1 0 6 GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
traces d'un lac jadis très-considérable, savoir celai du lac
Capria. Strabon en décrivant la Pamphylie, signale entre
les deux rivières Cestrus (Aksou d'aujourd'hui) et Eurymedon
(Keuprou-soU) le lac Gapria, qu'il qualifie de trh-grand;
Ptolémée n'en parle point, bien qu'il nomme également les
deux rivières dont il s'agit. Etienne de Byzance » garde le
môme silence, ce qui, au reste ne prouve rien, puisqu'il né
mentionne pas non plus le torrent Cestrus, tandis qu'il
nomme l'Eurymédon; dans tous les cas, l'autorité de Strabon
est d'une très-grande valeur, d'autant plus que la nature
des localités où il placé ée lac, semble en èffet constater
l'existence dé ce dernier à une époque pas plus reculée que
celle de ce géographe. En effet, on voit aujourd'hui un vaste
marais s'étendre non-seulement entre les deux torrents susmentionnés,
mais encore plus à l'ouest, et cOnséquemmertt
plus près de la ville d'Adalia. Cette étendue assez considérable
de terrain marécageux est recouverte de broussailles,
et sillonnée de petites lagunes d'eau Croupissante; du côté
de la mer, les marécages se terminent par un cordon littoral
de sable jaune hérissé de touffes de pinus maritima.
Il n'y a aucun doute que la végétation fructescente dont
ces marécages sont en partie chargés, ne contribue puissamment
à leur dessèchement ; aussi dans plusieurs endroits, les
couches successives de délritus végétal, consolidées par le
tissu compacte des racines, ontdéjà considérablement rétréci
les lagunes, que les dépôts de limon charriés par une foule
de petits ruisseaux comblent de plus en plus. Vu l'élévation
peu considérable de la plage, et sa constitution exclusivement
sablonneuse, il n'est pas improbable que l'ancien lac
1. L. JIT, S. — 2. l)e Urbiburet Populis.
CHAPITRE III. <07
était en communication avec la mer, et n'en formait même
peut-être qu'un golfe, dont l'entrée, d'ailleurs rétrécie, aura
été bouchée par dès alluvions qui auront servi de base aux
dunes. Si l'on admet, pour l'extension approximative de
l'ancien lac Capria, l'espace compris entre le Cestrus et l'Eurymédon,
en le bornant au nord et à l'èst par une ligne
tirée depuis les parages d'Istavros jusqu'à ceux de Zévé,
et depuis cê village jusqu'à la mer, nous aurons une surface
de plus de 25 lieues carrées, acquise au littoral méridional
de l'Asie Mineure, pendant l'époque historique, et nommément
depuis le temps de Strabon, ou environ depuis le
commencement de l'ère chrétienne. Cette surfaoe est plus
considérable; que celle de l'île de Wigbt, et si nous y joignons
l'étendue du terrain qui a été ajouté à la côte occidentale
de l'Asie Mineure par le dessèchement du golfe
Latmique, il en résulterait, que la péninsule aura gagné,
dans le cours de l'époque historique, et seulement sur deux
points, une surface de terrain supérieure à la province
anglaise d'Anglesea, et égale à la moitié de la région qui
s'étend depuis l'étang de Berre jusqu'à l'embouchure du
Rhône, au-dessous d'Aigues-Mortes.
Dans la partie géologique de cet ouvrage ftoûs démontrerons,
qu'aux époques antérieures à celles où remontent
les annales de l'histoire, la présence de bassins lacustres
infiniment plus étendus que celui de Capria, se trouve
constatée dans toute cette partie littorale de la Pamphylie.
En quittant cette dernière pour entrer dans la Pisidie,
nous n'y voyons que deux lacs peu importants , le Kestelgheul
et le Godé-gheul. t e dernier, qui n'a pas une lieue
carrée de superficie, se trouve à A lieues un tiers au sud du
grand lac d'Éguerdir, avec lequel il communique par le