m GÉOGRAPHIE PHYSIQUE,
tions, que l'eau en devient impotable. Ainsi, lorsque après
un fort orage nous nous trouvions campés, au mois d'août,
sur les bords de l'Aratch-sou, nous le vîmes soudainement
converti en une nappe jaune, et il devint impossible d'avaler
une goutte seulement de ce liquide bourbeux, malgré
nos tentatives de le laisser se déposer, ou de le filtrer à
travers un linge, tellement était forte l'odeur nauséabonde
qu'il exhalait. Bien que la vallée que traverse l'Aratch
ait le plus souvent une surface horizontale, cependant on
voit, par la rapidité de son cours, qu'une impulsion considérable
lui a été donnée dans les régions d'où il descend.
Près du village Samatly, situé à peu près à la moitié de la
longueur totale du torrent, sa hauteur est de 753 mètres, et
au village d'Aratch, qui est peut-être à 7 ou 9 lieues de sa
source, de 778 mètres.
Avec la description de l'Aratch-sou, nous terminons celle
des affluents principaux du Soanur ou Hamamlu-sou ; nous
nous y sommes arrêtés un peu plus longtemps, parce que
c'est encore une contrée fort peu connue, et que tout ce
que nous avons été dans le cas de dire, ainsi que tout ce
que nous pourrons communiquer plus tard sur ces mêmes
régions, sous le rapport géologique, n'a été et ne sera
emprunté exclusivement qu'à nos explorations personnelles,
qui n'ont pas l'avantage de s'appuyer sur des études
faites antérieurement aux nôtres,.
Bien que le Soanur-tchaï (Hamamlu-tchaï) soit l'affluent le
plus important duFilias, cependant celui-ci en reçoit encore
un grand nombre dans son cours inférieur, parmi lesquels
nous ne mentionnerons que le Douzla-sou. C'est un petit
torrent qui vient du Kara-dagh, et qui débouche du côté de
la rive gauche du Filias, à 4 lieues environ au sud-sud-
CHAPITRE IV. ,6 S
ouest de Bouroun-koï. La hauteur de son embouchure est
de 127 mètres. La vallée qu'il parcourt, et qui est connue
sous le nom de Karadérissé, est extrêmement pittoresque.
Près de l'embouchure du Douzla-sou, le Filias se divise en
deux bras considérables qui, après avoir décrit un oblong
allongé, se réunissent de nouveau.
Nous terminerons la description générale du Filias-tchaï
et de ses affluents en disant quelques mots sur les connaissances
qu'avaient les anciens de cette rivière, d'après les
renseignements que renferment leurs écrits.
Les deux principaux géographes de l'antiquité, Strabon
et Ptolémée', semblent avoir ignoré l'existence de cette
rivière. Strabon1 , en faisant l'énumération de celles qni
débouchent dans la mer Noire, place immédiatement après
la Sangarius (auquel il né consacre qu'environ dix lignes),
le Parthenios; cependant il mentionne la ville de Tium qui
est dans le voisinage immédiat du Filias , fait que d'ailleurs
Arrien n'ignorait point, puisqu'il évalue la distance
entre cette rivière et la ville susmentionnée à 20 stades, ce
qui est fort correct. Pline', Appollonius ? et Constantin
Porphyrogénète < désignent le Filias-tchaï par le nom de
Billeus ou BUiis, et il est très-probable que la dénomination
de rivière de Boit, ou Boli-sou, n'est qu'une corruption du
nom antique, ce qui prouve en même temps que cette distinction
entre Filias-tchaï et Boli-tchaï est purement uiie
innovation moderne, et que les anciens n'appliquaient
qu'une seule dénomination, non-seulement à la portion de
cette rivière comprise dans la direction moyenne du sudouest
au nord-est, mais peut-être aussi au Hamamlu ou
| L. «n, 3. - 1 . L, T1,Ë - 3. L. II, vers793—«. t j i H em. 7.