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déchiquetées se dressent autour du sentier que l'on gravit
et qui, à l'ouest, est bordé par un abîme circulaire qui
laisse à découvert la chaîne du mont Ida, dont on voit les
sommets neigeux s'élever majestueusement. Le point culminant
du col, point qui est à peu près de 200 mètres audessous
des sommités principales de la chaîne, est de 658
mètres. -La descente par le revers méridional est beaucoup
plus longue que la montée par le revers opposé, elle ne
dure pas moins d'une heure et demie et traverse une pente
assez rapide, sillonnée dé ravins profonds et hérissés de
blocs de syénite. Bien que le revers méridional s'aplanisse
graduellement pour disparaître dans la plaine d'Edrémid,
on voit encore dans cette dernière plusieurs hauteurs isolées
qui sont autant de contre forts extérieurs de la chaîne.
L'Atkayassi-dagh n'est en quelque sorte qu'une expansion
latérale de la chaîne du Kaz-dagh ou d'Ida, avec
laquelle il rivalise sinon d'élévation, du moins de longueur.
Le Kaz-dagh est composé de trois chaînes dont la disposition
est assez remarquable; savoir : le Kaz-dagh proprement
dit, l'Adjeuldéré-dagh et l'Aghy-dagh; ces- trois
chaînes forment presque un demi-cercle régulier, dont la
concavité est tournée au nord-ouest, et qui est terminé au
sud-ouest par le Kaz-dagh, et au nord-ouest par l'Aghydagh.
L'enceinte intérieure de ce demi-cércle est sillonnée
de profondes vallées, dont nous avons déjà signalé quelques
unes en parlant des cours d'eau qui descendent du
groupe du mont Ida. II. en est de même dé l'enceinte extérieure,
qui est également frangée et largement découpée par
des sinuosités et des saillies ramiâées; c'est ce qui est
surtout le cas avec le Kaz-dagh ; son revers méridional
CHAPITRE IX. 4M
descend vers la côte en longues lanières diversement denticulées
et lobées, dont les contours gracieux donnent une
physionomie si pittoresque à cette partie du littoral de la
Troade. Les diverses saillies du revers méridional du Kazdagh'
portent plusieurs villages comme, entre autres,
Papaslu et Nurlu, du haut desquels îa vue, sur le golfe
d'Edrémid et sur l'île de Mitylène, a quelque chose de vraiment
magique.
L'Aghy-dagh, qui termine au nord-ouest le grand demieercle
dont l'extrémité opposée est formée par le Kaz-dagh,
a des contours plus ou moins doux, et n'atteint qu'une élévation
peu, considérable. C'est le Kaz-dagh d'aujourd'hui
qui, comme nous venons de le voir, n'est qu'une des trois
chaînes qui composent le grand demi-cercle susmentionné,
qui était si célèbre chez les anciens sous le nom de mont Ida.
Pausanias1 dit que les anciens donnaient le nom d'Ida à
tous les lieux ombragés par des forêts, et que c'est pour
cela que cette montagne fut appelée ainsi. Bien que, selon
Plutarque le Géographe3, le mont Ida s'appelât jadis Gargara,
il paraît cependant que dans l'antiquité la plus
reculée ces deux noms-existaient simultanément; car
Homère3 et Virgile4 se servent particulièrement du nom
d'Ma, tandis que Pline5 emploie celui de Gargara. Ovide''
fait indifféremment usage des deux noms.Vibius Sequester7
applique le nom de Gargara -seulement au sommet de la
montagne : « Gargara Idae montis cacumen. » Diodore de
Sicile et Apollodore8 signalent le mont Ida comme le plus
1. L. i . — 2. Ve Fliim. et Mont, nom., ap. Huds , T,.2.
3. rihd. — 4. Géorgie.,1. i , vers. 102.
5. h. vt 88. — 6 -De Flvm., p: 29, éd. d'CErlinus.
7. L. xvn, 7: — 8. L. n.
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