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de cette rivière, la conduisent à travers de la ville de Tarsus.
Dans ce nombre, sont : Strabon | Philostrate1, Pomponius
Mêla3, Arrien Denys Périégète5,. Rufus Festus A vienus6
, Étienne de Byzance?, Procope», Vibius Sequesters,
Genesius Léon le diacre " et Guillaume de Tyr Jos.
Barbaro '3 (au xv* siècle) paraît être le premier qui, au lieu
de faire traverser au Cydnus la ville de Tarse, signale cette
rivière comme coulant près de la ville, ce qui est le cas
aujourd'hui. Cependant Pierre Belon '4, qui visita Tarsus
environ un siècle après Barbara, dit positivement que le
Cydnus traverse la ville; voici ses paroles : « Vray est que
« le long des arées du fleuve Cydnus, qui passe parle mi--
« lieu de la ville, il y croist des figuiers, etc. ».
Ainsi, il paraîtrait que dans l'intervalle de tempsécoulé
entre Barbara et Belon, le Cydnus avait fait une première
1. L. HT, 4. Strabon répète à deux reprises que le Cydnus traverse la. ville
et il ajoute même que'ce torrent passe à côté du Gymnase.
a. Bans la Vie d'Apollonius de Tyana, 1. i, 7, Pffilostrate ditque les habitants
de Tarse, livrés à une oisiveté voluptueuse, passaient leur vie comme des oiseaux
aquatiques, assis sur les rives du Cydnus « qui traverse la Mie ». Le philosophe
de Tyana- Mime la mollesse de lerns moeurs en leur adressant ces paroles pittoresques
: ce Quand cesserez-vous de vous enivrer aux ondes de votre rivière ? »
3. L. r, 13. — 4. De Bell. Alex., 1. n , 4.
5. Ap. Huds., /oc. cit. — 6. Ibid. — 7. Dé Urb. et Popul.
8. VeMdif., L.v, .5 et 6. Procope., après avoir dit ¡pie le Cydnus traverse Tarsus,
observe que c'est à cause de cela que la ville souffre des inondations dé'ce
torrent; il cite un exemple des terribles ravages causés par un de ces débordements
sous le règne de l'empereur Justiuien, qui, pour diminuer le volume d'eau grossi
par la tonte des neiges du Taurus, fit creuser un autre lit Procope parle également
des débordements du Cydnus dans son HislqrioeArcana, c. 18.
9. « Cydnus per mediam urbem Tarson Ciliciai decurrit. »
10. ( W f Regum, 1. m. L'historien byzantin dit que le Cydnus-entourait la
ville de tous côtés et en faisait une lie.
11. L. m, c: .Du temps de Léon, qui écrivait au x> siècle, le Cydnus était
traversé, daus l'intérieur de la ville, par trois ponts.
12. Willelmi Tyr. archiep. Hisl., 1. m , 19.
13. Ap. Ramnzio, t. II, 5, p.. 100.
14. Les Observ. déplus, singul., etc.; Anvers, 1555. p. ¿77,
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tentative de s'écarter de son ancien lit, qu'il reprit cependant
ensuite pour l'abandonner vers la fin du xvie siècle.
Dans tous les cas, il résulte des autorités susmentionnées
que la courbe décrite aujourd'hui par cette rivière en
côtoyant la ville de Tarsus à une cèrtaine dislance à l'est,
était jadis moins prononcée, et que cette modification a
probablement eu lieu après Je xvi* siècle. De plus, comme
le Djihoun et tant d'autres rivières de l'Asie Mineure, il
parait que le Cydnus avait été jadis navigable, car Plutarqne
' nous montre la reine Cléopâtre le parcourant avec
sa flotte.
Cette rivière avait été renommée chez les anciens pour
la fraîcheur et la limpidité de ses eaux. Ovide * la qualifie
de lucidm, et Léon le diacre3 de glaciale*. Strabon5 appelle
le Cydnus« torrent impétueux et à eau extrêmement froide. »'
Pausanias 6 dit que ce sont les ondes froides du Cydnus qui
arrosent le territoire de Tarse.
Malgré cette réputation séculaire, qui d'ailleurs sembla
recevoir de célèbres confirmations par les calastrophes
d'Alexandre le Grand et de l'empereur Frédéric Barberousse,
dont le dernier paya de sa vie le plaisir de s'être
baigné dans cette rivière, l'amiral Beaufort 7 trouva qu'au
mois de juin la température de l'eau du Cydnus n'était nnl-
1. Chaque fois que nous employons le nom de Plutarque, sans aucune épithète,
c'est du biographe-des hommes célèbres que'nous parlons ; tandis que nous caractérisons
par i'épithète de géographe son homonyme qui figure dans la collection de
Hudson , et que nous sommés fréquemment dans le cas de citer.
2. Ars Amandi, 1. 3. Loc. cit.
4. Pline, 1. xxxi, 8, attribue à l'eau du Cydnusla faculté de guérir delà goutte;
ce qui, vu sa température très-basse, semblerait justifier les principes de l'hydrothérapie
qnele naturaliste romain combat avec tant d'acharnement. Au reste, où
sait à quoi s'en tenir sur les recettes médicales de Pline.
5, L. xiv, 4. — 6. Arcad., c. 28.
7, Kardmania, p. 276.