GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
ports et baies de ce pays, et lit construire, à cet effet, des
embarcations légères. Or, ce -serait précisément des difficultés
de ce genre que nos vaisseaux de guerre auraient à
redouter dans ces parages, tandis qu'elles n'eussent pas dû
exister à l'égard des navires des anciens, si ces derniers
avaient été aussi peu considérables qu'on est habitué à
l'admettre1.
Les bâtiments dont on se servait au moyen âge paraissent
avoir eu souvent des proportions très-respectables. Ainsi
Joinville a nous apprend que celui qui portait le roi saint
Louis en venant d'Egypte, et qui manqua échouer' ¡sur la
côte de Chypre, avait à son bord plus de 800 hommes.
Le même auteur rapporte que lorsque ce prince s'embarqua
à Chypre, sa flotte comptait 1,800 navires. Selon Anne
Comnène3, lors de la première croisade, le comte de Provence
avait à bord de son trois-mâts 1,500 soldats, 200 ra-
1. Les forces navales des anciens comftenaient, comme aujourd'hui dcs-MH
ments .de dimensions très-diveises. AppienVeu parlant de la l o t t e™ l'amiral
romain conduisit contre celle du roi Anttochus, distingue les bâtiments pontés et
pesants des bâtiments nonponUs et légers IMt» la mfa^distinction àpronos
de 1 escadre de Pompée et de César, m observant que les gros navires de Ce deriSer
étaient munis de tours •«. Il qnaliîe de Mtimcnts légers ceux qui n'avaient que
deux ou trois rangées ( dans le sens vertical) de rameurs — , et fait une « i n c l n
entre les navires de guerre à proue ef/Uée et les navires marchands, qu'il appelle
bâtiments arrondis?****., .
- 'Le cbi»é de navires que -nous donne Âppien, en parlant tant des ¿xpfflitiois
maritales que de l'état des forces n ava t e c à e, plusieurs peuples dél'autiquité, est
quelquefois tout a feit remarquable. Ainsi,- il nous apprend, dans sa préface de VHistoire
romaine, que de son temps la flotte des rois d'Egypte consistait en 4 300 navires,
sans parler des bâtiments plus petits.
Les auteurs du- moyen dge nous fournissent également des exemples de flottes
exMmemeM nombreuses ? nous nous contenterons de renvoyer à un passage curieux
de Pbrantza * relativement à la flotte de la république de Venise.
2. Histoire de Saint-Louis, par Jean, sire de Joinville
3. Alex.,\.I.
• B, B,11. Syr., 1. x, 23. -i%Bc BM. Civil-, 1. w,.83. _ ••• Ml ] T iM
Be Bdl. mthr., ¡.m, SI. —.!••*" »« «»II. Cawltaj., 1. ym, 75. •'
CHAPITRE M | 38 5
meurs, et 80 chevaux; et Robert de Normandie embarqua
à Brindisi une armée de 30,000 hommes à bord de 150 vaisseaux,
dont chacun prit .200 hommes avec leurs chevauca,
armes et bagagès''.
D'après Guillaume deTyr 2 plusieurs bâtiments, dont les
croisés firent usage au siège de Nicée en 1097, portaient
jusqu'à 100 combattants , sans compter les rameurs3 . Or,
ces bâtiments n'avaient pu être choisis que parmi les moins
considérables de l'époque, car ils devaient franchir par
terre l'espace qui sépare Kios (Guemiik) du lac de Nicée.
Il est vrai qu'Anne Comnèue, en racontant le fait4 , observe
que l'empereur Alexis,,son père,fit transporter sur des
voitures, des bâtiments aussi grands que le lac pouvait les
comporter, ce qui prouve qu'il ne s'agissait point de navires
destinés à la mer et qui naturellemeut devaient être beaucoup
plus considérables que ces légers esquifs construits à
la hâte.
L'escadre que l'empereur Andronicus dirigea en 1329
^contre les Génois qui s'étaient emparés de l'île de Chios,
comptait, selon Cantaeuzène 5, huit bâtiments, portant
300 chevaux.
Chalcacondylas6 nous apprend que le roi Alphonse avait
construit un navire pouvant prendre à bord 4000 tonneaux,
et que les Vénitiens, voulant l'emporter sur ce
prince, fabriquèrent des vaisseaux encore plus gigantes-
1. Alex., 118,'
2. Willer. Tyren., areh. Bist., 1. ni, 7,
3. L'archevêque de Ty'r dit expressément « cenlum pugnatorum numerum. »
4. ¿Èaj.,1.». — 5. iîïst.. T.'ii, 11. .. .
6. Laonici Cbalcacondyto Hist. de orig. ao reb. gest. Turc. ,1. ix, p. 489, éd.
de Bonn.
• AnnaleiGeorg. Pkrmlzoe, 1, n, 14.