GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
f, g / P ° U r C h a r g e r t 0 u t u n b a t e a u d e gigantesques tortues
dont plusieurs pesaient au delà de 200 livres (pounds), et
possédaient une telle force, que deux hommes couchés sur
le dos de ce reptile, pour.l'empêcher de gagner la mer en
attendant 1 arrivée d'un renfort, setrouvajent emportésavec
a Plus grande facilité, et forcés d'abandonner leur singulière
monture, au risque de parodier à leurs dépens le
mythe d Anon naviguant sur un dauphin.
Il n'y a point de rivière peut-être sur laquelle les
siècles passés nous aient transmis des renseignements plus
curieux que.sur le Seïhoun et le Djihoun, dont le premier
avait été connu dans l'antiquité sous le nom de Sarus, et le
second sous celui de Pyramus.
Selon M. Brosset, le Seïhoun et le Djihoun avaient été
nommés ainsi par les .Seldjukides, au r siècle, d'après
1 Oxus et le Yaxartès qui portaient les mêmes noms et
devaient rappeler aux races turques leur long .séjour dans
les contrées traversées par ces rivières ' . Cependant M. Reinaud,
dans sa classique traduction d'AbouIféda », pense
» S i i E r e (\p v-rnih • « fe , ° ei Qe 1 tuPûrate sous ceux de Dialoth pi M^rn^mmmmM
g s S ^ H S S
S 9 S 2 S 3 £ B & 3 s. La Géographie i'Aioulfëia, tac1. par M. Retond, 1.1, p. s3.
IV' 18, - " ier fjeoyr'ipk. EM'^h., p. (4q.
CHAPITRE VI. 301
que ce fut antérieurement à l'apparition des Seldjukides en
Asie Mineure que le Sarus et le Pyramus reçurent les noms
empruntés aux deux grands fleuves de l'Asie -centrale. En
effet, les considérations qu'il développe tendent à attribuer
aux Arabes l'introduction de ces dénominations. Elles ne
paraissent pas avoir été encore généralement adoptées au
commencement du x i siècle, car Cedrène en racontant
la campagne de l'empereur Héraclius, ne se sert que de
l'ancien nom de Sarus ; et si même, comme nous le ferons
observer plus tard, l'historien byzantin n'attachait probablement
pas à cette dénomination le sens d'une rivière indépendante
, toujours est-il qu'il se serait servi* soit du nom
de Seïhoun, soit de celui de Djihoun, si de son temps ils
avaient été généralement employés. Il n'est point de fleuve
peut-être dont les changements de lit et de directions aient
été constatés dans les .temps historiques aussi fréquemment
que ceux que paraissent avoir éprouvés le Sarus et le
Pyramus.
En effet, un grand nombre d'écrivains, tant de l'antiquité
que du moyen âge, en faisant l'énumération des
rivières de la Cilicie, prouvent tour à tour par leur silence
, ou par leur témoignage explicite, que le Sarus
et le Pyramus atteignaient là mer, tantôt par deux embouchures
indépendantes, tantôt par une seule résultant
de la jonction de leurs eaux respectives. Xénophon »,
1 Gcorgii Cedreni Comp'endiitm historiarum, ed. Bonuoe, t.-1, p.- 726:
î . Anabasis. L'autorité du grand historien, témoin oculaire de la retraite des
dix mille, détruit la valeur que l'on pourrait attacher au silence gardé par Diotore
de Sicile sur le Sarus, que Xénophon mentionne comme ayant été franchi par
l'armée avant de passer le Pyramus, ce qui devait avoir lieu nécessairement; tandis
que Diodore, eu retraçant l'itinéraire dé cette armée, ne mentionne point le
passage du Sarus, mais bien celui du Pyramus, oe qui évidemment n'est qu'une
faute de copiste; car il est impossible d'admettre que le célèbre historien de Sicile
ait ignoré le.témoignage si important de Xénophon.