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élevé parmi toutes ïës, montagnes de l'Héllespont;' Cette
opinion fort juste était généralement adoptée par tous "les
écrivains de l'antiquité depuis Homère. Sénèque 1 donne
au mont Ida l'épithète de neigeuaf:
Quod Xanthus ambit nivibus Idoeis tumens.
Strabon 5 accorde an mont Ida un. développement tont à
fait extraordinaire, en le faisant aller d'un côté jusqu'au cap
Lectique (cap Baba), et de l'autre jusqu'à la Ville de Zelia,
ce qui placerait l'extrémité nord-est de la chaîne dans le
voisinage du lac Maniyas, et'/donnerail à cette dernière
une longueur de près de trente-cinq lieues , c'est-à-dire
plus de trois fois autant qu'elle en a réellement en y comprenant
les trois massifs qui composent le grand demic
e r c l e i e i presque sept fois la longueur du Kaz-dagh proprement
dit. Strabon ajoute, très-ingénieusement et avec -
beaucoup de vérité, qu'à cause des nombreuses ramifications
de sa base cette montagne a la figure d'un scolopendre.
Au reste, comme l'observe fort justement le savant
Cellarins3, l'Ida n'a point eu chez les anciens le sens d'une
seule montagne, mais désignait toujours un groupe montagneux;
c'est ce qui fait qu'ils n'emploient jamais le
terme de mons Idoe, mais constamment celui de montes Idai
ou montes Idece.
Quant aux traits caractéristiques du mont Ida, tous les
auteurs de l'antiquité signalent les belles forets qui revêtaient
ses flancs et qui subsistent encore aujourd'hui. PomponiusMéla
i rapporte des faits extraordinaires relativement
1. Phoen., v. 608. — 2. L. nu.
3. Not. Orb. ont., t. II, c. 3.
t. L. 1,18. Les phénomènes lumineux dont parle Pomponins Mêla se rattachent
sans doute 4 raie vieille tradition exploitée plus d'une fois par les. poètes de
CHAPITRE IX. 483
à de prétendus phénomènes lumineux qui selon lui appar
raissent au lever du soleil sur le sommet du mont Ida, phénomènes
qui, réduits à leur justé valeur, ne consistent que
dans les reflets des rayons solaires, qui réeltement produisent
un effet enchanteur lorsque du haut du sommet de
cette montagne on assiste au spectacle magnifique de l'apparition
matinale de l'astre. C'est une observatiou qui a
déjà été faite par Lechevâlier1.
Pline3 nous'.apprend que l'aimant avait été découvert
sur le mont Ida par un certain Magntis, et que ce minéral se
rètrouve également dans les parages d'Alexandria Troas
(Eski Stamboul d'aujourd'huij¿ ainsi que dans ceux de la
ville de Magnésie (Manigsa)3. C'est peut-être au même minéral
que fait allusion Plutarque le Géographe^, lorsqu'il
dit que l'on trouva sur le mont Ida une pierre nommée
cryphius « qui joue un grand rôle dans la célébration des
mystères des dieux. » On conçoit que les propriétés de
l'aimant ont pu paraître fort mystérieuses aux anciens, si
l'antiquité, mais.- que la dignité historique n'aurait pas dû permettre au géographe
romain d'accueillir dans un ouvrage sérieux. Déjà. Eschyle, dans sa
tragédie d'Agameinncin ', fait dil-e à Clyteumestrè que, pour annoncer à la Grèce
la prisé de Troie , Vulcain fit jaillir, du sommet de Vida, une gerbe lumineuse
qui, ne tarda pas à se propager sur toutes les montagnes, depuis..le promontoire
d'Hermès jusque sur les hauteurs des régions élevées de l'Heliàs. Lorsque le grand
poète empruntait à Sun imagination un procédé télégraphique aussi surnaturel,
sans doute il. ne prévoyait point qu'un joui'- viendrait, où l'on n'aurait plus besoin de
s'adresser aux divinités de la; Grèce,-pour faire circuler là pensée de l'homme avec
une rapidité bien autrement grande que celle que pouvait lui donner la puissance
du.dieu boiteux de l'Olympe.
1. Voy. L. Vivien de Saint-Martin, Histoire des Découvertes géographiques,
1.111, p. 111.,
2. L. xxxvi, 25,
3. 11 ne serait pas impossible que ce fût là l'ôtymologie du mot allemand magnat
(aimant), et de ses .dérivés magnétisme, magnétique.
Si Loc. çit.
Yei's. 231-283.