5 6 * GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.
ouest sous le nom de Guerenis-tcbaï; puis t o a r n a n t brus_
quement au sud-ouest elle se dirige presque parallèlement
a son cours supérieur du nord-nord-est au sud-sud-ouest
et prend au-dessus de son embouchure le nom de Doloman-
'a courbe remarquable que .décrit celle rivière eh
revenant littéralement sur ses pas, fait que son embouchure
ne se trouve en ligne droite qu'à douze lieues de ses
sources, tandis que.le développement total de la rivière
n'a pas moins de quarante Jieues; elle fait donc presque
quatre fois le chemin qu'elle eût fourni en suivant en ligne
droite I espace qui sépare ses sources de son embouchure
A1 endroit où après être entrée dans la plaine de Karayoukbazar,
la rivière tourne brusquement à l'ouest, ce qu'elle
fait à peu près à quinze lieues de son origine, elle a encore la
hauteur considérable de 870 mètres. Cette altitude annonce
que celle de ses sources doit être très-considérable. D'ailleurs
èlleestpresque partout fort rapide, et ne prenant pour
"évaluation moyenne de sa pente que la partie de la rivière
comprise entre la plaine de Karayoukbazar(870 mètres) et
son embouchure, ce qui donnerait une ligne de vingt-cinq
lienes, nous aurons une pente, de 8 millimètres par mètre
ou 32 mètres par lieue. Près de son embouchure, le Doloman
tchaï a un lit très-large et complètement hérissé de
galets, ce qui atteste un grand volume d'eau dans la saison
pluvieuse; cependant lorsqu'au mois de novembre j eu à
le franchir, à trois UeUes environ au-dessus de son embouchure,
je J'ai traversé à gué sans que l'eau atteignît les
genoux des chevaux. La hauteur de la rivière dans ces
parages est de 80 mètres.
Les.anciens ne paraissent pas avoir connu le Dolomantchaï
dans son développement véritable, car, pour eux, le
CHAPITRE VI* 268
Kalbis, nom par lequel ils désignaient le Doloman-tchaï proprement
dit, était une rivière différente de l'Indus, dénomination
qu'ils appliquaient aux parties de la rivière appelée
aujourd'hui Pirnas et Guerenis qu'ils considéraient comme
des affluents du Kalbis. Ce qui prouve que le Kalbis des
anciens était réellement le Doloman-tchaï proprement dit,
c'est que Strabon et Ptolémée disent positivement qu'il est
près de la ville de Caunus, qui se trouvait à peu de distance
au snd du lac de Keudjèz, ainsi que l'attestent les ruines,
bien que mal conservées-, de cette ville. De plus, l'un et
l'autre de ces deux géographes affirment que le Kalbis est
navigable. Selon Tite-Live', l'Indus a ses sources dans les
environs de la ville de Cybira,ce qui ne donnerait au Guerenis
tchaï (qui, comme nous l'avons dit, dans sa partie supérieure,
s'appelle Pirnas-sou) que la moitié de la longueur
qu'il a-en réalité. Pline1 fait venir l'Indus également dé
Cybira; il ajoute que ce fleuve, dont les sources se trouvent
sur le massif montagneux des Cybirates, reçoit soixante rivières
intarissables el au delà de cent torrents. « Arnnis Indus.
. . . . . recepil LX perennes fhvios, torrentes vero amplius
centum. » En lisant ce passage, ne croirait-on pas que Pline
parle de l'Indus de YHirnalaya? Mais la surprise devient
bien autrement grande encore, lorsqu'en se rendant sur les
lieux à la recherche de ce fleuve nourri par soixante rivières
qui ne tarissent jamais, on ne trouve qu'unedouzaine de petits
ruisseaux le plus souvent parfaitement à sec. L'incroyable
hyperbole du naturaliste romain ne perd rien de sa ridicule
absurdité, quand on admettrait même que, par l'Indus, il
entendait la totalité du Doloman-tchaï dans son développe-
1. L. m v i u . M . — 3. L. v, 29.