# GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
dire furtivement, c'est que nous avons voulu, étudier un
peu en dotai! des co;
urs d'eau immortalisés, par le plus
grand des poëtejs, et dont la position et les noms ont été
l'objet d'une polémique tellement longue et violente, qui
à elle seule elle a rempli de gros volumes rédigés presque
dans toutes les langues européennes | On eût dit que puisque
l'Asie et la Grèce s'étaient divisées en deux camps,'il y
a plus d,e vingt siècles, pour assaillir ou pour défendre
l'antique Troie, nos savants modernes aient youlu imiter
cet exemple ,et se soient groupés, eux aussi, an deu* légions,
l'une pour attaquer l'existence de la cité de Priam, et l'autre
pour la défendre. Dans cette bataille acharnée, les noms
classiques de Simoïs et de Scamandre étaient destinés tour
à tour à reprendre leur ancien rôle ou à périr complètement,
et il n'est pas sans intérêt d'examiner jusqu'à quel
point les cours d'eau que nous venons d'étudier peuvent
prétendre à l'honneur d'être les héritiers des, grands noms
qu'ils portèrent jadis. Nous n'avons pas besoin de rappeler
que, dans ce court examen, nous ne pouvons considérer
maintenant la question de la polémique que sous le point
de vue.de la géographie physique et de l'hydrographie;
tout ce qui a rapport aux questions.relatives à la position
de Troie, ou aux antiquités, homériques, etc., est complètement
en dehors de notre travail actuel, et trouvera place
dans la partie archéologique 4e notre ouvrage.
Les savantes recherches de M. Le Chevalier, auquel appartient
le njérite inco,ntestabJe ¿'avoir découvert ,1a véritable
position de Vlllium d'Homèrq, ont prouvé que; du
1. TU le peu .de dimension de ces cours-d'eau, ef leur nombre assez considérable,
je n'ai pu. wlurallemeiitjes .marquer tous.sur ma. carte; ils ne sauraient
trouver place que sur une carte spéciale de la Troade.
CHAPITRE y. • M3 -
temps de Strabon, c'est-à-dire il y a déjà près de dix-huit
siècles, le? noms de Scamandre et de Simoïs avaient complélementperdu
la signification qu'ils avaienteue chez Homère,
car Strabon p \ ^ c e \ e S i m o ï s à ï e s U a S c a m a n d r e , çequi prouve
que C'est une des branches du Dumbrek ou du Kalifatlytcbaï
d'aujourd'hui, qu'il désigne par ce nom' , tandis qu'il
fait venir le'Scwnandre du haut dm mont Ida, d'où Homère
fait descendre le Simoïs en plaçant au contraire le Scalandre
au sud du Simoïs et en lui assignant pour origine des
sources chaudes situées tout à côté de la ville de Troie. Il
est évident que le, Scamandre .d'Homère ne peut être que le
Bounarbachi-sou d'aujourd'hui,,et son SimoU le Mendéré,
SOU.Il n'en est pas moins vrai que la confusion des noms
introduite par Strabon prit racine, car le nom moderne 4e
Mendérè qui n'est évidemment qu'une corruption du mot
Scamander ou Scamandre, prouve que le Simoïs d'Homère
était généralement connu s.ous le nom erroné ,que lui donne
Strabon. Cette confusion a dû même s'accroître de plus en
plus, puisque Vibius Sequester a pu dire que le Méandre et
le Simoïs se jettent dans la Propontide. Cependant, le géographe
Plutarque » qui écrivait dans le II° siècle de notre
ère, emploie les deux noms dans le sens que leur avait
donné. Strabon, car il place le mont Ha à côté du Scamandre,
ce qui prouve qu'il entendait parler du Mendéré-sou
d'aujourd'hui ou du Simoïs d'Homère.
1- La confusion nue -met Strabon dans la désignation du SMM»*» et"du
Si J u , est encore augmentée par la mention du, r%m6ri«s m û ^ f f f ^
dans le Scamandre. Or, d'après l'analogie, il est.probable -que ce Thymbr,™ est le
mmbrelc d'aujourd'hui. Mais aWc o àmc n t déboucherait dans le ScamanUre,
-lorsque, selon Strabon, le SiwoW est à.l'«f d» ce premier? Évidemment.Strabon,
migrésa qualité :de natif d'Asie Mineure , n'avait jamais visité la Troade et. u en
parlait que par ouï-dire. -, . ,
l. De FI. et Mont, nom.; ap. Huds. Vet. Geog. scrifi. groec. mm., vol. II.