latmus, il place la ¡jjgg
Héraclée munie d'un ancrage. Il observe, qu'en allant par
mer, c'est-à-dire par le golfe Latmique, la distance de Milet
à Héraclée est un peu plus de 100 stades, ee qui ferait environ
4 lieues, et de Milet en droite ligne, également par mer,
jusqu'à la petite ville de Pyrrha, 30 stades ou environ une
lieue. De Pyrrha jusqu'à l'embouchure du Méandre, Strabon
donne 50 stades ou un peu plus de deux lieues, et 30 stades
en remontant en bateau le Méandre depuis son embouchure
jusqu'à la ville de Myus.
Il résulte de ces déterminations de Strabon, que si l'ancienne
Héraclée, comme cela est très-probable, îse trouvait
dans la proximité du Bafi d'aujourd'hui, Milet n'a pu êtré
éloigné des parages limitrophes du bord accidental du lac
d'Akiz, car c'est à peu près la distance indiquée par Strabon
entre ces deux villes. Quant à la ville de Pyrrha, elle
a dû être sur l'espace intermédiaire entre Héracléeet Milet ;
et puisque Pyrrha était à environ deux lieues de l'embouchure
du Méandre, cette embouchure a dû être, à peu près
1. L. iv, 1.