5 8 1 GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
lienes au nord-est du cap Lissan-el-capé, cap qui n'est que
la pomte la plus avancée du vaste della de cette rivière.
Ses sources consistent en deux bras, dont l'un, le septentrional,
vient de l'extrémité orientale du Gheuk-dagh, et
l'autre, le méridional, du revers nord-est de la chaîne
d'Andricus. Après avoir coulé dans une gorge profonde ,
sur une distance de sept lieues environ, de l'ouest-nordouest
à l'est-sud-est, ces deux bras se réunissent à Une
lieue au sud de la petite ville d'Ermének. Cette dernière
donne son nom au fleuve qui résulte de celte jonction , et
qui, en décrivant de nombreux circuits, conserve jusqu'à
son embouchure une direction moyenne dWt-nord-ouest
à l'est-sud-est. Sa longueur totale est de trente-sept lieues
environ. Presque sor tout son parcours, l'Ermének-sou
se trouve bordé par des montagnes qui, lorsqu'elles ne
plongent pas d'une manière abrupte dans la rivière, laissent
de la place pour une plage peu élevée, mais généralement
étroite; tandis que, dans d'autres endroits, elles en
ferment complètement l'accès en la resserrant des deux
côtés par des rochers sonrcilleux. C'est, par exemple, le
cas à l'est de l'embouchure du Sarikavak-sou, ainsi que
dans les parages de Kach-koî, où la rivière roule ses eaux
rapides comme dans un profond abîme. Le village de Kachkoï,
qui est à une hauteur de 538 mètres sur les flancs d'un
des rochers qui surplombent la rivière, offre un magnifique
coup d'oeil, car le regard embrasse en même temps le
cours tortueux du torrent qui bouillonne dans lé fond
d'une gorge étroite, et les massifs montagneux de la Cilicie,
échelonnés en amphithéâtre, et rivalisant par leur
aspect avec les scènes les plus grandioses des Alpes
suisses, transportées sous un ciel qui fait mûrir les oranges.
CHAPITRE VI., 28S
Depuis Kach-koï jusqu'à la descente dans la plaine de Sélévké,
on gravit et descend péniblement pendant plus de
six heures un sentier qui conduit le long des flancs sourcilleux
des remparts bordant l'Ermének-sou.
A six lieues environ à l'est de Kach-koï, ce dernier sort
enfin des montagnes et se déploie dans la belle plaine de
Sélévké. Malgré Les variations qu'offre la rivière sous le
rapport de sa profondeur, celle-ci ne parait avoir nulle
part moins de 5 décimètres et très-souvent au delà de
1 mètre. Sa largeur moyenne est de 25 à 35 mètres. Comme
la branche septentrionale de la rivière a ses sources à huit
lieues environ au nord-ouest de la ville d'Ermének, située
dans la même vallée, qui a 1250 mètres de hauteur, il est
évident qu'en remontant cette vallée sur une distance de
huit lieues, on parviendrait à une hauteur très-considérable
qui, probablement, ne sera pas au-dessous de 1500
ou même 2000 mètres. C'est la grande élévation des sources
de cette rivière qui peut seule en expliquer la rapidité, vu
qu'elle la conserve encore près de son embouchure, tout
en coulant sur une surface presque horizontale. D'ailleurs,
l'altitude de la rivière suit, dans sa décroissance, une progression
très-forte. Ainsi , à l'embouchure du Sarykavaksou,
l'Ermének-tchaï a une hauteur de 35 mètres; ce
qui, en n'admettant pour les sources de l'Ermének-tchaï
que 1500 mètres, donnerait pour la ligne qui sépare ces
deux points, et qui a vingt-cinq lieues, une pente de presque
41 mètres par lieue; tandis que celle qu'offrirait la
rivière depuis sa jonction avec le Sarykavak-sou jusqu'à
son embouchure, près de Sélévké, ne serait que de 00™ 006,
c'est-à-dire d'un peu plus d'un demi-millimètre par mètre,
et çonséquemment d'à peu près 12 mètres par lieue. Il en