S * GÉOGRAPHIE PHYSIQUE,
ne le plaçant toutefois, sous le. rapport de la richesse de
son produit , qu'après l'Hebrus^r-Ie Pô et lé Tagé1 . Denys
Périégète , qui selon Dodwell était postérieur à l'empereur
Caracalla, mentionne l'or que charriait le Pactole
de son temps; et Rufus Festus Avienus 1 , qui écrivait
au m" siècle de notre ère, donne encore au Pactole l'épi—
thète d'auriger. Claudien, qui fait également allusion au
Pactole comme possédant cette qualité, l'attribue déplus
au Sangarius, au Gallus, au Méandre et au Marsyas. Il
paraîtrait d'après toutes ces autorités que le Pactole a parcouru
plusieurs phases sous le rapport de ses propriétés
aurifères, les perdant et les recouvrant tour à tour. Les
témoignages de Rufus et de Claudien marquent peut-être
la dernière de ces phases, du moins il ne paraît pas qu'aucun
auteur plus récent ait parlé des dépouilles précieuses
du Pactole, dépouilles qui,- selon Strabon4, avaient été une
ides raisons principales de la richesse proverbiale de
Crésus. Il est vrai que Constantin Manassès, byzantin du
XIe siècle, donne au Pactole également l'épithète d'aurifère
« -¡tpwreoSivïiç.ji«xtuMc$ »; -mai s il est difficile de conclure
du passage où, chez cet auteur, le Pactole figure à
côté du « Nil argentifère, » s'il s'agit de faits empruntés à
l'époque de Manassès même, ou simplement à une de ces
réminiscences classiques que le chroniqueur-poëtè dont
il s'agit entremêle fréquemment à ses récits. D'ailleurs
Jean le Lydien 6 ne mentionne le Pactole de l'Hermus que
1. Juvénal mentionne également les deux derniers fleuves comme aurifères.
2. Descriptio orbis terroe , ap. Huds.
3. L. xni, 4. In Eutrop., 1. n, vers. 260 et seqq.
- 4. L. un, 4.
5. Constantini Manassis Compeiïdium chrontcum, vers. 6258:
JoannisLydi, De Magistratibul P. R., lili, m, p. 258, éd. de|Bonn. Il faut en
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comme ayant jadis fourni de l'or aux Lydiens; or l'auteur,
qui était lui-même natif des parages limitrophes du Pactole,
devait nécessairement être mieux renseigné sur ce
sujet que qui que ce soit.
Avant de terminer l'examen des témoignages que nous
a laissés l'antiquité sur le Guedis-tehaï, ou l'Hermus, nous
devons faire mention d'un passage de Pline ' où ce naturaliste
en parlant de la ville de Leuce ou Leucoe dit qu'elle est
située sur un promontoire qui jadis fut une île : « oppidum
Leuce in promontorio quod, insula fuit. » Or, si le village de
Levkès d'aujourd'hui est (comme l'analogie des noms et. la
concordance de sa position avec celle que lui assignaient les
anciens semblent le prouver) le Leucoe ou Leuce de l'antiquité,
l'assertion susmentionnée de Pline aurait un intérêt
géographique tout particulier ; en effet, cevillageestsitué sur
une des saillies par lesquelles se termine le delta du Guedistchaï;
la saillie se trouve bordée du côté de la mer par une
série d'îlots qui se rattachent au sud à une langue de terre,
et constituent avec cette dernière une espèce de digue en
forme de croissant, qui donne naissance à un petit golfe
ouvert du côté du nord; or la saillie .de Levkès a pu évidemment
être une île comme le sont celles qui constituent
la barrière ou digue susmentionnée, et comme l'a été probablement
aussi la langue de terre dont elles ne sont séparées
que par des passages très-étroits, qui s'ensablent de
dire autant del'assertion de Vibius Sequester, qui, en parlant du Pactole, dit: aurum
trahit, n est peu probable que cet auteur ait voulu attester un phénomène
"existant de son temps.
1. L. 1,34.
2 Straion, 1. n v ; Velléius Paterculus,.!. n, 4, et Pomponius.Méla, 1.1,17,parlent
tons de la ville de Leuce ou Leucoe, mais sans mentionner la particularité
rapportée par Pline. 4 6