S GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
mière fois avec toute l'autorité d'un ternie généralement
connu et qui n'a pas besoin, comme chez Orose, de définition
particulière. Le passage où il figure chez Constantin
a encore cela d'important, qu'il nous révèle en même temps
l'origine d'une seconde dénomination qui, plus tard, devint
synonyme de celle d'Asie Mineure, savoir : le nom
d'Anatolie. Or Constantin Porphyrogénète, en parlant de la
contrée dont l'empereur Arcadius conféra la préfecture à
Jordanus, dit que celui-ci fut nommé gouverneur nonseulement
de la contrée située à l'est « ¡me AV«toV/IÎ », mais
encore des autres peuples habitant X Asie. Mineure. Ainsi ce
mot de contrée située à l'est ne désignait, comme on voit,
qu'une partie de l'Asie Mineure, et nommément celle qui
formait, du temps de Constantin1 (aux5 siècle), le Théma
Anatolicum, province composée de la Phrygie, Lycaonie,
Pamphylie et Pisidie. Ce n'était à peu près que la quatorzième
partie de la péninsule de l'Asia Minor, qui , excepté
le Théma d'Anatolie, en avait encore treize autres. Aussi pour
empêcher qu'on ne se méprît sur le sens de cette expression,
contrée située à l'est, Constantin s'empresse-t-il d'ajouter que
ce rkest qu'une expression non-seulement de convention,
mais encore d'une valeur purement relative; car, observe-t-il,
pour nous antres habitants de Byzance, la province dont
il s'agit (contrée située à l'est), est nne région orientale,
tandis que pour ceux qui habitent la Mésopotamie, la Syrie
et la grande Asie, pu Asie Majeure, la région-susmentionnée
est occidentale.
De cette manière, depuis l'époque de Constantin Porphyrogénète,
le mot d'Asie, avec l'épithète de Mineure,
prit non-seuleinent le sens étendu que lui avaient donné les
1. Constantinus Porphyrogenetes, ed. de Bonn., vol. III, p. 14-17.
CHAPITRE PRKM1KR. 9
géographes anciens en l'appliquant à toute la péninsule,
mais encore renchérit sur cette acception, puisque l'Asie
Mineure de Constantin renfermait aussi la Cappadoce et
l'Arménie, tandis que l'Asie, telle que la comprenait un
usage traditionnel , se trouvait représentée par une partie
seulement de l'Anatolie ou du thema Anatolicum. Mais ce
qui n'était d'abord nullement dans l'esprit de l'auteur de
cette dénomination , c'est que l'expression conventionnelle
d ' A v a l ? dont Constantin Porphyrogénète -s'était servi
devint plus tard, d'abord chez quelques auteurs occidentaux,
et . ensuite dans l'usage actuel , l'équivalent du nom
d ' M e Mineure elle-même. Il est possible que les Arabes
ou les Turcs n'aient fait qu'adopter dans leur langue le
nom local d'Anatolie {thema Anatolicum),--simplement connu
sous la dénomination d'une ancienne province du Bas-
Empire; d'un autre côté, il. se pourrait aussi que le mot
d'Anatolie eût eu une tout autre origine et eût pris naissance
parmi les Turcs mêmes, établis dans la péninsule dès
la fin du xi' siècle. En effet, Pietro Andrea Mattiolo; dans
sa curieuse traduction italienne, qu'il publia auxvi' siècle,
de la Géographie de Ptolémée, joint la note suivante 1 au
passage du géographe où il est question de la ville de
Natòlia,.'ville principale des Turcs avant qu'ils eusent possédé
Constantinople : « Città principale delli Turchi avanti che
possidessero Costant inopol i . » Or, bien qu'il ne teste plus
aujourd'hui aucune ruine bien caractéristique de la ville
Natòlia " q u ePt ô l émée 3 place dans la g rande Phrygie, et que
1 La Geografia di Clodia Ptoletwo. Venetiâ, 1348, 134.
2 Le savant Herlielot se trompe complètement lorsqtfil considère le bourg Einéghenl,>
i est en Bithynie, comme occupant remplacement-.deBatolia.-B.Wralfccque
orientale, 1.1, p. 141.
3. L. v, 2.