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que dans la péninsule des plaines très-étendues, parfaitement
horizontales, et jonchées de ruines d'une multitude
de cités antiques, sont souvent au-dessus des sommets
inhabitables des plus hautes montagnes de l'Angleterre. D'ailleurs,
l'endroit le plus élevé parmi les points habités de la
Grande-Bretagne n'atteint seulement pas 600 mètres , et est
conséquemment inférieur à Madrid ; cet endroit se trouve
dans le Westmoreland , sur le massif du Kirkstone, entre
les deux pittoresques lacs de Windérmere et d'Ulleswater,
là où l'on voit la petite auberge nommée « the Travailler's
rest, » portant sur son enseigne ces mots pompeux en gros
caractères : « Point le plus élevé parmi les lieux habités de
VAngleterre. »
Ainsi, tant à causé de la grande élévation de ces montagnes
que de la fréquence de ces dernières, ainsi que de
l'altitude considérable de la plupart de ses vallées et de ses
plaines, l'Asie Mineure peut être considérée comme un pays
éminemment montagneux; elle le serait encore, si nous
réduisions à la moitié le chiffre sans doute beaucoup trop
fort que nous a fourni l'évaluation de son altitude moyenne,
car même alors elle représenterait la hauteur de Lausanne,
et elle ne resterait inférieure que d'une centaine de mètres à
l'altitude de Madrid, qui, comme on sait, est de 608 mètres.
Une des considérations qui fait le mieux ressortir le rôle
important que les montagnes jouent en Asie Mineure , c'est
l'appréciation (quelque approximative d'ailleurs qu'elle
puisse être) de l'étendue du terrain qu'elles y occupent.
Or, l'ensemble des grandes surfaces plus ou moins horizontales
dont nous avons évalué plus haut les superficies en
lieues carrées métriques, donne un chiffre total d'environ
3,439; si nous le déduisons dé celui qui représente la super-
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ficie de toute la péninsule, et qui est de 104,450 lieues
carrées, nous aurons pour les montagnes 101,011 lieues
carrées. Il est vrai que dans ce dernier chiffre sont comprises
les vallées dont nous n'avons pas tenu compte,
et que, de plus, certaines plaines1 (comme celle deMoualitch
et beaucoup d'autres) n'ont pas été comprises dans
l'évaluation des grands plateaux et des principales plaines
de l'Asie Mineure ; pour approcher davantage de la vérité,
il faudra donc retrancher du chiffre de la superficie occupée
par les montagnes, une valeur qui puisse servir de compensation
à ce que notre évaluation a pu donner de trop
à ces dernières, et de trop peu aux surfaces planes. En
affectant à cette compensation la quarantième partie du
chiffre obtenu pour les montagnes, et en l'ajoutant à celui
que nous avons accordé aux surfaces planes , ce qui doublerait
presque l'extension que leur assignaient nos calculs,
puisqu'elle serait portée à 5964 lieues carrées au lieu de
3439, il nous resterait toujours pour les montagnes 98,486
lieues carrées; la Gontrée montagneuse embrasse donc en
Asie Mineure une étendue de terrain presque vingt fois
plus considérable que celle occupée par la région plane.
Considérée sous le rapport de la répartition des accidents
de son relief, l'Asie Mineure se présente comme un massif
montagneux, déprimé presque dans sa région centrale en
un plateau qui peut avoir une altitude moyenne de 800 à
900 mètres. Ce plateau dont la surface, malgré des modifications
locales très-diverses, conserve cependant sur une
1. Nous avons déjà fait observer que dans le tableau hypsométrique des régions
qui composent l'Asie Mineure nous négligeons les localités placées au niveau de la
mer, parce qu'elles sont très-rares et n'offrent qu'une extension tout à fait insignifiante,
comparée à celle de la superficie de la péninsule.