<96 GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
tard allusion à la température élevée de quelque source
thermale située peut-être dans son voisinage.
Presque tous les auteurs anciens, et entre autres Arrien,
Strabon, Appien, Po.mponius Mêla, Pline, Ptolémée, etc.,
mentionnent le Thermodon; mais c'est toujours pour rappeler
la fable des Amazones, et jamais pour nous donner
quelques particularités qui puissent intéresser le géographe
ou le naturaliste. Seulement, Apollonius de Rhodes ' nous
dit que le Thermodon descend d'une chaîne de montagnes
nommées montagnes des Amazones; et selon Ammien Marcellin
% ,les sources de cette rivière se trouvent sur le mont
Armonius.
Depuis l'embouchure du Termé-tchaï jusqu'au village
Ordu, limite orientale de notre carte, il j a un trèsgrand
nombre de cours d'eau, parmi lesquels beaucoup
retracent- des souvenirs des siècles passés ; mais on peut
leur appliquer le mot spirituel que Pomponius Mêla dit a
l'égard des ondes célèbres du Scamandre et du Simoïs :
«• farnâ quam naturâ majora flvmina. »
C'est Arrien3 qui nous donne l'énumération la plus complète
des cours d'eau qui se succèdent à l'est du Thermodon,
parmi lesquels plusieurs portent encore aujourd'hui
des noms qui rappellent ceux qu'ils avaient jadis. Ainsi,
cet, auteur place tout à côté du Thermodon le Beris qui est
probablement le Mélitch-tchaï d'aujourd'hui, éloigné de
moins de deux lieues du Termé-tchaï ; vient ensuite le Thoaris,
dont le nom se retrouve dans le Turé-tchaï; "puis le
1. Argonaute cant. n, vers. 1000.
». L.-zn; 8.
3. Ptolémée ne cite aucun des cours d'eau* signalés par Arrien, et se contente
de placer immédiatement après le Thermodon la rivière de Polemenivm.
CHAPITKE IV. <9 7
M B S qu'il place à l'est de la vallée Oénoé. Or,
comme l'Ounié d'aujourd'hui rappelle parfaitement le nom
de çette ville, il s'énsuit que le Djévis-deré, qui est tout
à côlé, est le Phigamùs d'Arrien; enfin, vient la nviere
Polemonium, qui, évidemment, est le Puleoman d'aujourd'hui.
Excepté ces cours d'eau, déjà Célèbres dans l'antiquité,
il en est plusieurs autres encore, mais ce ne sont que des
ruisseaux plus ou moins insignifiants, qui n'en contribuent
pas moins à la beauté de cette partie du littoral,. ou: la
magnificence de la végétation vient rehausser les contours
pittoresques des montagnes et des promontoires Parmi ces
derniers, le câp d'Ounié,se présente surtout d'une manière
fort remarquable. 11 se dresse à côté de l'embouchure du
Pouléoman-tchaï, et attire les regards par le château dont
il est couronné, et qui fut bâti, il y a un siècle, par
Suleiman-Pacha. M. Laurent a retracé, sur la planche 23
de cet ouvrage, le pittoresque édifice qui, placé dans le
. voisinage du cap Jason, rappelle involontairement les deux
phases extrêmes de l'histoire de cette contrée, le nom du
premier navigateur dans le Pout-Euxin et celui des maîtres
actuels de la-côte qu'il baigne.
Avec le Termé-tchaï et la série de ruisseaux classiques
qui se succèdent en foule à l'est de eette rivière, nous
avons terminé notre description générale des cours d'eau
principaux qui débouchent dans la mer Noire, et nous
pouvons commencer maintenant l'examen des côtés de la
mer de Marmara, et des deux détroits par lesquels elle
communique avec le Pont-Euxin et l'archipel grec.