12 GÉOGRAPHIE PHYSIQUE,
verneur turc des provinces asiatiques « Beglerbey della Natòlia
» en appliquant le nom deNatolieàtoute la presqu'île1.
Pierre Belon, au xvie siècle, fait aussi usage du mot Nato
lie dans le même sens étendu Or les Orientaux mêmes,
parmi lesquels l'expression d'Anatolie ou de Natolie a été
beaucoup plus en usage que parmi les écrivains européens
, ne donnent point à ce nom le sens étendu qui au
xv* siècle lui est prêté par Angiolello, Pierre Belon et
d'autres. En effet, tandis qu'au moyen âge on désignait en
Europe l'Asie Mineure par le nom de Roum ou de Romanie,
les Orientaux se servaient également de cette expression
aussi bien que de celle d'Anatolie, mais dans deux
sens différents : le Roum des auteurs orientaux est la totalité
de la péninsule, c'est conséquemment 1 'Asie Mineure
de Constantin Porphyrogénète ou l'Asie dans le sens étendu
des anciens géographes (l'Asie de ce côté et de l'autre
còtéduTaurus). Ainsi Aboulfeda3 limite le pays de Roum à
l'ouest par l'Archipel grec, à l'est par l'Arménie, au nord
par la mer Noire, et au sud par la Syrie et la Mésopotamie.
Édrisi 4 donne au pays de Roum un peu plus de dévelop-
1. Le célèbre traducteur de Ptolémée, Andrea Mattiolo , désigne également tonte
l'Asie Mineure par ces noms abus'fs de Natalia on Anatolia. Un passage, que l'on
trouve dans l'introduction à sa carte de l'Asie Mineure ( chef-d'oeuvre de la barbarie
du moyen âge), prouve que, dans le xvie siècle, l'Asie "Mineure non-seulement
n'avait pas été l'objet d'une étude quelconque, mais était encore considérée comme
une de ces régions stériles et ingrates qui ne méritent même pas la peine qu'on
s'en occupe. Voici les propres paroles de Mattiolo, exprimées avec l'orthographe et.
la tournure naïve de son époque : « In questa regione no si trova cosà che sia da
farne mentione hoggi, perche tutta e devenuta rustica, non vi si trova cosa civile
e provincia steri e per non avere molti acque Tutti sono'villani, gente grosse
e vile di ogni cosa. »
2. Les observations, etc.', p 349
3. Tabula geographicoe Âbulfedoe, trad. par Reiske, vol. V du Magasin de
Buching.
4. Géographie d'Edrisi, trad. par iaubert, t. II, p. 133 et, 137:
CHAPITRE PREMIER. 48
pement vers l'est, puisqu'il- y comprend les sources noueulement
du Pyramus, mais encore celles de Euph ,
Il en est tout autrement de l'expression Analohe. Presque
tous les auteurs orientaux ne s'en servent que pour désigner
une fraction de Roum, mais jamais la lotahté de la
péninsule, et ce qu'il y a de remarquable, o est q «
fraction est précisément celle que Constantin Porphyrofce
désigne par pays situé à l'est de ConsUnUoop e
c'est-à-dire la partie occidentale de 1 Asie
Mineure particularité que plusieurs auteurs onen aux
comprenaient si bien quEdrisi en employant 1 exp e -
sion JVoios: ( l'Anatolie des autres écrivains orientaux), fait
observer que ce terme signifie Orient. Aussi lecelebregéographe
arabe, après avoir déterminé ce quU entend par
I I , n'applique à la région qu'il qualifie deA'a«* qu une
portion de la première. Ibn Batouta , , après s être embarque
à el Ladhikia (Lataki en Syrie) pour le pays de Boum y
débarque à el Alaya « d'où je me dirigeai, dit-il, vers la
région Anatolia. » Or les villes qu'il cite dans cette région
sont presque toutes situées dans la partie occidentale de la
péninsule de Roum. D'ailleurs, en parlant des divers s
petites principautés turkmènes que renferme cette dernière,
Ibn Batouta mentionne le sultan A'Analohe sunp ement
comme prince d'un petit État indépendant tel qu il y
en avait beaucoup dans d'autres localités deRoum comme
par exemple les princes ou sultans de Koma, de Ladhik, de
Laranda, de Karahissar, etc.
Marasid el Islan est encore plus explicite a 1 égard de
l'expression Anatolie, car non-seulement il dit que lAna-
1. loco cit., vol. II, p. S05. •/ >• simnel Lee p. 68 et seqq.
2. xhe Trawls of Ibn BaMa, translated b j to Rev. Samuel Lee, p.