M GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
lement inférieure à celle de beaucoup d'autres torrents de
ce littoral ; aussi lui et sou équipage se livrèrent-ils impunément
à une jouissance qui avait été si fatale au héros
macédonien et à l'empereur d'Allemagne. D'ailleurs, les
circonstances que mentionne Arrten en parlant de la maladie
dangereuse que causèrent à Alexandre tes eauw froides
du Cydnus, prouvent beaucoup moins M température extraordinaire
de ce torrent, que l'imprudence du vainqueur
de Darius, car Arrien dit positivement - qu'Alexandre se
jeta dans la nvièré étant inondé de sueur et extrêmement
échauffe. On n'a pas besoin d'aller en Asie Mineure pour
payer de sa vie une semblable expérience
Étienne de Byzance» nous apprend que le nom de la
T a r S U S v i e n t d ' u n Wbe grec qui signifie se dessécher,
car la plage actuelle, remarque-t-il, était jadis occupée
par la mer où se jetait 1e Cydnus. Cette observation dë
1 auteur byzantin a cela d'important, qu'elle fait allusion
f "" [ , h é n omè n e de dessèchement qui peut-être a eu lieu
a I époque historique. Elle prête d'ailleurs un appui de plus
a I assertion de Straboni, d'après laquelle le Cydnus débouchait,
a l'époque de ce géographe, dans ,un lac qui servait
de port aux habitants de Tarse. Or ce lac, aussi bien
que 1e lac Capria, soni maintenant parfaitement comblés
bien que 1e sol y soit encore plus ou moins marécageux
A une lieue et demie environ au sud-est du Tarsus-tchaï
se trouve l'embouchure du Séhoun ou Seïhoun. C'est une
des rivières tes plus considérables de. l'Asie Mineure et en
admettant, ce qui est très-probable, que te Saran-tchaï dont
1e nom rappelle parfaitement celui de Sarus, que portait
1. L. HT, - s. Loc. Cit. - s, lac. Cit.
CHAPITRE VI. - 2»3
jadis le Seïhoun, n'est que te cours supérieur de ce dernier,
tes sources du Seïhoun-tc' IÏ se trouveraient sur te
revers méridional du Khanzyr-d gh, à huit lieues environ
au sud du Kizil-irmak, et proba lement à une hauteur qui
n'est pas inférieure à 2000 mètres. En remontant le Saransou,
je n'avais pas pu, à cause des dissensions sanglantes qui
venaient d'éclater entre tes Kurdes de ces parages, pousser
au delà de Wirancher, pour pénétrer jusqu'aux sources
mêmes du Saran-sou, et conSéquemment duSeïhoun; mais
M. Ainsworth1 se trouvant à Abaselly, à une époque de
l'année où les Kurdes n'occupent point ces régions, était
parvenu à se rapprocher des sources du Seïhoun de beaucoup
plus près qu'il ne m'a été possible de le faire. En
effet, en se rendant d'Abaselly à Wirancher, M. Ainsworth
gravit d'abord la crête de l'Anti-Taurus, qui dans cette
partie de la chaîne porte le nom de Gadudji, et qu'il évalue
à 5400 pieds, et descendit de cette hauteur dans une plaine
où il traversa le Seïhoun qu'il décrit comme un ruisseau
de 3 yards [environ 5 mètres 7 décimètres) de largeur, sur
2 pieds de profondeur. Selon les renseignements recueillis
par le savant voyageur, ce ruisseau a sa source dans une
localité, nommée Chéralik, à trois heures de distance de
l'endroit où il le traversa. Les notions que je me suis procurées
depuis, confirment les faits énoncés par M. Ainsworth,
et il paraîtrait, de plus, que les sources du Saransou
sont composées de deux ruisseaux, le Bachgueukdjé et
te Basar-sou.
Dans tes parages de Wirancher, te Seïhoun se renforce
de plus en plus par de nombreux affluents, et continue son
1. Travels in Asia Minor, etc., vol. I, p. 235.