8 , 5 GÉOGHAPHTE PHYSIQUE.
Le Bos-dagh se dresse non loin du bord occidental du
lac amer nommé Boulouk-gbeul. C'est une masse conique
qui sert de pendant à une masse semblable qui s'élève sur
le bord opposé du lac et qui s'appelle Karatépessi-dagh ; ce
dernier est suivi, à de pareils intervalles, par deux autres
montagnes plus ou moins coniques, toutes groupées sur
l'espace qui sépare les deux lacs, savoir : Te Tchéflïksevrissi
et le Tchatyl-dagh. Du haut du renflement qui
constitue le Bos-dagh, on aperçoit au sud-est le Hassandagh
qui, à l'époque où je me trouvais dans ces parages,
c'esl-à-dice le 3 juin 1848, était sillonné par de'longs lambeaux
de neige ; de mont Argée, dont l'éloignement du
Bos-dagh en ligne droite est de près de cinquante lieues,
se dessinait également à l'horizon, bien qu'en traits beaucoup
plus vaporeux.
Au nord-ouest du Bos-dagh se trouve le Karanin-dagh,
qui forme une masse allongée du sûd-sud-ouest au nordnord
est; il n'a que peu d'élévation au-dessus du niveau
de la grande plaine du lac Salé.
A quatre lieues au nord de l'extrémité septentrionale de
ce grand bassin, s'élève le groupe gracieux du Pachadagh.
Il est séparé du lac par une vaste plaine, envahie
en partie par les contre-forts nombreux qui forment une
large ceinture autour du revers méridional de la montagne.
I.es collines et hauteurs arrondies qui constituent cette
ceinture, occupent une étendue qui n'a pas moins de quatre
lieues du nord au sud, en sorte qu'en voyant cette agglomération
de collines qui se dressent à mesure que l'on s'éloigne
de l'extrémité du lac, on est tenté dé'les prendre pour le
Pacha-dagh lui-même, et il faut avoir la patience de franchir
toutes ces hauteurs sillonnées du nord-nord-est au
CHAPITRE X. 8)3
sud-sud-est par des gorges profondes, pour atteindre le
noyau même de la montagne, caché au milieu de cette
masse énorme de collines arrondies qui l'entourent de tous
côtés. Si l'on planait au-dessus du Pacha-dagh, celui-ci
présenterait en quelque sorte la figure d'un gland du
quercus oegilops, renfoncé au milieu des franges; touffues
de sa cupule ; le noyau solide de la montagne représenterait
le gland, et les lanières appendiculaires de sa eupule
seraient simulées par la ceinture ramifiée des collinës.
La masse centrale du Pacha-dàgh, consiste en hauteurs
mamelonnées, hérissées de rochers assez pittoresques et
sillonnées par des valléés étroites ou des plateaux à contours
plus ou moins doux. Un grand nombre de sources
fraîches et limpides jaillissent de dessous les rochers; elles
sont un véritable objet de bénédiction pour le pèlerin qui
est parvenu à les atteindre après avoir été exposé pendant
plus de cinq heures à un soleil dont les rayons embrasent,
comme l'haleine brûlante d'une fournaise, les surfaces arides
qui séparent le grand lac Salé du noyau central du
Pacha-dagh. La hauteur de ce dernier ne paraît pas dépasser
1500 mètres, car j'ai déterminé à 1280 mètres celle d'une
masse mamelonnée dominée par le point culminant de la
montagne; or, ce point ne s'élève guère à plus de trois où
quatre cents mètres au-dessus de l'endroit mesuré.
On aperçoit tres-distinctement dé cet endroit, une chaîne
qui, à peu de distance au sud-oueBt du Pacha-dagh, se
dirige presque parallèlement à ee dernier, c'est le Karadjadagh.
Cette chaîne s'élève à quatre lieues au nord-nordouest
du village Kulukoï, et est composée d'un groupe de
cônes ou de masses à revers aplatis ; la chaîne a environ
une lieue et demie de largeur du nord au sud. Les hauteurs
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