w GÉOGRAPHIE PHYSIQUE,
parfaitement douce. Du côté de l'ouest, l'Emir-gheul est
serré de près par les rochers du Tchaldagh, mais partout
ailleurs il n'est bordé que par une écharpe plus Ou moins
large de marais qui également encadrent le Moan-gheul.
Comme à quelques lieues au sud des deux lacs, j'ai signalé
la hauteur de la vallée où ils se trouvent à 1031 mètres, il
est probable, vu sa pente peu sensible, que l'altitude des
deux lacs n'est pas de beaucoup inférieure à ce chiffre.
A 4 lieues à l'est de Kérédi (dans la Paphlagonie), se
trouve le petit lac Gheulbachi ou Kara-gheul situé dans
une plaine marécageuse, dont la hauteur est de 1516 mètres;
l'eau de ce lac est saumâtre.
On en voit un autre, mais beaucoup plus grand, à deux
lieues à l'ouest de la même, ville ; il se nomme Tchaguagheul;
sa forme est celle d'un triangle à angles arrondis
dont le sommet est tourné au sud. Sa circonférence est de
4 lienes, sa longueur d'une lieue trois quarts sur une largeur
d'une demi-lieue à une lieue, sa superficie a environ
une lieue et un quart carrée métrique. Ses rives sont basses,
à l'exception de la rive occidentale, qui est bordée par des
hauteurs.
Le dernier lac qui mérite d'être mentionné dans la région
méridionale de la péninsule, est celui de Ladik. 11 est éloigné
d'environ 15 lieues de la mer Noire, et se trouve près
de la grande route, qui conduit de Samsoun à Amasia. Sa
forme est celle d'un polygone irrégulier, sa plus grande
longueur du nord-nord-ouest au sud-sud-est est d'une
lieue, sa circonférence de plus de 4 lieues, Sa superficie
moins d'une lieue et demie carrée. Le lac est bordé au nord
par un plateau, mais ses rives sont presque partout au
niveau de la vallée assez pittoresque, dont la hauteur ne
CHAPITRE III.
peut dépasser de beaucoup celle de la ville de Ladik
située à une lieue du lac, où j'ai trouvé cette hauteur de
871 mètres.
Strabon désigne ce lac sous le nom de Stephane;, et
comme personne ne pouvait mieux le connaître que lui,
puisque sa ville natale, Amasia, n'en était éloignée que
de 8 lieues, ce qu'il nous rapporte sur les dimensions de
ce lac n'en acquiert qu'une signification plus importante.
Or, Strabon dit" que le lac Stephane peut, à cause de son
étendue, être comparé à une mer. S'il se fût agi non-seulement
d'un auteur moins respectable que Strabon, mais
même d'une tout, autre région parmi celles que décrit
ce géographe, on pourrait sans balancer rejeter ce témoignage
comme basé sur des renseignements inexacts; mais
quand on considère que Strabon a dû nécessairement, dans
les moindres de ses courses, passer sans cesse à côté de ce
lac, il serait bien difficile d'admettre que si de son temps
ce bassin lacustre n'avait eu, comme aujourd'hui, qu'une
lieue carrée de superficie, il eût pu lé comparer à une mer.
Il en résulte donc qu'à l'époque du commencement de l'ère
chrétienne, le Stephane était incomparablement plus étendu
que notre Ladik-gheul actuel, qui, par conséquent, ne serait
qu'une faible trace d'un bassin jadis très-vaste.
En terminant la revue des bassins lacustres de l'Asie
Mineure, nous devrions passer immédiatement à l'examen
des rivières, sans nous préoccuper des considérations sur
la manière dont ces bassins ont été formés, vu que de
semblables considérations trouveront leur place dans la
partie géologique de notre ouvrage, où, reprenant un à un
i. m m.