6 GÉOGRAPHIE PHYSIQUE,
qué qu'à la partie occidentale de la péninsule, qui, dans
le sens officiel, constituait la province procomulaire d'Asie et
ne comprenait le plus souvent que la Lydie, l'Ionie, la
Carie , la Mysie Majeure, la Phrygie et l'Hellespont. On eût
dit que la contrée qui avait donné naissance au nom antique
d'Asie, eut constamment protesté contre toute atteinte portée
au privilège qu'elle réclamait de le porter exclusivement,
et que, pour le conserver, elle t'eût identifié à jamais avec
l'idiome vivant du peuple malgré la terminologie des savants,
obligés eux-mêmes de rendre hommage à la puissance
d'habitudes traditionnelles. C'est ce qui arriva réellement.
Ainsi Ptolémée* exclut de ce qu'il désigne comme
Asie, la Bithynie, la Paphlagonie, la Lycie et la Galatie.
Agatheîneros1 fait les mêmes réserves, et Strabon, bien
qu'il donne le nom d'Asie à toute la péninsule, depuis la
mer Égée jusqu'à- une ligne tirée entre les bouches du
Cydnus et la ville Àmisus. Samsoun 3 emploie cependant
quelquefois ce nom dans le sens restreint en l'appliquant à
la partie occidentale de la péninsule Pline5 exclut également
le Pont et la Paphlagonie de ee qu'il appelle Asêa,
et du temps de Théodose l'ancien, l'Asia proprement dite
ne figurait dans la division ecclésiastique de l'empire que
comme une des nombreuses provinces qui composaient le
diocèse d'Asie, dioecesis Asiana s ; elle ne comprenait-que
l'Ionie, l'Êlide, et seulement une partie de la Troade et de
la Lydie?. Sous l'empereur Constantin Porphyrogénète,
1. L.V. 8.
3. Compendium Geographioe cxpoaitwum ad PJiilonem, 1. u.
L. xiv, 3.
4. C'est se* qui a fait dire à l'abréviateur de S tolon que celui-ci entend par Asie
la partie située à l'ouest duTaurus. V. eiireslomalhioe eai Strab. Geofli'Vl.iii.
5. L. xxvm. — 6. Orien's-GhrisCianus, t. I, p. '660."
7. Orieiis.Chrisliams, /Wdr-IÎ est assez curieux de voir que presque à la même
Q H A P l J B E PREMIER. 7
le nom d'Asie apparut pour la première fois avec l'épithète
de Mineure'. Cependant déjà, au g et au commencement
du vi-siècle, on voit deux écrivains se servir de ce noj»;
savoir : Paul Orose? et Jean le Lydien3 . Celui-ci désigne
par le nom d'Asie Inférieure ou Majeure le reste du ponhnent
asiatique, et par celui de Mineure la péninsule qw
nous occupe. Mais chez les deux auteurs , et surtout chez
Orose, cette dernière expression n'a pas encore la valeur
d'un terme généralement admis de .leur temps, elle ne
figure chez Orose que comme une locution explicative et
conventionnelle dont il fait usage de sa propre autorité
pour l'intelligence de ses lecteurs et afin de leur bien faire
entendre qu'il ne s'agit point de la partie du monde appelée
Asie dont il vient de parler, mais seulement de la péninsule
qu'il se permet de désigner à cet effet par l'épithète restrictive
de Mineure. C'est là évidemment le sens de eè passage
d'Orose où figure le mot d'Asie Mineure, « L a région d'Asie
oupourm'exprùneravecplusdeprécision^utfroiprieMùm^
l'Asie Mineure est baignée par la mer de tous côtés, à l'exception
de sa partie orientale où elle confine avec la Cappadoç#
et la Syrie, » Chez Constantin Pqrplivrogénète, au
contraire, Je nom d'Asie Mineure s,« présente pour la preéuooue
l'Asie et l'Europe renfermaient .etaesme une province qui portait.Je même
2 que la partie dumonde pù elles étaient situées-, car, taudis quunefcacton de
ia pé^isiàe qui elle-même ne forme qu'un petit ^ m d i c e d a ^ c m t a e * « ^
tiaue réclamait à elle seule le nom à'Asia, une des provinces.de la Thrace. qui également
ne constitue qu'une saillie locale du grand continent européen, était .qualifiée
à son tour du nom d'Burojw, ainsi que nous l'apprend entre autres Aminien Mar-
Giillin, 1. xxvu, 4. .C'était l'Asie en Asie et l'Ewopç en Europe.
t.' L. m De Thematibus. . . „
a. PauU Orom HMorianm, litai sqjt. ; id. MaMJduiani, Lugdum Batavorum,
1747, 1. 1, cap. 3.
3. Jotmnis Lyii de Ûslentis, éd. de Bonn., p. 351,
4, L. 1, «. î , p. AS,