30 GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
Aussi le littoral occidental et la partie du littoral méridional
qui composent la Lycie présentent-ils le plus de
stations favorables aux navires, et où la nature n'aurait
besoin que d'être aidée par des moyens artificiels pour les
convertir toutes en autant de ports excellents; tandis que
le littoral septentrional, depuis Femhouchuré du Bosphore
jusqu'à Samsoun, n'a presque que des golfes ou des baies
plus ou moins ouvertes et exposées à l'action des vents, ce
qui fait que, à proprement parler, cette côte n'a point de
ports, mais seulement des rades à l'exception de la baie
de Batoun que l'on peut considérer comme le seul bon
port sur le littoral septentrional de l'Asie Mineure.
Il est naturel que ces particularités dans les Contours
déterminent également une grande différence dans l'aspect
extérièur et les conditions plus ou moins pittoresques des
lignes côtières. Aussi, sans parier de l'influence'qu'exerce
toujours la proximité des montagnes sur l'aspect des côtes
et des lignes littorales, les deux côtes de l'ouest et du midi
n'ont besoin d'emprunter à aucun trait auxiliaire la physionomie
éminemment variée et riante que lui donnent les
contours articulés de ses rivages, tandis que la côte septentrionale
puise dans sa- belle végétation forestière un des
principaux charmes qu'elle possède.
Avant d'examiner les golfes les plus importants que
présentent les lignes littorales de la péninsule du côté
des trois mers dont elle est baignée, jetons d'abord un
coup d'oeil sur ces dernières en commençant par la mer
Noire.
Cette mer, qui baigne toute la côte septentrionale de
l'Asie Mineure, eommiunique avec l'Archipel grec et la
Méditerranée par l'entremise de la mer de Marmara qui, à
C.HAPITItH II. M
son feur, tient aux deux mers par les deux canaux bien
connus sous les noms de Bosphore et de Dardanelles. L'écoulement
des' eaux de la mer Noire vers la Méditerranée se
manifeste d'une manière irèwsmaWe dans ces deux canaux
à c,ause de leur rétrécissefliçjjjt considérable.
Nous ne nous arrêterons point sur ce qui concerne, la
configuration, les dimensions, les courants, la profondeur '
de la mer Noire, et nous nous contenterons seulement die
mentionner les propriétés chimiques des eaux de cette
mer, parce qu'indépendamment de l'intérêt scientifique, ce
fait a été chez les anciens l'objet de bien des discussions
erronées,, et fournit une preuve de plus de leur incompétence
en tout ce qui relève du domaine des sciences positives.
Les recherches du doctejjr Marcet,de M. Lenz et'de
plusieurs.auteurs physiciens ont mis hors de doute les différences
notables qu'offrent plusieurs de nos meus d'Europe
et d'Asie relativement à leur degré, de salure,; ainsi,
quant a cette dernière propriété, la mer Noire a été reconnue
comme la possédant à .un degré très-inferiew à celui
de la Méditerranée. D'ailleurs les analyses de M- le docteur
.Marcel'' donnent ce résultat curieux que la pesanteur spécifique
de l'eau de la mer Noire est moindre de plus d'un
centième que celle des mers arctiques et antarctiques, des
mers de l'Equateur, de la mer Jaune et de la Méditerranée ;
qu'elle est inférieure de cinq millièmes à> celle de la mer
1. 11 eût été fort intéressant,d'avoir quelques données approximativessur la pro-
•fondirar moyenne de là met Noire et de la partie 'de la Méditerranée qui Baigne les
eûtes de l'Asie Mineure, car cela aurait pu nous fournir une coupe transversale
extrêmement instructive qui déterminerait l'élévation de la péninsule au-dessus
du fond de ces deux vastes, cavités; malheureusement les nombreuses sondtes que
nous possédons-n'ont jamais été faites que dans la proximité dis côtes et non dans
la région centrale de ces mers.
S. V. Philosophical Transactions de 1819.