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superficie d'environ quatre cent, vingt-cinq lieues carrées.
Sur ses lisières méridionales et orientales, les accidents du
terrain prennent tant de développement, que la limité entre
le domaine.du plateau et celui de la montagne, devient
tout à fait impossible à établir. La partie la plus horizontale
de cette région est sa portion centrale, située au sud du
petit campement arménien de Mandjoulik.
L'espace qui s'étend entre ce dernier et les chaînes des
montagnes (TergueJ-dagh, Knrdkoulak-dagh, etc.), qui
forment la limite septentrionale du grand plateau de l'Ouzounyaïla,
offre également un relief tellement accidenté,
que parmi les renflements nombreux qui sillonnent la contrée,
il en est plus d'un qui, à lui seul, constituerait una
montagne, puisqu'ils atteignent le pins souvent et dépassent
quelquefois l'altitude du Vésuve; mais disposées sur la surface
de cette gigantesque intumescence, l'ensemble de toutes
ces hauteurs, ne détruit point te caractère dominant du
plateau; d'ailleurs, sous le point de vue géologique, qes
hauteurs ou renflements locaux présentent tous la plus parfaite
identité; car ce ne. sont toujours, que les ridements
d'un immense bassin lacustre, ainsi que nous le verrons
dans une autre partie de cet ouvrage.
A l'endroit où se trouve le petit campement arménien de
Mandjonlik, la hauteur du plateau est de 1653 mètres, et
au village de Deliktacb, de 1800! '
Toute la partie centrale du grand plateau île l'Ouzounyaïla
manque complétementd'eau, et danssa partie septentrionale,
on ne voit.que deux ruisseaux, le Tchamourlu-sou [rivière
boueuse) et le Balaklan-sou. On franchit le premier a trois
lieues à l'est de Tonus, en allant de cette petite ville à Mandjoulik;
dans ces parages, le Tchamourlu-sou a une profon-
-. CHAPITRE XI. 831
djeur peu considérable, et se trouve tra versé par un beau
pont probablement antique, car j'y ai observé plusieurs
bas-reliefs que j'ai copiés* et dont nous parlerons dans la
partie archéologique de cet ouvrage, A l'endroit, où l'on
franchit le Tchamourlu-sou, à une hauteur de 1579 mètres,
il coule, du nord-est au sud-ouest, et va déboucher dans le
Balaklan-sou, Excepté ces deux petits cours d'eau, il n'y
a, dans la partie septentrionale de l'Ouzounyaïla, que des
ruisseaux qui, pendant l'été, çont plus ou moins à sec;
aussi lps tribus Kurdes et Avchares, qui ont l'habitude
de passer les mois des grandes chaleurs sur çe plateau,
sraupent-eUe leurs Campements toujours le long des ruisseaux
qui ne tarissent point complètement, et entre autres,
le long du Tchamourlu-sou et du Balaklan-sou.
Ces oiseaux de proie qui viennent s'abattre pendant l'été
sur' l'Ouzounyaïla, sont fort incommodes pour les rares
pèlerins qui sont dans le cas de traverser ces parages, car
la terreur qu'ils inspirent aux gens du pays, fait que personne,
parmi eux, ne veut servir de guide à l'étranger,
qu'ils s'efforcent d'alarmer par l'énumération exagérée des
dangers auquel il s'expose. Nous avoiïs déjà eu l'occasion
d'observer, en parlant du Tchilchek-dagh, que les mêmes
tribus qui vont passer Tété sur l'Ouzounyaïla, ne sont pas
plus aimahles, lorsque, après avoir quitté leurs campements
estivaux, elles viennent reprendre leurs stations d'hiver.
Celles de plusieurs tribus Kurdes et Avchares, établies en été
sur l'Ouzounyaïla, se trouvent dans les gorges du Khanzyrdagh
et du Kurdkoulak-dagh, et il est assez curieux que
ce sôieht précisément ces montagnes qui portent des noms
q,ui semblent avoir élé suggérés par un sentiment de hame
et de terreur, car Khanzyr signifie cochon, pourceau, terme