8 6 GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
s'applique dans toute sa rigueur au détroit de Messine,
qu'il nous reste ehcore à comparer avec le Bosphore et les'
Dardanelles, et dont l'étude hydrographique a été également
fort négligée, car nous n'avons encore jusqu'aujourd'hui
que quelques sondes le long des lignés littorales,
tandis què la zone médiane est pour ainsi dire encore complètement
inexplorée. En comprenant le détroit de Messine
entre deux lignes, dont l'une joindrait le cap Grosso au cap
del Armi, et l'autre le château de Scylla au phare situé sur
la Éôle opposée de la Sicile, ce détroit aurait une longueur
d'environ S lieues. Sa plus grande largeur, qui se trouve à
son entrée méridionale entre les caps Grosso et del Armi
est de 5 lieues, et son endroit le plus rétréci, entre l'a
pointe sitnée à l'est du châlèâu de Scylla et le phare susmentionné,
est d'un peu plus d'une demi-lieue; partout
ailleurs il a une largeur d'une à deux lieues. Ainsi nous
voyons que sous le rapport de la longueur, le détroit de
Messine ne diffère pas beaucoup du Bosphore qui n'a qu'une
lieue et un quart de moins que ce premier, mais les maxima
et le minima des longueurs des deux détroits s'éloignent
davantage , car pour le premiér, le détroit de Messine est
le quintuple, et pour le sécb'nd le double du Bosphore. En
revanche, sous les deux rapports, les Dardanelles et le
détroit de Messine offrent une grande concordance, car
dans l'un et l'autre le maximum de largeur est d'environ
5 lieues et le minimum d'une demi-lieue, mais la longueur
des Dardanelles est presque le double de celle du détroit
de Meséine. ' Relativement à la profondeur, Je* détroit de
Messine paraît s'éloigner du Bosphore et des Dardanelles
presque autant que le détroit de Gibraltar, car à en juger
par les sondes exécutées jusqu'à aujourd'hui le long des
CHAPITRE II. S7
lignes littoral«*.!« profondeur de la zone, médiane doit
être très-considérable, et dans tous les cas même plus forte
que.celle de la Manche, car parmi les sondes de la ligne
littorale figurent des chiffres qui, comme 105"5f H6»"2et
162" 10, ne se rencontrent que rarement dans la région
médiane de la Manche et sont inconnus dans celles du Bosphore
et des Dardanelles. Quanl aux courants constants qui
sans doute existent dans le détroit de Messine, ils n'ont
pour-ainsi dire pas été étudiés du tout; ainsi, sous ce rapport,
il est impossible d'établir aueune comparaison entre
les détroits susmentionnés. •
Si nous résumons maintenant les traits de similitude et
de dissemblance que présentent les détroits de l'Europe à
l'égard de ceux du Bosphore et de l'Hellespont, il résulte
les faits suivants :
1° Parmi les détroits de l'Europe celui (la Manche) qui,'
sous le rapport de ses dimensions, offre le-plus de discordance
avec le Bosphore et les Dardanelles, est précisément
celui qui, sous le rapport de la profondeur, s'en rapproche
1 6 2°TOUS les traits de dissemblance entre les trois grands
canaux de l'Europe et ceux du Bosphore et des Dardanelles
sont autant dé traits de supériorité de ces derniers sur les
premiers.
En effet, le rétrécissement qui caractérise le Bosphore
et les Dardanelles à un degré plus considérable que les
détroits susmentionnés, sont des conditions précieuses,
non-seulement sous les points de vue militaire, mais
aussi sous celui du commerce, en accélérant les moyens
I." V. CARTE des.-cóle? * TA SICILE et ie la Mgence * B"*, Ï « E ?ar %
DÉPÔT DE LA MARIAS, 1840.