f s s GÉOGRAPHI E PHYSIQUE.
Bien qu'il soit difficile d'admettre que les contemporains
d'Aboulfeda eussent tous partagéune si grossière bévue,
néanmoins nons la voyons se reproduire au xvu« siècle, et
cela, dans les écrite du plus célèbi^ des voyageurs ottomans,
qui avait sillonné l'Asie Mineure dans toutes les directions;
or, Evliya Effendi ', après avoir observé fort justement que
le nom de Kizil-irmak {Kizil, rouge et Irmak; fleuve)'tire
son origine de la teinte rouge dont ses rives sont colorées,
ajoute avec un inconcevable ignorance, que cette rivière a
ses sources dans une montagne du Sandjak d'Angora!
Ce n'est que de nos jours que l'on a commencé à se former
une idée tant soit peu juste des véritables sources et
du vrai cours du Kizil -irmak. Depuis l'embouchure du
Kizil-irmak jusqu'à la ville de Samsoun, la côte n'offre que
quelques ruisseaux parfaitement insignifiants. Tout à côté
de la ville de Samsoun débouche le Merd-irmak (autrement
appelé Sakaly-sou), qui a sa source à douze lieues environ
à ,l'est de Wezir-Keupru ; il coule d'abord dè l'ouest à
l'est, et puis se dirige au nord-est. 11 ne renferme que peu
d'eau dans son cours supérieur, bien qu'il reçoive beaucoup
de ruisseaux; mais ceux-ci sont presque tous à sec
pendant l'été. A trois-lieues au sud de Samsoun, la hauteur
du Merd-irmak est de 353 mètres, et il commence à
entrer dans une belle plaine en partie marécageuse. Ses
rives y sont d'abord sablonneuses, mais plus près de la
ville elles se couvrent de joncs et s'abaissent au point de
laisser, pendant l'hiver, déborder l'eau, dont les flaques
croupissantes contribuent à rendre le climat de Samsoun
si malsain pendant l'été; car depuis la fin de mai jus-
1 Travels of Evliya Effendi translated by Hammer, vol. II, p. 37.
CHAPITRE IV.
qu'au commencement d'octobre les fièvres y-font les. plus
grands ravagés..
v.:Entre Samsoun et l'embouchure du Yéchil-irmak, c està
dire sur une ligne de six lieues environ, la côte n'offre
que quelques ruisseaux, parmi lesquels on peut citer le
Karabogaz-sou et le Karabogtché-'sou.
Le Yéchil-irmak a ses sources à quatorze lieues environ
au sud-est de la ville de Tokat, à peu de distance des sources
du Youldouz-tchaï. Il se dirige d'abord du sud-ouest
au nord-est, puis, en approchant dé Tokat, s'abaisse an
sud-ouest; se rejève à Tourbal au nord-est, puis tourne a
l'ouest pour se.relever de nouveau au nord en décrivant un
ovale dont la concavitéest tournéeàl'est. AAmasia,la rivière
se jette brusquement au nord-est, et puis revient graduellement
au nord-nord-ouest jusqu'à Tcheharchambé, où elle
fait une forte courbe au nord-ouest, et conserve cette direction
jusqu'àson embouchure La longueur totale de Yéchilirmak
peut êtr.e évaluée à cinquante-huit lieues environ,
tandis que la distance entre sa source et son embouchure
n'est que de trente-deux lieues; la rivière fait donc presque
le double du chemin qu'elle aurait à parcourir en suivant
la ligne droite. Depuis sa source jusqu'au village
Gumenek (la célèbre Comana pontica des anciens), la rivière
est très-considérable et coule le long d'un plateau élevé.-
Dans les parages de Gumenek, elle entre dans la belle
vallée de Kazova, où ses rives sont basses et le volume
d'eau peu considérable; sa hauteur à Tokat est de 520 mètres.
A Tourhal, elle est bordée de rochers escarpés, parmi
lesquels la masse pointue qui se dresse majestueusement
sur sa rive gauche et que couronne le château de Tourhal,
produit un effet très-pittoresque; Dans ces parages, la hau