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opéraient leur jonction dans les parages de cette ville ainsi
que c'était le cas un siècle auparavant, c'est-à-dire à l'époque
du géographe arabe susmentionné, et que de plus,
au xv« siècle, l'embouchure du Pyramus n'était pas encore
à sa place actuelle
Léon le Diacre qui était d'environ un siècle antérieur à
Cedrène, placé, il est vrai, Mopsuëslia sur lé Pyramus; toutefois
en retraçant la marche de l'armée dé l'empereur
Ntcéphorus contré les Sarrasins, depuis Tarsns jusqu'à la
Mésopotamie, il ne mentionne que le Pyramus sans parler
du Sarus, ce qui semblerait prouver qu'à l'époque dé
Léon, c'èst-à-dire au x' siècle, comme à celle de Cedrène,
c'est-à-dire dans le g siècle, il n'existait dans ces parageb
qu'Un seul grand fleuve, désigné tantôt par le nom de
Sarns, tantôt par celui de Pyramus.
Nicefes Choniàla*, en parlant de Mopsuestia, la place
sur le Pyramus, et de plus il ajoute qu'il se trouvait sur
cette rivière des navires qui avaient leur station permanente
dans les parages de Mopsuestia, ce qui semblerait
prouver qu'au XII" siècle lé Djihoun était encore navigable.
Jean Cinname3-, qui écrivait également dans le courant
du xii- siècle, dit positivement que le Pyramus traversait
Mopsuestia, et fait descendre ce fleuve aux vaisseaux de
l'empereur Manuel qui leur avait confié les dépouilles mortelles
de son père. Theophanes«, en retraçant la marehe de
l'empereur Héraclius, hé mentionue que le Pyramus sans
parler du Sarus, et cependant il fait passer ce prince par
1. Leonis Diaconi Historiés, 1. m, il.
2. L. i, p. 67, éd. de Bonn.
3. Joan. Cinnami Epitome, 1. n, p. 30, éd. de Bonn.
4. Chronographiu, vol. I, p. 482, éd. de Bonn.
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CHAPITRE VI. "307
Germanicia (Marach d'aujourd'hui") pour se rendre de là à
Adana; or, l'empereur ne.pouvait traverser l'espace qui
sépare ces deux villes, sans franchir d'abord le Pyramus et
ensuite le Sarus.
II résulte de la discussion critique dés autorités que
nous avons rapportées, que parmi celles qui constatent
positivement l'existence des deux rivières en question
commé de deux cours d'eau indépendants, on ne peut admettre
que Xënophon, Tite-Live, Appien, Pline, Strabon
et Ptolémée; tous lés autres, au contraire, attestent directement
ou indirectement la réunion des deux rivières en un
seiil fleuve.
Voici maintenant ce qui découlé de l'examen de toutes
ces autorités, relativement aux phases succèssives que le
Sarus et le Pyramus ont pu subir.
1 ° Dans l'espace d'à peu près vingt-deux siècles, c'està
dire depuis environ quatre cent cinquante ans avant
notre ère jusqu'à l'époque actuelle, le Seîhoun et le Djihoun
ont tour à tour opéré leur jonction ét leur Séparation pâs
moins de six fois. Ainsi ces deux rivières ont été réunies
ou séparées aux époques suivantes : '
Environ quatre siècles et demi avant J.-C. (Xènophon.). Séparées.
Environ quatre Siècles avant J.-C. .(Sctlax.)—...-. Réunies:
An ier fit an commencement dn;u® siècle après J.-C. (Strabon ,
Pline, Ptolémée l . ) . . , . . . . . . . . . . . ; ... Séparées.
Deux siècles environ après J.-G (Dents Periegbte. ) . . . . . , Réunies.
Trois siècles environ après J.- G. ( Aviknds.). Réunies.
Ail vi« siècle après J.-C. ( Procope.}, , . . . . ; . . . . . . Séparées.
Dans le XIe siècle après J.-C, (Cedrène,^,. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Réunies.
Dans le IU° siècle après J.-C. (Anne Comnène.) Réunies.
Dans le xiv° siècle après J.-C. (Aboulfeda.*). Réunies,
Dans le xv® siècle après J.-C. (Barbaro,).. Réunies.
Dans le xtxe siècle.. ." Séparées.
1. Il est vrai que Pomponius Mêla, qui rie ihentibnne point-le Sarus, était contemporain
de Pline et presque de Strabon, et ne mourut qu'environ quatre-vingt?