GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
En côtoyant le littoral de la Carie au sud du lac Akiztchaï,
nous arrivons au lac de Keudjez-liman. Ce petit lac a environ
sept lieues de circonférence et à peu près quatre lieues
carrées de surface. Sa plus grande longueur du sud-sudouest
au nord-nord-est est de deux lieues et demie sur une
largeur moyenne d'une lieue et demie. Il n'est qu'à une
lieue de la mer, qui forme dans ces parages des sinuosités
nombreuses dont ce lac paraît avoir jadis fait partie ; aussi
l'espace qui l'en sépare n'est composé que d'un terrain
marécageux, qui domine également tout autour du lac.
D'ailleurs, le nom qu'il porte en turc est, sous ce rapport,
extrêmement significatif ; car, tandis que tout lac en général
est désigné dans cette langue par le substantif gheul, qu'on
ajoute au nom propre, le Keudjez, au contraire, est accompagné
du mot Liman, qui signifie golfe; en sorte que le nom
de Keudjez-liman que porte ce lac veut dire golfe de Keudjez,
ce qui paraît renfermer une allusion à son ancien état
N'ayant pas été sur la plage même du lac pour en déterminer
la hauteur, je ne puis eu juger que par celle de la
plaine qui le borde au nord, et dont l'altitude ne paraît pas
considérablement dépasser celle du lac; car le baromètre
m'a donné, pour la plaine susmentionnée, 29 mètres, et il
est vraisemblable que la hauteur du lac au-dessus du niveau
de la mer est plutôt inférieure que supérieure à ce chiffre.
Le goût de l'eau n'est presque pas saumàtre. Au reste,
quand même ce lac n'aurait été isolé de la mer qu'à une
époque historique, le grand nombre de ruisseaux qu'il reçoit
aurait eu le. temps de détruire toute salure. D'ailleurs
cette séparation à une époque historique ne se trouve appuyée
sur aucun témoignage; car, du temps de Strabon,
une ville célèbre (Caunus) se trouvait sur l'espace qui sépare
CHAPITRE III. ,oï>
au sud le lac de la mer; cette séparation existait donc, dans
tous les cas, il y a plus de dix-huit siècles.
Du lac de Keudjez-liman, qui se trouve presque sur la
limite entre la Carie et la Lycie, nous entrons dans cette
dernière pour y signaler quatre petits bassins très-peu importants,
savoir : le Kermanlu-gheul, le Soghud-gheul (probablement
,1e Caratitis des anciens), le Gullnssar-gheul et
l'Avelan-gheul. Ce dernier, qui est le plus méridional, est a
environ huit lieues de lamer. La superficie du Soghud-gheul,
nui est le plus considérable parmi ces petits lacs, est d environ
deux lieues carrées; sa longueur étant de deux lieues
et demie, sa largeur moyenne d'un quart de lieue, ou d un
kilomètre, et sa circonférence de près de six heues.
Quant au lac Avelan, il présente les proportions suivantes
: superficie, une lieue et demie, longueur du nord au
sud, deux lieues; largeur moyenne,' près d'une lieue; circonférence,
près de quatre lieues.
l e Gulhissar n'a qu'une lieue carrée environ de superficie
trois lieues et demie de circonférence, une lieue de
longueur du nord au sud „sur près d'une lieue de largeur
moyenne. .
Enfin le Kermanlu-gheul paraît être le plus petit de tous
les lacs de la Lycie : il a à peine une lieue de longueur, près
de deux lieues et demie de. circonférence, et à peu près un
nuart de lieue carrée de superficie.
L'Avelan-gheul termine la série des lacs que nous avons
à mentionner dans la proximité plus ou moins, grande des
côtes de l'Asie Mineure, et nous pouvons maintenant nous
diriger vers les régions centrales en nous élevant par la
Pisidie vers la Phrygie et la Lycaonie; mais avant de quitter
les régions littorales, nous devons signaler encore les