m GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
« réoageux, et l'on en voit sortir des flammes pendant la
« nuit. Ceux qui le savent, mettent de la précaution à aller
« couper le bois; mais pour le plus grand nombre il devient
« fort dangereux de s'aventurer dans ces localités ; c'est
« surtout le bétail qui eu pàtit, car ou en voit périr beau-
« coup dans les cavités jguivomes, dont les orifices sont à
« peiueperceptibles. »
Ce passage curieux nous prouve, que sous plusieurs rapports
le mont Argée a subi de très-grands changements
dans les dix-huit siècles qui se sont écoulés depuis Strabon.
Nous aurons l'occasion de revenir sur ce passage dans la
partie géologique de noire travail.
Un autre passage du poëte Claudien semble prouver qu'au
IV' siècle de notre ère, l'Argée avait également la réputation
d'une montagne ignivome, car Claudien1 parle des
sommets embrasés de l'Argée « ......Cappadocum ioepiés
Argîeus acervis oestuat. »
D'ailleurs, plusieurs monnaies antiques retrouvées dans
les environs de Kaïsaria, représentent l'Argée environné
d'une gerbe de flamme.
Le massif majestueux de VArgoeus n'est pour ainsi dire
que le point culminant d'une foule de montagnes, disséminées
sur la surface du vaste plateau trachytique qui lui
sert de piédestal, plateau qui, du nord-est au sud-ouest,
c'est-à-dire depuis lé groupe Argéen jusqu'à l'extrémité du
Karadja-dagh (près du lac d'Erégli), n'a pas moins de
trente-huit lieues de longueur. Sans nous arrêter à ces m o n -
tagnes qui disparaissent devant le colosse, bien que plusieurs
d'entre elles dépassent de beaucoup la hauteur du mont
1. InEutropium, 1. ti, vers. 114.
CHAPITRE IX. 4S 3
Vésuve I nous nous bornerons à signaler les remparts qui
s'élèvent le long de la limite sud-ouest du domame trachytique
de WÊÊÊ en commençant par le Hassan-dagb, le
plus considérable parmi tous les confrères du premier.
Le Hassan-dagh se trouve à M au
sud-ouest du mont Argée, et sa hauteur atteint presque
3000 mètres. N'en ayant pas fait l'ascension, je ne pu»
le décrire que d'après les explorations que f a i fa,tes dans
• son voisinage.
Vue du nord-est, cette montagne se présente comme un
renflement gigantesque terminé par quelques pyramides qui
se réunissent à leur base en un seul tronc. Les flancs de la
masse centrale sont hérissés d'une foule de mamelons et de
cônes: .parasites , et sillonnés-par de profondes crevasses
Du côté du nord, le Hassan-dagb est flanqué de plusieurs
montagnes arrondies qui lui servent de contre-forts et
dont quelques-unes ont une altitude assez considérable;
ainsi, celle de la hauteur sur laquelle se trouve le petit
village de Sevri-hissar, est de 1768 mètres.
\ u sud-est, le Hassan-dagh se rattache immédiatement
au Yécbil-dagh par le moyen d'un.rempart assez élevé,
sillonné de gorges profondes, dont la plus considérable
dirigée du nord-est au sud-ouest, est traversée par la route
qui conduit de Sevri-hissar au petit village de Ulakichla situé
au pied méridional de la montagne. La hauteur du Yéch.ldagh
ne paraît être que peu inférieure à celle du Hassandagh;
il ne se termine point, comme ce dernier, en crêtes
allongées et rangées , mais est taillé en remparts abrupts
et à parois hérissées de masses colonnaires ou prismatiques;
au reste, sous le rapport de la physionomie générale, il
offre bien moins de variété que le Hassan-dagh.