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autre avantage, celui d'approfondir une question du plus grand
intérêt : savoir, à quelles époques et par quelles causes s'est opérée
graduellement l'extinction de ce foyer de vie et de force, que la
Providence semblait avoir érigé dans cette terre classique sur une
échelle tellement gigantesque, que l'on eût été tenté, pour ainsi dire,
de révoquer en doute sa puissance de le détruire.
Enfin mon ouvrage se terminera par un tracé historique des diverses
pérégrinations que j'aurai accomplies pendant le cours de mes longs
travaux. Les impressions et souvenirs de voyage y trouveront leur
place, et contribueront peut-être à fourni •• quelques données intéressantes
de plus sur les moeurs, les usages, les conditions sociales de
l'Orient.
Comme je ne soumets aujourd'hui au public que le commencement
du grand ouvrage dont je viens d indiquer le plan général, ouvrage
qui ne pourra être terminé complètement que dans deux ans, je me
permettrai encore une observation relativement au volume publié en
ce-moment.
Quelque imparfaite que doive être une ébauche de la géographie
physique de l'Asie Mineure, mon travail aurait sans doute offert moins
4e défectuosités et de lacunes, si j'en avais ajourné la publication
jusqu'à mon retour de la nouvelle campagne que je suis sur le point
d'entreprendre, et qui aura pour objet l?exploration finale des parties
de la péninsule que je n'avais pas encore suffisamment étudiées. Mais,
lorsqu'il s'agit de voyages comme ceux que e fais, il est bon, avant
de se mettre en route, de vrer au public tout ce que l'on peut
confier à son indulgence, car on n'est pas toujours bien •sûr de pouvoir
le faire plus tard, et il vaut encore mieux communiquer soimême
son modeste contingent dans un état imparfait, que de le voir
transmis par une main étrangère fouillant les cendres refroidies de
l'auteur.
J'ai choisi, pour Je travail que je présente aujourd'hui, le titre de
Géographie physique comparée de L'Asie Mineure, parce qu'en analysant
les grands traits de la physionomie physique de cette contrée,
non-seulement je les compare aux phénomènes analogues de nos
régions d'Europe, mais j'y ajoute presque toujours des considérations
rétrospectives, dans le but de1 rechercher si parmi les renseignements
que les auteurs de l'antiquité -et du moyen âge nous ont laissés sur ces
PRÉFACE. XI
sujets, le géographe parviendrait à y découvrir quelques indices des
changements qu'ils ont'pu subir dans le cours ides •siècles.
Il m'a paru que l'archéologie devait offrir un intérêt très-réel dans
son application'aux sciences exactes, en nous révélant; par des mànuments
historiques, pour ainsi dire la marche progressive de la nature.
C'est ainsi que (pour ne citer qu'un exemple) les investigations auxquelles
j eme suis livré pour recueillir les témoignages que lessiècles
passés nous ont légués relativement aux cours;d'eau de l'Asie Mineure,
m'ont souvent fourni, comme on le verra, des données curieuses sur
les modifications diverses qu'ils ont éprouvées, soit dans leur direction,
soit dans l'ensemble de leur régime.
Malgré l'empire des souvenirs classiques qui s'imposent involontairement
à quiconque fouie le sol sacré 'deilîA'sie Mineure, je n'ai pas
cru devoir suivre l'exemplede M. Kiêpert, qui a placé sur sa carte les
noms anciens à côté des noms modernes, d'abord, parce qu'une partie
de mdn ouvrage étant destinée à l'archéologie de cette contrée, le
lecteur-pourra y trouver tout ce qui est relatif aux dénominations1 que
les localités modernes ont pu avoir porté dans l'antiquité; et ensuite,
parce que ma carte se trouvant déjà beaucoup plus chargée que celle
de M. Kiepert, j'avais craint que ee nouveau renfort de noms ne nuisit
à la netteté du tracé.
D'un autre côté, j'ai suivi l'exemple du savant allemand, qui a
substitué les anciennes divisions politiques à celles tque la péninsule
présente aujourd'hui. En effet, bien que les premières manquent de
cette précision qu'exige line délimitation territoriale, cependant ces
noms à jamais célèbres, se sont tellement identifiés avec les études de
notre enfance, qu'-aiicune1 'division moderne ne pourra avoir; l'avantage
de parler aussi fortement à l'esprit et:aux yeux.
Je n'ai pas besoin d'ajouter que, dans la section statistique de mon
ouvrage, j'iîid'iquérai la Relation des divisions anciennes avec celles
qui subsistent aujourd'hui.
Une partie des vues pittoresques qui accompagnent le volu'me 'que
je livre au public a été faite par M. Dorogoff, artiste russe, que je n'ai
pu malheureusement conserver que pendant trois mois, parce qu'il
ne se sentait pas en état de supporter les fatigues du voyage.
Les vues du mont Argée sont un précieux souvenir de mon jeune
au i Oulwert, qui m'a accompagné dans mon ascension, et avec lequel