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2° Le second fait qui résulte des témoignages que nous
avons rapportés, c'est que le Djihoun d'aujourd'hui a une
embouchure tout autre que celle qu'il avait précédemment,
puisqu'elle se trouvait à côté de la ville Mallus ainsi
que l'attestentSeylax ', Strabon Plolémée QuinteCurce 3}
Pomponius Mêla5, Etienne de Byzance6 , etÉdrisi7. Or,'
aujourd'hui l'emplacement de Mallus est à plus de 8 kilomètres
au sud-ouest de l'embouchure du Djihoun. La position
de cette ancienne embouchure explique le passage
d'Aboulféda, où il est dit qu'au-dessous de Mopsuestia le
Djihoun tourne à 1'ouçst : aujourd'hui, à la vérifcé, il y
fait un coude au sud-est; mais à l'époque où il allait
déboucher a côté de la ville de Mallus, sa direction devait
en effet être au sud-ouest.
Il n'en est pas de même de celle que donne Aboulféda à
toute la rivière en disant qu'elle coule du nord au sud.
Òr, bien que jusqu'à Marach le Djihoun ait une direction
moyenne du nord-nord-est au sud-sud-est, cependant audessous
de Marach, il tourne brusquement au sud-ouest et
conserve cette direction jusqu'à près de son embouchure
où il dévie vers l'est. Il est impossible que, non-seulement
depuis Aboulféda mais même à aucune époque historique,
la partie supérieure du Pyramus ait pu subir un changement
assez notable, pour se diriger du nord au sud, car
ans avant.Ptoléînée, tous auteurs qui mentionnent' le Sarus; Cependant, l'autorité
réunie du naturaliste romain et dès deux géographes grecs doit remporter sui' celle
de Pompomns Mêla qui, d'ailleurs, sous ie rapport ile la compétence, est «en inférieur
tant a Strahon qu'A Plolémée. ' ' - ' ' s" ;-
1. Ap. Huds.-.f. I, p. 40: — a, t . HV, ». — s. L. », 7. _ T IN 4
5. L.,, 13. Pompomns Mêla {ait même traverser la Tille de Mallus par la rivière
« Pyramus Mallan proeterfluû: H
6. Ve Urbibus él Populis. UTPAMOÏ.
7. Loc. cfl.
' CHAPITRE VI. 30 9
quoique dans son cours inférieur et nommément depuis
Mopsuestia jusqu'à son embouchure, il traverse des plaines
composées de dépôts de transporl qui peuvent se prêter au
creusement de nouveaux lits, néanmoins depuis Mopsuestia
jusqu'à sa source, il ne peut prendre une direction du nord
au sud sans percer des montagnes et des hauteurs plus ou
moins considérables. Il est à présumer qn'Aboulféda, mal
informé sur le cours supérieur du Pyramus, a pris pour tel
un dé ses affluents principaux, commè, par exemple, la
rivière de Sis, qui effectivement coule du nord au sud.
Aussi cet écrivain ne dit-il rien des" sources du Pyramus
et paraît-il les avoir complètement ignorées.
Édrisi1 s'exprime d'une manière très-vague sur les
sources du Pyramus et du Sarus; il se contente de dire que
le Seïhan et le Djeihan émanent du pays de Rdwd. Macarius,
qui visita l'Asie Mineure au XVII* siècle, est peut-être un des
premiers à signaler correctement les sources du Pyramus,
car le patriarche d'Antioche dit2 qu'il traversa le Djihoun
(qu'il appelle' aussi Élezrek ou Rivière bleue) près de sa
source qui se trouve, observe-t-ïl, dans les environs d'EIbostan
3.
1. Giagr- d'Mrisi, trad, par Amédée Jauhert, vol, II, p. 133, f t publiée pal la
Société de Géographie: '
2. Travels of Macarius translated from the amine, by Belfour, vol. II, part. I,
p. H». . ,, , ,
3 En soumettant les anteurs anciens, et surtout ceux du moyen Ige, a un
examen attentlt, dans le hut d'y découvrir des données relatives aux changement
que les cours d'ean ont pu suhir dans les époques historiques, on parviendra sans
doute à recueillir, à l'égard de nos fleuves d'Europe, des renseignements semblables
à ceux que nous avons recueillis sur plusieurs rivières de l'Asie Minénre. Des
recherches de cette nature (trè's-nêgligêesjusqu'à aujourd'hui) pourraient souvent
marcher de pair, en se contrôlant réciproquement avec les données puisées
dans des considérations géologiques. Ainsi, M. Zimmerman *, en s'appuyant sur
• Nettai Jahrhuoh fur Mintralogit
185Ï, p. 193.
Giôgno«». etc.; voa Lêonhard ; uud Bronn. Javpuig;