3SA . GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
que rions avons rapportés relativement an Djihoun et Sihonn
mettent ces faits hors de doute. D'ailleurs des autorités
nombreuses que nous avons également citées prouvent, que
plusieurs cours d'ean actuellement inaccessibles aux bâtiments
avaient été navigables dans l'antiquité et môme an
moyen âge, comme entre autres le Cestros (Ak-sou), le Calvcadnus
M & f le Kalbis (Doloman-sou), le Sanganus
(Sakaria), le Kios (Gnemlik-sou), etc., sans parler de
plusieurs antres rivières du littoral septentrional qualifiées
de navigables par Arrien mais qu'il serait difficile d'identifier
avec les cours d'eau actuels.
On serait disposé peut-être à atténuer l'importance de
ces témoignages, en observant que le sens de l'expression
« m,èr e navigable, amnis navigabilis, navigari fadlis, » n'a
pas aujourd'hui la même portée que celle qu'il pouvait
avoir chez fes anciens, vu la dimension beaucoup moins
considérable de leurs vaisseaux. Tout en faisant la part q„i
revient à cette considération, il est indispensable de la
réduire à sa juste valeur et de ne pas lui acfcorder une
importance qu'elle n'a pas réellement.
Or, un examen approfondi des constructions nautiques
usitées parmi les anciens, telles qu'elles résultent de témoignages
très-précis que nous fournit un grand nombre d'écrivains
de tout âge,prouve que la différence entre les dimensions
de nos vaisseaux d'aujourd'hui et de ceux employés
dans l'antiquité et même dans |e moyen âge, n'est ni aussi
considerable ni aussi générale qu'on serait porté * l'admettre
d'après une opinion universellement accréditée
En effet, il résulte de la description extrêmement njinu-
1. Ap. Hnds., Geog. »et. script, groec. min., t. n.
CHAPITRE VII. 388
tieuSe que nous donne Homère de la flotte qui transporta
les Grecs sur les rivages de laTroade, que chaque vaisseau
portait jusqu'à 200 combattants
Hérodote » admet également le même nombre pour les
bâtiments dont se composait la flotte de Xerxès, flotte qui
portait l'armée la plus nombreuse peut-être qui jamais ait
traversé la mer , car elle était composée de 1207 navires
ayant à bord 241,400 soldats (les rameurs non compris)
sans compter les bâtiments qui portaient 24,000 hommes
de troupes d'Europe, ce qui faisait un total de 1,327
navires ayant à bord une armée de près de 300,000
hommes.
Le roi Ptolémée Philadelphe possédait une galère à quarante
rangées (dans le sens vertical) de rameurs, montée par
4,000 marins3 , et Démosthènes cite parmi les bâtiments
marchands de la république athénienne des vaisseaux qui
outre leur cargaison recevaient 300 passagers
Pline, le naturaliste, dit à propos du vaisseau qui, par
ordre de Caligula, transporta à Rome un obélisque d'Egypte,
qu'il fallait quatre hommes pour embrasser son mât, qui
seul avait coftté plus de 16,800 francs de notre monnaie5.
Zozime6, en parlant de l'expédition navale de Constantin
contre les villes maritimes de la Bitbynie, observe que
comme l'escadre était composée de gros bâtiments, l'empereur
craignit qu'ils ne pussent point pénétrer dans les
1. C'est à peu près la môme proportion pour les Mtiments de la flotte de Jiitlmdaté,
qui, selon Appien*, perdit dans la mer Noire environ diï mille hommes et
près'de soixante navtafs, ce ,qui donne approximativement cent scdxante-sii hom-
' mes par navire. .
î . Polyhyrnnia, c. 184.
8. Moreaude Jonnès, Statistique des peuples de l'antiquité, Toi. I, p. 200.
4. Ibid. — '5. L. IVI, 76r-— «. Zoximi Hist., 1. IV, 25.
• De Bell. Milhr.il. m, 78