450 GÉOGRAPHIE PHYSIQUIi.
un cahier qui a partagé le sort de plusieurs de mes effets
devenus victimes d'un accident de voyage.
L'Ali-dagh se trouve complètement isolé de tous côtés ;
seulement, à son extrémité nord-nofd-ouest, il se rattache
au massif central du mont Argée par une série de collines
pointues.
Pour faciliter l'intelligence de la description que j'ai
donnée du groupe central du mont Argée, je joins ici un
croquis (fig. 13) qui en reproduit le plan en traits fort-généraux,
et qui levé simplement à la boussole ne prétend à
aucune exactitude mathématique. Les numéros qui s'y
trouvent, indiquent :
1" Plateau inférieur,
2Q Kartyn-dagh,
3° Plateau supérieur,
4° Plateau de Tékir,
5" Cratère.
Il est assez étonnant que la montagne la plus élevée de
l'Asie Mineure ait été à peine mentionnée par les géographes
anciens, qui à la seule exception de Strabon, se contentent
de la nommer en passant. C'est ce que font Ptolémée 1 et
Pline », tandis que Pomponius Mêla n'en parle point. Etienne
de Byzance, tout en traitant de la ville de Coesarea, ne se
donne seulement pas la peine de nous apprendre qu'elle
est dans le voisinage de cette montagne. Ammien Marcellin3
dit à propos de la célèbre cité, qu'elle est située an pied
de l'Argoeus, et le poëte Claudianus " qualifie cette montagne
comme célèbre à cause de la race chevaline qu'elle
produit... « volucrumque parens Argaeus equorum ».
1. L. v,6. — î. 1,. vi, 3. - 3. L.xx, 23. - 4 . L. n, ver». 30.
CHA1MTRK IX. 481
Strabon est le seul parmi les géographes anciens qui
donne quelques détails sur le mont Argée; et, bien qu'ils ne
nous apprennent que très-peu de choses sur sa topographie,
cependant le passage qui s'y rapporte est trop intéressant
pour ne pas citer ici les paroles mêmes du célèbre géographe
:
« La ville de Mazaea (Kaïsaria), dit Strabon1 , s'appelle Eu-
.« sebia avec l'épithète ad Argoeum, car elle se trouve au pied
<s de VJrgoeus, la plus haute parmi toutes tes montagnes
« de l'Asie Mineure ; sou sommet est constamment revêtu
« de neige, et ceux qui sont parvenus à l'atteindre, ce qui
« n'est arrivé qu'à un tris-petit nombre d'individus, pré-
« tendent que par un ciel serein ils ont pu apercevoir les
« deux mers : le Pont-Euxin et la mer d'Issus.
« Les envirnos de Mazaca sont également stériles et peu
« susceptibles de culture, car à la surface le sol est sablon-
M neux, et à une certaine profondeur on atteint la roche.
,<? A peu de distance de la ville, on entre dans une vaste
« plaine de plusieurs stades d'étendue; elle est ravagée par
« le feu et sillonnée d'excavations, vomissant des flammes;
« ce qui fait queles habitants de la ville sont obligés d'aller
« très-loin pour acheter leurs vivres..... Tandis que toute
« la Cappadoce est déboisée, le mont Argée est entouré de
» forêts ee qui met le bois à la portée des habitants ; mal-
» heureusement les localités limitrophes de ces forêts sont
« également ignivomes. Il y a aussi de l'eau froide sous
o Je sol, mais ni le feu ni l'eau ne se trouvent à sa sur-
,« face, qui est revêtue de gazon. Çà et là le sol est ma-
1. L. XII, 2.