40® GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
Le Gutcbé . d a }l n'est pas très-élevé, et la route le franchit
près du village de Nazradin; ¡1 s e termine vers la mer par
des précipices et des pentes dirigés du nord au sud et se ra ttoche
a la chaîne du Cragus à l'endroit où la côte se trouve
hérissée de rochers abrupts entre Tcharak et Udiarv situé à
f | he° M d » Pwnuer. Sur cet espace le littoral n'es't accessible
qu au piéton, q „ i p e u t ] e l o n g e r ensuiyant
étroite ou souvent il n'y a que la place nécessaire pour poser
le pied, tandis qu'à cheval et surtout avec des bêtes de '
somme on est obligé de grimper laborieusement un sentier
le long des flancs des rochers élevés ; et bien que ces passages
soient assez pénibles, le voyageur est amplement dédommage
de ses efforts par le superbe coupd'oeil dont il jouit
car du haut de ces montagnes richement revêtues d'une
végétation presque africaine, il voit sans cesse se déployer
la magnihque nappe de la Méditerranée'comme une surface
gigantesque de cristal où se réfléchit l'azur d'un ciel telle!
ment pur, qu'au mois de décembre, lorsque j à me trouvais
dans ces parages, il avait encore tout l'éclat et toute la
transparence qu'il pourrait avoir dans les plus beaux mois
de 1 été. Ce qui rehausse encore le charme de ce panorama
ce sont les contours vaporeux de l'île de Chypre qui depuis
Kelendré ne cessent de se dessiner plus ou moins distinctement
sur la voûte de l'horizon.
La chaîne du Cragus ne se présente du côté de la mer
que revêtue de contours peu hardis, et ses sommités sont
linéaires ; vers la fin de novembre elles portaient 'déjà quelques
lambeaux de neige, tes flancs méridionaux du Ch»:
gus se terminent par des franges gigantesques, qui s'allongent
dans la direction du nord-est au sud-ouest et dont
les extrémités forment des promontoires plus ou moins
'CHAPIÎRtë Vlti. 40?
escarpés; aussi presque tout le littoral le long du Cragus
est complètement inaccessible depuis le Kalédéresmjusqu'à
Guné. Dans les parages d'Imamly qui correspondent à peu
près à l'extrémité nord-ouest du Cragus (peut-être VJnti-
Cragïis des ancien^;'la côte commence à s'affranchir des
envahissements de la chaîne de PAndricu», qui tourne de
plus en plus au nord-ouest et se termine par le Gheuk-dagh
[Montagne du ciel). \ " . 'ui
I.o célèbre août Cragus a été l'objet d'assertions trop
divergentes de la part des auteurs qui le mentionnent pour
que l'on puisse admettre que ces derniers en aient toujours
parié àvec connaissance de cause, ou qu'ils aient été euxmêmes
sur les lieux. Strabon, après avoir assez correctement
décrit le Cragus, y -place le séjour de la ÙMmère
vomissant des flammes ; or cette divinité allégorique à pour
Origine un phénomène très-réel constaté par les voyageurs
les plus récents et les plus dignes de foi dans le massif montagneux
de la Lycie, connu SoùSÏe nom de Sbliman-dagh,
et où M. Beaufort a été un des premiers à signaler un dégagement
de gaz, qui y brûlait constamment avec une vive
lumière. Le Cragus, qui est dans là Cilifiie Trachée et dont
la composition géologique favorise peu des phénomènes
de cette nature, n'a donc jamais pu être le berceau du
mythe de la Chimère, tandis qu'il était parfaitement à Sà
placé dans te groupe du Soliman-dagh en Lycie. Aussi
c'est là que la Chimîre ignivome est mentionnée jsar Pline
et Scyiax de Caryàdne, qrti tous deux affirment que la
Chimire brûle jour et nuit dans le mont du Phasehjs « in
phasèlitide mottle. »
Pomponius Mêla place également la fable de la Chimère
en Lycie, « Lycia infestata olim Chimoem ignih)s, » et Ce