4 8 GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
faubourgs de Galata, de Tophané et de Pera, quoique ce
dernier faubourg ne descende point jusqu'au littoral du
gcrlfe'. Sous le rapport du mouvement de ses eaux, le
Bosphore peut également être diviséen trois zones, savoir :
une zone médiane et deux zones latérales. La première est
marquée par un courant qui vient de la mer Noire; on le
voit suivre la direction de nord-nord-est au sud-sud-ouest
jusqu'à la hauteur de la baie de Bouyoukdéré, où cependant
il ne pénètre point, et se rapproche, au contraire, dans les
parages de Yenikoï de la côte asiatique; il coupe ensuite
obliquement le détroit pour se. rejeter vers la côte européenne
qu'il serre d'assez près dans les parages de Baltaliman,
puis fait une courbe à la pointe de Boumilihissar, où,
à cause de sa violence, occasionnée par la rencontre des
contre-courants et le rétrécissement du canal ,.il est connu
sous le nom de Courant-du-Diable. Au-dessous de Roumilihissar,
et nommément dans les parages d'Arnaoutkoï, il
se rapproche de la côte d'Europe sans cependant l'atteindre,
et puis se rejette de nouveau vers la côte d'Asie. En arrivant
à la hauteur de l'embouchure de la Corne-d'Or il se bifurque;
une partie du courant entre dans cette dernière, l'autre suit
la pointe du Sérail et la côte de Scutari, entre dans la Corne-
1. Un curieux passage de George Pisida*, écrivain du vu. siècle, qni chanta les
esploits de 1 empereur Héraol'ras en vers grecs assez barbares, semble prouver qu'à
cette époque lont le littoral du golfe de Constautmople ainsi qmeelui de la cote
opposée de Scutari étaient désignés par le nom áe Pera. Quereros, dans un' commentaire
très-savant mais unpen diffus dont il a enrichi les poèmes de George le
Pisidien, ajoute au passage dont il s'agit l'observation suivante : « Pera enim
quoudam Byzantinis non modo ea pars erat quoe etiam hodie id nominis retinet
verum totum late littus vel ad Boream seu Orientera positum trans fretum omniaque
ealoca quoe nonnisi navibus trajicere quis potuerit n6paTixà Msm vocabantur »
Il serait possible que 'c'eût été là l'origine du nffln moderne de Pera
* Georgii Pùida Bellum Aoaricum, vers 396.
CHAPITRE II. 49
d'Or, en longe d'abord la côte occidentale, puis, arrivée
à peu près à la hauteur de la mosquée de Soliman, elle
tourne brusquement sur elle-même, rejoint la côte opposée
et revient sur ses pas en suivant cette dernière le long du
faubourg de Galata, pour sortir de la Corne-d'Or et remonter
le Bosphore, où elle forme la zone latérale de la côte d'Europe;
ce contre-courant serre cette dernière presque partout
de très-près en remplissant l'espace non occupé par le courant
médian, et en suivant les contours des baies où celui-ci,
comme nous l'avons vu, n'entre point.
La côte d'Asie a également un contre-courant semblable
à celui que nops .venons de mentionner, bien qu'il ne se
manifeste pas aussi distinctement que le précédent; toutefois
il est. parfaitement appréciable dans les parages de Béylerbeï,
d'Anadoli-kavak, de Be'ïkos, de Madjarbournou, etc.
La longueur du détroit des Dardanelles est presque le
triple de celie du Bosphore, puisque, depuis Gallipoli jusqu'à
Koum kalessi (sans compter les anfractuosités des
côtes), il a environ 15 lieues. L'endroit de son plus
grand rétrécissement est dans les parages où se trouvaient
jadis les célèbres villes de Seslos et d'Aòydos, et où il
n'a pas plus d'une demi-lieue1 . Partout ailleurs la largeur
varie entre 3]4'; 1 M L et même quelquefois une
lieue. Son courant principal est de nord-est au sud-ouest,
et, dans certains endroits, de nord au sud. La profondeur
le long des côtes et dans les régions centrales paraît en
moyenne offrir les mêmes résultats que dans le Bosphore;
seulement les sondes y ont constaté .dans la partie
médiane un maximum de 129™ 88 que le Bosphore ne paraît
pas encore avoir présenté.
1. La planche'vn représente cet endroit des Dardanelles.