GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
Le vaste domaine volcanique du mont Argée, dont les
ramifications s'étendent jusque dans le fond de la Galatie
doit sans doute renfermer un grand nombre de source^
chaudes que des explorations intérieures ne tarderont point
a nous révéler; pour le moment, je ne puis y signaler que
deux localités thermales que j'ai eu l'occasion d'observer
La première près de Kisser-hissar, à quatre lieues aviron
au sud-ouest de la ville de Nigdéh, et la seconde près du
village Boghaz-keuprnssi, à huit lieues environ au nordouest
de Kaïsaria.
Les eaux thermales de la première localité se trouvent à
«ne Ueue au sud-ouest de la petite ville de Kisser-hissar la
célébré Tyana de l'antiquité.
Ce sont deux bassins naturels de forme circulaire, disitants
l'un de l'autre à peu près d'une dizaine de minutes
de marche. C'est celui qui se trouve le plus à l'ouest qui
est le plus grand; sa circonférence étant de 59 pas environ,
et sa profondeur d'un mètre à 15 décimètres. Les deux
sources, mais surtout la plus considérable, sont dans un
état de bouillonnement perpétuel, à cause du dégagement
tres-violent de gaz acide carbonique. Le goût de l'eau est
acidulé, avec un léger arrière-goût de soufre; la température
ne dépasse guère celle de l'air. Les deux bassins se trouvent
parfaitement au niveau de la plaine, qui, dans ces paragesest
colorée d'une teinte blanchâtre, soit à cause des efflorescences
salines, soit par suite de la désagrégation du
calcaire lacustre. Le bouillonnement a tant d'intensité dans
le grand bassin, que, vers sa partie centrale, on voit l'eau
se soulever en un jet qui a plus de 15 centimètres de
hauteur. L'eau de la petite source est limpide, mais
celle de la grande fort limoneuse, probablement à cause
CHAPITRE VII.
du mouvement violent qui agite le fond argileux du
bassin.
Les deux sources de Kisser-hissar rappellent, sur une
grande échelle, les Makaloubi ou Salza de la Sicile, mais
elles en diffèrent par l'absence des cônes boueux de ces
dernières. D'ailleurs, les éruptions des sources de Kisserhissar
se font à travers une nappe d'eau, et n'ont point le
caractère intermittent de celles des Makaloubi. Le fond des
bassins ne paraît point offrir des excavations ou crevasses
appréciables, car j'ai vu dans le bassin de la grande source
plusieurs habitants de Kisser-hissar se baigner en le traversant
debout, sans que leurs pieds eussent à franchir
aucune inégalité.
Dans la continuation occidentale de la plaine où sont
situés les petits bassins à eau bouillonnante que je viens
de décrire, se trouve toute une série de sources thermales
que M. Hamilton1 a observées, à trois lieues environ au
nord d'Érégli, mais que je n'avais pas pu visiter à cause
de l'état de faiblesse extrême où les accès de fièvre m'avaient
réduit lorsque je. traversais en pleine canicule les
steppes brûlantes d'Érégli. Selon la description éminemment
instructive que nous donne de ces sources le savant
explorateur anglais, elles se trouvent sur la crête d'une
rangée de collines alignées de sud-sud-est au nor<J-nord-est,
et qui toutes sont l'ouvrage de ces sources mêmes, dont les
orifices se bouchent, à mesure que les dépôts qu'elles forment
autour d'elles en exhaussent les boids, au point que
la colonne d'eau ne peut plus les atteindre et se prouve
forcée à s'ouvrir une autre issue; dè;
cette manière on voit
1. Researches in Asia Min or, etc., vol. II, 307.