G É O G R A P H I E PHYSIQUE,
certaines sources minérales de l'Allemagne, comme celles
de Laidschitz, Seidlitz et Pallna, dans lesquelles ces trois
sels constituent les. cinq sixièmes de toutes les substances
fixes contenues, dans ces sources Dans tous les cas, les sels
que contient l'eau du lac. s'y trouvent dans un état assez
concentré, car on les voit pendant l'été former des croûtes
solides le long de ses rives ainsi que sur la surface des marais
limitrophes.
Arrien, dans son histoire des campagnes d'Alexandre le
Grand, mentionne le lac Ascaniaa, en observant que « ce lac
dépose du sel dont les habitants se servent pour leur nourriture,
en sorte q u'il leur remplace parfaitement Je sel extrait
de la mer par l'évaporation. » Ce passage d'Arrien semblerait
prouver qu'à cette époque le chlorure de sodium dominait
dans le dépôt du lac, car dans son état actuel il ne
pourrait que difficilement remplacer le sel gemme.
A 15 lieues environ au nord-ouest des deux lacs, de
Bouldour-gheul et Adschi-touz-gheul se trouve le magnifique
lac d'Éguérdir. Il a la forme générale d'un ovale rétréci
à son extrémité septentrionale et élargi à l'extrémité opposée.
La première se recourbe au nord-est en un crochet
allongé, ce qui divise le lac en deux portions, l'une étroite
et dirigée au nord-est : elle est désignée sous le nom local
de Hoïran-gheul; et l'autre, la portion élargie, dirigée du
nord au sud, porte le nom de lac d'Éguérdir proprement
dit. L'altitude de ce vaste bassin lacustre est de 868 mètres,
et il a une superficie d'environ 18 lieues carrées. Sa plus
grande longueur du nord au sud est de 10 lieues; sa largeur
moyenne dans le Hoïran-gheul, d'une demi-lieue, et dans la
1. Bichof, Lehrbuch der ChenùsGhtm vmd Physikalischen Géologie B i p 629
î . L. i, 29.
C.HAP1ÏHK 111. #
portion méridionale de 2 lieues; enfin sa circonférence est
de plus de 26 lieues. La différence que présentent les deux
portions, du lac sous le rapport de leurs formes et de leurs
dimensions, est' également accompagnée d'une différence
notable dans leur physionomie respective- La portion méridionale,
ou le lac d'Éguérdir proprement dit, a un caracractère
alpestre à cause des pittoresques rochers qui l'encadrent
de tousxÀtés ; leiac Hoïran, au contraire, est bordé
presque: partout par une plage basse qui le sépare des
montagnes voisines. Ce n'est que localement que quelques
falaises ¡se rapprochent considérablement, du lac, comme,
par exemple, entre Gondoni et Yénidjéli, où la plag« ne
forme qu'un cordon très-étroit, hérissé de cailloux arrondis
entre lesquels, et tout à côté du lac, on voit par-çi par-là
jaillir des.sources d'une eau fraîche beaucoup plus limpide et
meilleure que celle du lac mêrçe. La rive orientale du lac
d'Éguérdir offre quelques surfaces planes, mais elles se
bornent aux parages d'Avçhar ; en revanche, sa rive occidentale
est hérissée de rochers élevés dont les contours
variésrevêtus d'une magnifique végétation, se reflètent
dans ses ondes qui ont généralement une teinte verte assez
prononcée. Rien ne surpassé le Coup d'oeil pittoresque que
présente la ville d'Éguérdir, située presque à l'extrémité
méridionale du lac. Quand du haut du rivage avancé, sur
lequel les maisons de la ville s'échelonnent gracieusement,
on voit se déployer la magnifique nappe d'eau, animée palles
petites îles verdoyantes de Djennada et de Nyss, ce tableau
rappelle involontairement celui que, dans des proportions
plus vastes, présente Constantinople, vue du côté de la
pointe du sérail avec les îles des Princes, brillant dans le
lointain. Ce sont les îlots gracieux du lac d'Éguérdir, place,