GÉOGRAPHIE PHYSIQUE,
non loin de la ville, qui simulent surtout les petits groupes
insulaires de la Propontide, ainsi que l'on peut s'en convaincre
en comparant la planche 14 et la planche 1.
Les deux planches 14 et 15, dont l'une représente le
Hoïran-gheul vu du village Yénidjéli, et l'autre l'Éguérdirgheul
proprement dît avec ses îlots, vu de la ville d'Éguérdir,
sont destinées à faire ressortir la physionomie respective
dés deux parties distinctes qui composent ce lac
magnifique, le plus pittoresque parmi tous les lacs de
l'Asie Mineure.
A 7 lieues environ au sud-est du lac d'Éguérdir, se trouve
le lac de Kéréli ou de Beycher, qui doit être le Caralitis de
Strabon ainsi que le prouve son nom moderne, qui n'est
qu'une corruption de sa dénomination antique.
La forme de ce lac est celle d'une ellipse ovoïde dirigée
du nord-ouest an sud-est, et dont l'extrémité sud-est est
particulièrement effilée. Sa circonférence est de plus de
27 lieues; sa plus grande longueur du nord-ouest an sud-est
de 12 lieues; sa largeur, dans sa partie méridionale, d'une
lieue et demie, dans sa partie médiane de 5 lieues, et à son
extrémité septentrionale de 3 lieues; sa superficie est d'environ
40 lieues carrées.
Trois îlots, ornés de quelques broussailles, se trouvent
échelonnés du nord au sud-est à son extrémité septentrionale,
et un quatrième non loin de son bord nord-est. La
hauteur du Béycher-gheul, au-dessus du niveau de la mer,
est de 1,151 mètres. Les rives du lac forment presque partout
des plages unies, qui se déploient en plaine jusqu'au
pied des montagnes limitrophes, et se trouvent ordinaire-
1. L. xi, 5.
CHAPITRE III. 1, 3
ment bordées du côté du lac par une lisière plus ou moins
large de graminées et de cypéracées. Cependant, en certains
endroits, les montagnes avancent jusqu'au lac même,
où elles s'élèvent en rochers abruptes,et nepermettentpoint
de le côtoyer;'c'est le cas, par exemple, de ses bords sudouest
et nord-ouest où, à deux heures de marche du village
Yenicher, les collines qui accidentent la plaine, se rapprochent
brusquement du lac et se trouvent hérissées de
rochers considérables échelonnés comme une muraille. Ils
peuvent avoir une lieue de longueur, et se replient ensuite
aù sud pour faire place à une surface unie, se déployant
tout le long du bord septentrional du lac, et nè se trouvant
que localement interrompue par des roches de serpentine.
Du côté de l'est et du sud, le lac se trouve serré par les
montagnes de beaucoup plus près que le long de sa rive
occidentale-, par-ci par-là, on les voit cependant interrompues
par des prairies et de jolies vallées, qui, entre
Kéréli et la ville de Beycher, offrent souvent un caractère
assez pittoresque. Aussi c'est du bord oriental que le lac
se présente le mieux, comme par exemple lorsqu'on le
regarde des hauteurs le long desquelles conduit la route de
Bildjéis à Kéréli ; car alors on a devant soi le magnifique
panorama des massifs montagneux de la Pisidie, parmi lesquels
se dressent majestueusement les sommets neigeux
du Dispoïras-dagh. La dépression où se trouve le lac se
manifeste très - sensiblement par la pente progressivement
croissante de la contrée plane qui l'entoure. Ainsi , par
exemple, à Bildjéis, qui n'est éloigné qu'à environ une
lieue au nord-ouest du lac, la vallée où est silué ce village,
et qui n'est que la continuation de la plaine , s'étend