GÉOGRAPHIE PHYSIQUE,
bien de circonstances dépendent ces dégagements, et combien
facilement ils peuvent se modifier ou cesser complètement,
soit par l'obstruction des conduits souterrains, soit
par l'introduction de l'eau qui absorbe le gaz et ne le laisse
échapper qu'avec la diminution de la pression atmosphérique.
Ainsi l'existence du plutonium signalé par Strabon n'aurait
rien d'improbable, quand même il aurait cessé de produire
aujourd'hui ce phénomène, ou qu'il aurait été comblé,
comme les gens du pays me l'ont assuré. Quant à
l'assertion du géographe grec que ces exhalaisons étaient
parfaitement inoffensives pour les prêtres dè Cybèle, parce
qu'ils étaient châtrés, nons n'avons pas besoin de faire de
longues excuses auprès du philosophe d'Amasia pour rejeter
son témoignage comme une fable ou comme une bévue
grossière occasionnée par un manque d'esprit d'observation,
bien qu'il parle en témoin oeulaire, et que d'antresauteurs,
comme par exemple Ammien Marcellin nons
assurent que la faculté de supporter impunément les émanations
du plutonium cTHiéropolis appartient à tous les châtrés
en général. Apulée % qui avait anssi visité l'antre
d'Hiérôpolis, ainsi qu'il l'annonce positivement, répète le
même fait, Seulement il y ajoute une circonstance qui le
dépouille de son caractère fabuleux, en disant que les
prêtres eunuques qui seuls pouvaient approcher impunément
de l'antre ont l'habitude de tenir le visage élevé:
'« ad superne semper sua ora tollentes. »'•
Lorsque, des parages de Pambouk-Kaléssi, on remonte le
Méandre et que l'on suit le Banas-tchaï jusqu'au Mourad-
1. L. nui, c. 6. — 2. De Mun'Io.
c h a p i t h e VII.
dagh, on trouve plusieurs sources sulfureuses le long des
rives de ce torrent,'mais surtout sur la pente méridionale
du Mourad-dagh. Non loin de Guédiz, et nommément près
de la route qui conduit de cette ville à Séléndji, on voit
un petit ruisseau composé d'une eau sulfureuse trèschaude.
En quittant la vallée du Méandre pour pénétrer dans lefs
régions centrales de la péninsule, nous trouvons d'abord
dans la Phrygie quatre localités thermales, savoir : deux
situées non loin d'Afium-Karahissar, la troisième à Eskieher,
et la quatrième dans les environs d'Isbarta.
Parmi les deux premières, l'une se trouve à denx lieues
à l'ouest de Sandyklu, près du village Karadja, c'est une
source assez considérable d'eau sulfureuse très-chaude qui
forme le Hamam-sou (rim'ère du Bain), l'nn des affluents
supérieurs du Sandyklu-sou ; la seconde est à côté du village
Kara-Arslan, non loin du versant septentrional du
Soultan-dagh.
La source d'Eskicher est également sulfureuse, d'une
température très-élevée; elle est située dans la ville même,
à côlé du bazar, et on y a construit plusieurs hamam qui,
après ceux de Brousse, sont peut-être les meilleurs en Asie
Mineure. Conformément à un passage de Cinname il paraitrait
que les sources d'Eskicher auraient été fréquentées à
une époque très reculée, car l'historien byzantin, en comparant
l'état de décadence dans lequel se trouvait à son
époque la ville de Doryloeum (Eskieher d'aujourd'hui) avec
sa splendeur passée, observe qu'il y avait eu des édifices
Ihermauoe magnifiqws.
1. Joannis Cmnnmi fflsf. Byzuni., 1. vu, p. 988, éd. de Bonn.